03/09/2016 – 07H30 Paris (Breizh-info.com) – « Le jour où…Hollande a limogé Ayrault », titre Le Monde (mercredi 24 août 2016). Une page est nécessaire pour relater les détails de ce lundi 31 mars 2014, au lendemain de la défaite historique de la gauche aux élections municipales. On y apprend en particulier que le dimanche soir, Manuel Valls téléphone à Hollande. « Il s’agace, pousse le président dans ses retranchements, l’incite à couper la branche Ayrault, qu’il a contribué à scier. Soutenu par l’influent ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il a su nouer une alliance contre nature avec Arnaud Montebourg et Benoît Hamon afin d’obtenir Matignon. » On devine Le Drian trop content de savonner la planche à Ayrault. Alors que s’annonce la loi relative à la délimitation des régions, l’intérêt de Jean-Yves Le Drian est de contribuer à l’élimination de Ayrault sinon ce dernier se retrouverait en position de force pour imposer le « Grand Ouest » s’il demeurait Premier ministre. Pour Le Drian, renvoyer Ayrault dans ses foyers, cela revient à maintenir la Bretagne (4), un moindre mal que le « Grand Ouest » de Jean-Marc Ayrault.
Car Jean-Yves Le Drian est « influent », vieux copain de Hollande, il a ses entrées à l’Élysée. Même devenu ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault n’appartient pas au premier cercle. Alors que Le Drian peut faire passer ses messages – par exemple amélioration de son budget – grâce à son « statut particulier ». « Hollande est seul. Enfin pas tout à fait. Samedi 27 février, en compagnie de Julie Gayet, il recevait à dîner quelques survivants du dernier carré : Jean-Yves Le Drian, son épouse Marie et l’avocat Jean-Pierre Mignard .» (Le Point, 7 avril 2016).
Son sérieux, son efficacité et son ardeur à la tâche rendraient-ils le ministre de la Défense indispensable ? On va finir par le croire. « Pour le maire de Bordeaux, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, il faut une « gouvernance apaisée et ouverte ». En cas de victoire, Alain Juppé prévoit ainsi d’associer au pouvoir des personnalités, tels Jean-Yves Le Drian ou Bertrand Delanoë. Le premier en particulier pourrait être maintenu à la Défense. » (Challenges, 25 août 2016). Cette confidence ne surprendra pas ceux qui se souviennent qu’après son élection à la présidence de la République, en 2007, Nicolas Sarkozy avait tenté de faire entrer Le Drian dans son gouvernement – à la Défense évidemment. Une première tentative avec Claude Guéant. Une seconde avec Nicolas Sarkozy lui-même. Le Drian avait décliné l’offre.
Aujourd’hui, le souhait du ministre est de redevenir « duc de Bretagne » à temps complet. Il n’est pas certain que la perspective de rempiler à l’Hôtel de Brienne l’enthousiasme. « Le Drian, c’est normal, il s’en fout de 2017 ! Il a sa place au chaud dans sa maison de retraite de Bretagne : la présidence de la région », peste un jaloux (Le Point, 7 avril 2016).
Bernard Morvan
Photo : James Leynse/Flickr (cc)
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3 réponses à “Juppé « veut » Le Drian”
Comme d’habitude, petit récit de fiction politique…. On s’amuse bien dans les médias.
On imagine volontiers que Le Drian a été trop heureux de « savonner la planche » à Ayrault en 2014. Mais il n’était pas nécessaire de pousser beaucoup, tant Ayrault avait affiché sa médiocrité pendant deux ans. Ayrault possédait en principe un avantage capital en arrivant à Matignon : président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale depuis quinze ans, il connaissait à fond, en principe, les mécaniques internes du parti et de ses clans. Mais il est probable que François Hollande avait mal apprécié son bilan à ce poste. Plus qu’en diplomate, Ayrault avait agi en kapo. Au lieu de cultiver des alliances dans tous les camps, il avait semé des rancoeurs. En tant que premier ministre donc, alors qu’il aurait dû être l’homme qui imposait le respect à la majorité présidentielle, il n’a joué aucun rôle de rempart contre un désordre qu’il n’avait fait que retarder et qui ne demandait qu’à se répandre. Par son manque de vision et son absence de charisme, il est au moins aussi responsable que Hollande du foirage du quinquennat. Sans doute a-t-il favorisé les relations entre François Hollande et Angela Merkel (il sait lire, écrire, compter et parler allemand) — mais on découvre à retardement que même cet aspect « positif » n’en était pas un ! A la limite, on pourrait même se demander si Jean-Marc Ayrault n’a pas aussi exercé une influence néfaste sur Merkel : vu sa gestion xénophile du temps où il était maire de Nantes, ne l’aurait-il pas poussée à la faute sur le thème des migrants ?
On en finirait pas de lister les incompétences d’Ayrault…
Il n’existe que par ses 20 ans à Nantes, qui n’ont été possible que par les 20 ans qui l’ont précédés. Il n’a pas fait grand chose mais la ville va payer très cher le peu de son oeuvre… Machines de l’Ile (véritable racket, sans subventions publiques, ce parc d’attractions aurait déjà mis la clef sous la porte). Aéroport (qui a déjà pourri la vie nantaise et c’est loin d’être terminé). Nouveau CHU (déjà pourri par les emprunts toxiques et cache-misère de l’abandon du service public hospitaliser: hôpital tout neuf pour moins de lits).
Et ce ne sont que les gros projets. La qualité de vie s’est plus vite dégradée qu’ailleurs à Nantes alors que son cadre était exceptionnel et unique en Europe (!).
Pour la France, c’était évident qu’il était incapable de quoi que ce soit mais on peut difficilement lui reprocher: le fruit est pourri depuis bien longtemps.
Mais pour Nantes, et par extension la Bretagne, c’est un responsable historique de décliner à venir.
Le plus malheureux, c’est qu’il est encore vu comme un grand maire pour beaucoup.
Pas étonnant d’ailleurs que le Drian ne l’aime pas. Il reste un des rares ministres, si ce n’est le seul, à être positivement considéré à tous les niveaux. Alors, face à un médiocre qui se croit meilleur, on est forcément un peu irrité…
Vivement 2017 que JMA disparaisse.