11/09/2016 – 06H15 Washington, USA (Breizh-info.com) – Tout au long des élections américaines de 2016, retrouvez chaque semaine l’analyse de Pierre Toullec, spécialiste de la politique américaine, en exclusivité pour Breizh Info. L’occasion de mieux comprendre les enjeux et les contours d’élections américaines finalement assez mal expliquées par la majorité de la presse subventionnée – sponsor démocrate de longue date. L’occasion également d’apprendre ce qui pourrait changer pour nous, Européens, suite à l’élection d’un nouveau président de l’autre côté de l’Atlantique.
La décision du FBI de décourager toute poursuite judiciaire à l’encontre de la candidate démocrate suite au scandale de l’attaque de l’ambassade de Benghazi le 11 septembre 2012 (http://www.contrepoints.org/2016/07/15/260320-hillary-clinton-gagner) et à l’utilisation et la suppression d’une messagerie personnelle ni sécurisée ni contrôlée par le gouvernement pendant l’exercice de ses fonction en tant que ministre des affaires étrangères enlise l’ex-première dame dans des débats et des questions judiciaires particulièrement dangereuses pour elle. Si Hillary Clinton et ses proches ont poussé un soupir de soulagement, cela a créé une crise qui n’a pas été étouffée par cette annonce. En effet, le FBI a créé une grave crise légale et constitutionnelle.
Rappelons tout d’abord que le FBI signifie Federal Bureau of Investigation – en français Bureau Fédéral d’Enquête. Le FBI fait donc partie de la branche exécutive du pouvoir, contrôlée par le président des Etats-Unis, Barack Obama, qui fait ouvertement campagne pour Clinton depuis des mois. Or, comme en France, la séparation des pouvoirs théorisée par Montesquieu est constitutionnelle : ce n’est pas au pouvoir exécutif de juger de la culpabilité ou de l’innocence d’une personne physique ou morale. Le directeur du FBI, James Comey, a donc tenté de passer outre le pouvoir judiciaire en « jugeant » (par des « encouragement ») que Hillary Clinton n’était pas coupable de viol de la loi.
Ce qui a mis le feu aux poudres fut son argumentation : M. Comey a affirmé que Hillary Clinton a bel et bien fait preuve d’une « négligence extrême » dans l’utilisation d’une messagerie personnelle ni sécurisée par le gouvernement fédéral ni contrôlée par un parti tiers dans l’exercice de ses fonctions. Or, il s’agit de la loi pour tous les ministres d’avoir une messagerie contrôlée par l’Etat. Que se passe-t-il lorsque vous faites preuve de « négligence » dans l’application de la loi même si vous n’avez pas l’intention de violer la loi ? Vous êtes sanctionné. Il semble que la loi s’applique différemment pour Hillary Clinton. Mais les républicains ne comptent pas la laisser s’en tirer ainsi.
(C) comme « Confidentiel »
L’affaire des e-mails, du serveur privé et de Benghazi ne sont pas passés à la trappe. Fort heureusement, les sénateurs républicains continuent à tout faire pour qu’une véritable enquête non-liée au pouvoir exécutif soit mise en place. Les résultats paient.
En parvenant à entrer dans les détails de l’enquête et grâce à l’aide de WikiLeaks, il a été démontré que Hillary Clinton a utilisé et partagé des documents marqués (C) (à ne pas confondre avec le © signifiant « Copyright » et utilisé dans les pays de droit commun pour la protection de la propriété intellectuelle). Ce (C) signifie, au sein du gouvernement américain, « Confidentiel ». Le partage avec des personnes n’ayant pas la bonne autorisation constitue un crime et peut être considéré comme un acte de trahison (notamment, c’est la raison pour laquelle Edward Snowden a dû fuir les Etats-Unis).
Pour se défendre, Hillary Clinton a utilisé le même argument que précédemment : elle a répondu qu’elle ignorait qu’il s’agissait d’une classification de sécurité (il existe, au sein de l’administration américaine, trois niveaux de sécurité : Top Secret, Secret et Confidentiel). Sa défense fut de dire qu’elle pensait qu’il s’agissait d’une classification alphabétique !
Encore raté : non seulement l’ignorance de la loi n’est pas une défense valable sur le plan légal, mais en plus il s’agit d’un nouveau mensonge. Julian Assange, fondateur de WikiLeaks – que l’on peut certes critiquer sur sa propre moralité, a révélé par des documents issus directement du serveur « secret » de Clinton que selon les e-mails qu’elle a elle-même envoyé, elle était parfaitement au courant de la signification du (C).
Hillary Clinton cache-t-elle de graves problèmes de santé ?
Autre problème, de plus en plus d’observateurs, et bien entendu la campagne de Donald Trump, posent des questions sur la santé de la candidate de gauche. Nous ignorons pour le moment si elles sont fondées, mais les éléments qui le démontrent s’accumulent.
Les démocrates jugent cette ligne d’attaque contre la santé de Hillary Clinton comme scandaleuse. Ils affirment deux choses : non-seulement s’en prendre à la santé d’une personne n’est pas moral, mais de plus, ce genre d’arguments n’auraient pas été utilisés contre un homme. Il s’agit donc d’une question sexiste.
Bien entendu, cette ligne de défense est particulièrement malhonnête de la part de la gauche américaine. Ils ont eux-mêmes utilisé l’argument de l’âge et de la santé de plusieurs candidats républicains, notamment Ronald Reagan lors de l’élection de 1984 et John McCain en 2008. Les républicains eux-mêmes ont utilisé cet argument contre Ron Paul lors de la primaire de leur parti en 2012. Ce n’est donc ni immoral, ni une question de sexisme. Au contraire, lorsqu’il s’agit d’élire la personne ayant le plus de pouvoir sur la planète, c’est une question légitime !
Quel est le problème avec la santé de Hillary Clinton ? A vrai dire, le public l’ignore. En revanche, les signes sont très perturbants… Premièrement, certains pensent que sa volonté d’apparaître le moins possible dans les médias est davantage liée à des problèmes de santé qu’à une stratégie médiatique (https://www.breizh-info.com/2016/08/27/48505/trump-clinton-usa-elections-republicains-democrates). Ensuite, la longueur de ses meetings de campagne étonne. En général, un candidat à une élection présidentielle américaine reste au minimum 30 minutes pour faire un discours, mais plus généralement entre une heure et une heure et demie et ce plusieurs fois par jour. C’est très loin d’être le cas pour Hillary Clinton : en plus d’avoir un agenda relativement léger pour une candidate à l’élection présidentielle (du moins en public), son comportement et son habillement lors de ses prises de parole créent beaucoup de spéculations.
Même en pleine chaleur sous un soleil de plomb, Hillary Clinton est pratiquement tout le temps habillée avec des vêtements lourds et amples, couvrant l’immense majorité de son corps, des chevilles aux mains, avec d’importants cols montants, couvrant presque tout son cou. Ce n’est pas un signe de soumission à l’islam. C’est en revanche dangereux pour la santé, en particulier aux Etats-Unis où les températures montent très haut, souvent à des niveaux similaires à de nombreux pays d’Afrique. En conséquence, lors de ses discours, on peut la voir boire beaucoup d’eau. La question se pose donc : pourquoi prend-elle un tel risque pour sa santé et son confort si ce n’est pour cacher quelque chose ? De même, elle est fréquemment prise de fortes crises de toux rauques et de difficultés à parler. Au cours de plusieurs de ses meetings de campagne, en plein discours, il est régulier de voir des membres de sa campagne lui apporter ce qui semble être des médicaments qu’elle avale avec un verre d’eau.
Enfin, alors que ses proches nient vigoureusement tout problème de santé, Hillary Clinton ne semble pas être sa meilleure alliée sur cette question ! Elle a en effet affirmé qu’elle a mal utilisé et oublié certains des e-mails envoyés sur son serveur privé avec des éléments classés confidentiels suite à une légère commotion cérébrale suite à un choc.
Ces questions sur sa santé peuvent être complètement fausses, mais les poser au sein d’une campagne électorale est logique : sera-t-elle en mesure d’exercer ses fonctions à partir du 20 janvier 2017 ? Ou bien cette élection est-elle en réalité entre Tim Kaine, candidat démocrate à la vice-présidence, Donald Trump et Gary Johnson ?
Les proches de Donald Trump reprennent espoir
Le retour au premier plan de ces scandales est une solide occasion pour la campagne de Donald Trump. Après avoir eu plus de six points de retard dans les intentions de vote début août, le républicain voit la tendance s’inverser. Hillary Clinton possède toujours un léger avantage dans la moyenne des sondages de Real Clear Politics avec 41,2% d’intentions de vote mais Trump est revenu dans la marge d’erreur à 39,1%. Gary Johnson reste bloqué sous les 10% et semble ne pas parvenir à grimper au niveau national malgré des percées locales. Il est aujourd’hui à 9%.
La compétition n’est pas encore terminée mais dans certains Etats, les citoyens vont pouvoir commencer à voter en avance dès ce vendredi, une tradition de plus en plus populaire aux Etats-Unis. Il s’agit du pire moment pour qu’Hillary Clinton montre des signes de faiblesses. Si la tendance continue, Clinton devra tout miser sur les débats présidentiels ou sur une victoire similaire à celle de son mari et à George W Bush en 1992, 1996 et 2000 : remporter l’élection grâce aux grands électeurs sans parvenir à obtenir une majorité des voix. Son « avantage » ? Ce n’est pas Trump qui devient plus populaire, c’est elle-même qui perd de plus en plus la confiance (déjà faible) des électeurs.
Pierre Toullec
Photo PAN photo/Flickr (cc)
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