21//09/2016 – 07H45 Paris (Breizh-info.com) – Le film « la chute des hommes » de Cheyenne Carron, n’est pas encore sorti mais fait déjà beaucoup parler de lui, quelques temps après L’Apôtre ou Patries. Nous avons rencontré Cheyenne-Marie Carron , la réalisatrice de ce film que Breizh-info a chroniqué récemment.
Rencontre avec une cinéaste engagée, indépendante, au coeur rebelle !
Breizh-info.com : La Chute des hommes traite essentiellement d’une plongée en enfer dans le monde de l’islamisme . Pourtant, il s’agit d’un film profondément catholique. Expliquez-nous.
Cheyenne Carron : L’auteure que je suis est catholique, alors quel que soit le sujet dont je m’empare, il sera vu au travers d’un regard chrétien…
Breizh-info.com : Vous dédiez ce film aux victimes du terrorisme, et notamment au prêtre qui vous a baptisé et qui a manqué d’être égorgé. C’est un événement qui vous a marqué ?
Cheyenne Carron : Le prêtre de mon enfance a vu sa sœur tuée par un Marocain. Je lui avais dédié le film L’Apôtre. Puis, une fois adulte, j’ai choisi le baptême, et mon prêtre (il s’agit d’un autre prêtre) m’a confié un drame qui lui est arrivé en 2012. Un jeune Algérien, je crois, s’est introduit dans son église à Bourg les Valence, et a tenté de l’égorger.
Mon prêtre était assez fort pour se défendre, et bien qu’il pissait le sang, il s’en est sorti. J’ai eu envie de lui dédier La Chute des Hommes. J’ai dédié aussi ce film aux victimes du terrorisme dans le monde, qui d’ailleurs sont souvent des musulmans.
Breizh-info.com : Les trois personnages principaux que vous mettez en scène sont à la fois si proches, et très différents. On sent une forme de « bonté » dans chacun d’eux, qui les amène toutefois à faire des choix bien différents. Le monde ne serait-il donc pas partagé entre le bien et le mal ?
Cheyenne Carron : Il y a le bien et le mal, mais aussi des êtres de bien qui font le mal un peu malgré eux et s’en repentent.. J’ai eu envie de raconter l’histoire d’un enlèvement par le prisme de trois personnages; la victime, le complice, et le bourreau.
Puis en creusant l’histoire, il me semblait juste de montrer « le beau » en chacun d’eux.
Alors bien sûr je montre aussi la réalité barbare des djihadistes, et toute la violence dont ils sont capables, mais le film raconte aussi d’une histoire de rédemption.
Breizh-info.com : Les acteurs que vous avez choisi, notamment pour incarner les islamistes, ont pleinement intégré leurs rôles. Comment avez vous travaillé pour retranscrire au plus prêt cette réalité de jeunes paumés, embrigadés, dont la logique du « no futur » les conduit à épouser celle du « tout pour le paradis d’Allah » ?
Cheyenne Carron : Les acteurs ont été incroyablement généreux, et m’ont fait confiance !
Ils ont accepté d’incarner ces rôles, qui ne sont pas simples à aborder, plus encore lorsqu’un comédien est musulman, car pour beaucoup d’entre eux, les djihadistes font offense à leur religion.
En préparation du film, j’ai regardé beaucoup de vidéos, des reportages sur ce sujet. J’ai même rencontré des comédiens dans des castings qui connaissaient dans les banlieues où ils vivaient, des jeunes revenus de Syrie, ils m’ont parfois proposé d’en rencontrer, mais je n’ai pas donné suite.
Breizh-info.com : On sent dans votre film également l’envie de «réconcilier» les chrétiens avec les païens, à travers notamment les parents de Lucie. Quel message souhaitiez vous faire passer ?
Cheyenne Carron : Ça je crois que ce sera mon combat pour les 20 ans à venir ! J’ai découvert le paganisme il y a peu de temps. Un monde s’est ouvert à moi. Un monde merveilleux, d’enchantement, de beauté. Cette amitié pagano-chrétienne est je crois l’avenir des peuples européens.
Le paganisme c’est la mémoire « sacrée » des Européens, une sorte d’héritage légué aux chrétiens. Un héritage ont doit en prendre soin, c’est une obligation morale à mes yeux. C’est un trésor qui doit être transmis intact de génération en génération. C’est une question de survie identitaire.
L’amitié de ces deux forces, païenne et chrétienne, sera le plus beau des hommages rendu aux peuples qui durant des millénaire ont bâti les nations d’Europe.
Dans le film, Lucie fait preuve d’un grand courage face à son bourreau. Elle refuse d’abjurer sa foi, et face à cet homme qui s’apprête à la tuer, elle affirme qu’elle est chrétienne par sa mère et païenne par son père, et que jamais elle ne renoncera à son identité. Elle préfère mourir que de renier ce qu’elle est.
Breizh-info.com : Vous avez réalisé ce film de manière totalement indépendante. Combien cela coûte-t-il ? Comment allez vous faire pour le diffuser ?
Cheyenne Carron : En France, un film coûte en moyenne 4 700 000 euros, moi j’ai fait mon film avec moins de 100 000 euros. Ca a été une rude épreuve, mais finalement lorsqu’un sujet nous tient très à cœur, on peut déplacer des montages..
La diffusion se fera principalement par DVD, car je ne pense pas obtenir beaucoup de salles. J’espère aussi qu’il ne sera pas interdit comme l’ont été d’autres films sur ce sujet.
Breizh-info.com : Quelles sont les premières retombées que vous avez dessus ?
Cheyenne Carron : Elles sont plutôt très bonnes, mais c’est un peu prétentieux de dire cela, alors il vaut mieux que les spectateurs se fassent leur propre avis en jugeant par eux -mêmes le film.
Breizh-info.com : Parlez nous de votre prochain film à sortir, de vos envies pour le futur ?
Cheyenne Carron : Je monte en ce moment La Morsure des Dieux, un film qui justement traitera du rapprochement entre païens et chrétiens. C’est l’histoire d’un homme qui se bat pour sauver son exploitation agricole, sauver sa terre, sauver ses racines, sauver sa communauté, il rencontre sur sa route Juliette, une jeune catholique.
Mes envies pour le futur, ce serait de faire un film de « guerre ». J’ai écrit un scénario qui s’intitule « Hanté par la beauté du monde« , les héros seront un Padre et un adjudant de l’armée française. J’y parle d’honneur, de sacrifice, de beauté et de larmes… mais ce film n’est pas pour tout de suite. C’est une autre histoire.
Pour commander le DVD de la Chute des Hommes, adresser un e-mail à : [email protected]
Propos recueillis par Yann Vallerie
Photos : DR
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