Sarkozy et Louvrier dans le même bateau

04/09/2016 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – L’annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite, lundi 22 août, n’était pas une surprise ; on l’attendait. Dès le lendemain, démarrage en fanfare avec le respect d’une règle fondamentale mais efficace pour les professionnels de la com’ : chaque jour un événement.

Principe que connait par cœur Frank Louvrier (photo), ancien patron de la communication à l’Élysée lors du quinquennat de Sarkozy, aujourd’hui grand manitou chez Publicis et accessoirement conseiller régional des Pays de la Loire et conseiller municipal de La Baule. On le retrouve évidemment dans la petite équipe qui a piloté le lancement de l’opération. Des proches de l’ancien président peuvent se flatter d’avoir réussi à conserver le secret jusqu’au lundi après-midi quant à la sortie du livre Tout pour la France (Plon).

Pour autant Frank Louvrier aura beaucoup de travail pour remettre en selle son champion. Avant le lancement de la fusée, les sondages n’étaient pas bons pour Nicolas Sarkozy. « Quel jugement portez-vous sur l’action des personnalités politiques suivantes ? », demande l’institut IPSOS les 18,19 et 20 août 2016 par téléphone à un échantillon  représentatif de la population française de 958 personnes âgées de 18 ans et plus. En seizième position, on trouve Sarkozy avec un « total favorable » de 28% et un « total défavorable » de 66% ; l’ancien président de la République perd donc 3 points par rapport au baromètre de juin. Alors que Alain Juppé totalise 48% de « total favorable ». Selon ce sondage, les sympathisants de l’UMP-LR « continuent de préférer Juppé à 73% (+ 3 points) et sanctionnent terriblement Sarkozy, qui perd 13 points, à 55% de bonnes opinions. Avant même de se déclarer candidat et de publier son livre, l’ancien chef de l’État rétrograde ainsi de la 2ème à la 6ème place des personnalités dans le cœur des sympathisants » (Le Point, 25 août 2016).

Le magicien (?!) Louvrier a-t-il réussi son coup ? Est-il parvenu à relancer Sarkozy et à le placer en pole position pour la primaire ? Ce n’est pas certain si on considère un sondage Odoxa réalisé par Internet les 25 et 26 août, après l’officialisation de la candidature de Nicolas Sarkozy auprès d’un échantillon de 5053 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1472 personnes comptant aller voter. Question posée : « Si vous aviez le choix entre les candidats suivants, pour lequel y aurait-il le plus de chances que vous votiez au premier tour de cette primaire ? (auprès de ceux qui comptent aller voter) ». Réponse : 38% pour Alain Juppé (aucune évolution sur deux mois) et 24% pour Nicolas Sarkozy (- 2 points). « Le blast (effet de souffle) médiatique a fait pschitt », constate un brin cruel le sondeur Gaël Sliman (Aujourd’hui en France, 27 août 2016).

« La campagne de 2007, ça reste un modèle du genre pour nous. Il y avait une magie. On avait le sentiment que rien ne pouvait lui résister. Il voulait gagner, il avait la flamme, et ça se voyait, décryptent Louvrier et ses copains. Alors qu’en 2012, il était président sortant, fatigué par cinq ans de pouvoir où rien ne lui avait été épargné. La moitié de ses ministres ne croyaient plus en lui. Il était seul. » (Aujourd’hui en France, 27 août 2016). Mais les temps ont changé. En 2007, Nicolas Sarkozy faisait figure de produit neuf. Certes, il avait été à plusieurs reprises ministre avec Balladur et Chirac, mais les gens ne le connaissaient pas vraiment car il n’occupait pas le devant de la scène. En 2012 les mêmes ont fait le tour du personnage : ses échecs, ses promesses non tenues, ses cadeaux aux riches ne plaident pas en sa faveur. Quant au bilan (dette publique, chômage, Libye), il peut être qualifié de catastrophique.

Se flatter en outre d’être le grand spécialiste – en paroles – de la sécurité et supprimer 12 500 emplois de policiers et de gendarmes pendant le mandat, voilà encore l’une des « réussites » du sieur Sarkozy. Dans un communiqué commun et courroucé, Bernard Cazeneuve et Manuel Valls ont fini par moucher l’ancien chef de l’État qui les accusait de ne pas en faire davantage : « Nous répondons d’abord par une mobilisation totale de nos forces, dont nous rehaussons les effectifs – 9000 emplois de policiers et de gendarmes recréés  sur l’ensemble du quinquennat, dont 1900 pour renforcer le renseignement intérieur, quand 12 500 avaient été supprimés entre 2007 et 2012. » (L’Obs, 25 août 2016)

Louvrier aurait gagné à expliquer à son patron que se faire oublier s’imposait lorsqu’on veut revenir dans de bonnes conditions. Ce que Giscard n’avait pas voulu comprendre dans les années 1980. Une petite traversée du désert d’un an pour que les électeurs aient le temps de croire dans le « Sarko nouveau ». Au contraire, ils ont l’impression que l’ancien président ne les a pas quittés depuis dix ans, ce qui nourrit le phénomène d’usure. Si bien que les griefs qui lui avaient valu le rejet de 2012 ne se sont pas évanouis. L’activisme ne fait pas disparaitre les défauts, bien au contraire.

Si Sarko ratait la primaire de novembre, ce serait une mauvaise affaire pour Louvrier. Ambitionnant de devenir député de la circonscription de Guérande (Loire-Atlantique) en juin 2017 (en remplacement de Christophe Priou), puis plus tard maire de La Baule, il a besoin du retour à l’Élysée de son patron pour empêcher les partisans de Juppé de le renvoyer dans ses foyers. Cela dit, il peut toujours compter sur Publicis pour assurer ses fins de mois.

B. Morvan

Photo : DR
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Une réponse à “Sarkozy et Louvrier dans le même bateau”

  1. Cliquet dit :

    Et l’avenir de notre pays, dans tout ça? Tous ces gens ne pensent qu’au travers de la « com » En 2007, Sarkozy n’avait jamais parlé du traité de Lisbonne, véritable forfaiture inventée pour contourner le référendum. Avez-vous entendu Sarkozy et ses obligés s’expliquer là-dessus? Moi, non. De même la réintegration de l’OTAN, véritable « fait du Prince » qui n’a jamais donné lieu au moindre débat dans le pays. Sarkozy partage sa vie entre deux états distincts : l’état de campagne dans lequel il se pare de toutes les qualités du « gendre idéal » et une fois l’obstacle de l’élection passé, L’état de pouvoir revient, il oublie la campagne et se fiche éperdument de ceux qui ont voté pour lui.

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