Saint-Malo. Insolite. Il a réalisé le tour de France en douze jours sans argent ni tente

10/09/2016 – 08H00 Saint-Malo (Breizh-info.com) – Brieuc Quil n’est pas un inconnu pour les lecteurs attentifs de Breizh-info.com. L’an passé, nous l’avions rencontré alors qu’il courrait le semi-marathon pour soutenir les chrétiens d’Orient. Nous avions également évoqué ses responsabilités au sein de l’UNI, la droite universitaire, à Rennes.

Cette fois-ci, c’est un nouveau défi qu’il a réalisé cet été, en se lançant dans un tour de France sans argent (enfin avec très peu), ni tente. Il nous raconte son aventure.

Breizh-info.com : Qu’est ce qui vous a ammené à vouloir partir à l’aventure sur les routes de France ?

Brieuc Quil : L’été dernier je suis parti du Mans en direction de la dune du Pilat et j’ai beaucoup apprécié. Je me suis alors dit que la prochaine étape serait un tour de France. Je n’y ai plus repensé jusqu’à la fin de cette année étudiante en juin. Cette année étudiante a été pour moi très riche et éprouvante : à côté de mes études de droit je suis investi entre autres dans plusieurs associations. J’avais donc vraiment besoin de prendre l’air.

J’ai choisi la France avant tout parce-que j’aime mon pays. Or quand on aime son pays on cherche à mieux le connaître. On peut se dépayser dans son propre pays !

Enfin, ce qui m’a amené à partir seul, en auto-stop, sans argent ni carte bancaire, sans tente, c’est mon goût pour le défi, pour l’inconfort, pour tout ce qui me permet de connaître et de repousser mes dons et mes limites.

Breizh-info.com : Comment s’est passé le séjour, quelles ont été les étapes ?

Je suis parti juste après un camp scout de 3 semaines : le dimanche 7 août au soir, je dressais une petite liste des lieux qu’il pouvait être intéressant de visiter. J’ai donc effectué un « tour » de France au sens propre : je suis parti de St Malo en direction de Brest et j’ai fait un tour de la Bretagne ; je suis ensuite descendu dans le sud-ouest jusqu’à Saint-Jean-de-Luz, puis Toulouse, Carcassonne, Nîmes, Marseille, Gap, dans les Alpes… En passant par Grenoble et Dijon j’ai ensuite atteint Strasbourg, puis Reims, Lille, Calais pour redescendre ensuite jusqu’à St-Malo. Cela fait environ 4100 km d’auto-stop en 12 jours.

J’ai également beaucoup marché, pendant les visites ou entre deux trajets ; je me suis permis une petite rando’ de 5h le premier samedi, dans les Alpes, au-dessus du lac de Serre-Ponçon.

N’ayant ni argent ni tente, j’ai dormi chez des amis et la plupart du temps dehors ou chez des personnes rencontrées. Certaines nuits ont été très courtes notamment celle que j’ai passée dans le centre-ville d’Arles : ce n’est pas une ville très rassurante et je me suis assis, la tête appuyée sur mon sac, au pied d’une petite église… Cette nuit de 3 heures n’a pas été très confortable.

Pour manger je comptais sur l’accueil des gens : la première semaine j’ai fait la manche. C’est très intéressant d’expérimenter l’anonymat et de s’en remettre entièrement au bon vouloir des passants. Certains ont été généreux, d’autres m’ont découragé par leur mépris : il m’est donc arrivé certains jours de ne rien manger. La deuxième semaine, 3 personnes, à elles-seules, m’ont permis d’assurer l’ensemble des repas de la semaine voire de m’offrir un petit café en plus.

Breizh-info.com : Quelles anecdotes souhaiteriez-vous confier à nos lecteurs ?

A Quimper, deux jeunes filles m’ont pris pour me déposer à Lorient. Elles se rendaient au festival interceltique et m’ont proposé de les accompagner. J’ai alors pu passer une excellente soirée improvisées avec ces jolies rencontres.

Je me souviendrai aussi de ce bel exemple de générosité. Je voulais quitter Toulouse pour Carcassonne. Un père et sa fille m’ont pris. Après un quart d’heure de voiture ils m’ont proposé de passer la soirée chez eux et de me conduire le lendemain matin à la cité médiévale. Je me suis retrouvé en pleine montagne, perdu dans un petit village de 14 habitants (ils avaient un maire…) ; mes hôtes m’ont offert un bon dîner, une chambre et m’ont conduit en ville après le petit-déjeuner.

A Châlon-sur-Saône ce sont deux Marocaines très enjouées qui m’ont pris pour me déposer à Dijon. Elles venaient d’acheter des œufs de caille et du lait cru dans une ferme. Tenant à me faire goûter leurs trouvailles dont elles semblaient très fières, elles se sont arrêtées dans une station service. Et c’est dans une station service que j’ai bu du lait cru et gobé des œufs de caille !

Je me suis également rendu à Verdun pour visiter nos morts de 1916. Après deux minutes d’attente en direction de l’ossuaire de Douaumont la police nationale s’est arrêtée devant moi. Je m’attendais à une protocolaire leçon de sécurité mais contre tout attente ils m’ont invité à monter et ce sont eux qui m’ont conduit à l’ossuaire. Le plus drôle était le regard étonné des touristes lorsque je suis descendu et le « It’s a good taxi ! » d’un anglais !

Autrement à Grenoble j’ai été hébergé par un Roumain. Il accueillait également cette nuit là un Américain. Lorsque je suis entré, mon hôte m’a dit que le jeune Américain devait se lever à 4h du matin pour repartir dans son pays ; il a donc proposé que nous nous levions tous les deux pour lui souhaiter un bon départ. A 4h du matin, nous avons donc pris un petit-déjeuner tous ensemble avant d’aller, mon hôte et moi, nous recoucher dans l’attente du « vrai » petit-déjeuner.

Breizh-info.com : Quel bilan dressez-vous de ce parcours à travers la France ?

Les objectifs ont été remplis : j’ai réussi à boucler le tour en peu de temps, j’ai vu du paysage, rencontré de bonnes personnes et eu parfois le moral à l’épreuve ! J’ai profité des temps où j’étais seul pour méditer un peu, prier pour ma famille et mes amis, pour faire un bilan de vie et poser mes objectifs personnels de cette année.

Par ailleurs, être soi-même dans la difficulté permet d’être plus sensible à la misère des autres que nous croisons quotidiennement ; lorsqu’on a bénéficié de la générosité des gens on refuse plus difficilement de donner à son tour. Dépouillé, on se penche plus volontiers sur des gens plus simples : je m’asseyais avec les SDF, je discutais avec eux, j’aime beaucoup faire ça. A Arles par exemple je parlais avec un ancien toxicomane sur les marches d’une église ; des tziganes nous ont rejoints et juste devant nous ils se sont mis à jouer de la musique traditionnelle. Mais nous n’étions pas spectateurs comme l’étaient les passants, nous étions avec ces musiciens, plongés dans la simplicité de leur vie. C’est une expérience unique !

Enfin, j’encourage les jeunes à tenter ce genre d’aventure. On y apprend à se débrouiller avec peu, on apprend beaucoup sur soi-même, on connaît sa vulnérabilité tout en se renforçant, on sort de la mollesse à la mode. J’étais sidéré de voir partout, au pied de l’arène de Nîmes, de la cathédrale de Strasbourg, à Verdun, dans les lieux les plus sacrés, des dizaines de jeunes groupés, jouant à Pokemon Go quand je passais mes journées à voyager, marcher, visiter, à m’émerveiller… Face aux nouvelles épreuves qui attendent notre société, je suis convaincu que ce n’est pas la génération Pokemon Go qui tiendra mais ceux qui auront appris à supporter et à s’abstenir.

Breizh-info.com : combien d’argent avez vous dépensé ? La multiplication des trajets n’empêche-t-elle pas de réellement visiter les lieux ?

J’ai dépensé environ 60€ pour les 12 jours et il me restait un peu de nourriture lorsque je suis arrivé à St-Malo.

J’ai eu le temps de visiter une trentaine de villes, je parcourais généralement les centres historiques. J’y faisais 2 à 4 heures de marches, suffisamment pour avoir un aperçu du cœur des villes et des lieux importants (monuments historiques, cathédrales…), pour y sentir leur atmosphère. D’ailleurs quelques villes m’ont beaucoup marqué comme Bordeaux, Bayonne avec sa couleur locale, la rumeur d’un vieux centre apaisé après les ferias : la cité médiévale de Carcassonne, Dijon ou Nancy…

L’année prochaine je pense que je me concentrerai sur une région : pourquoi pas mon pays breton à vélo ?

Photos : DR
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Une réponse à “Saint-Malo. Insolite. Il a réalisé le tour de France en douze jours sans argent ni tente”

  1. Gus dit :

    « Et, pour fêter la triomphale arrivée du tour de Gaule, tous nos amis font un magnifique festin… Le premier festin à plusieurs étoiles. Les Gaulois mangent les délicieuses victuailles de leur beau pays… Et le Romain compte les étoiles… »

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