30/08/2016 – 06H00 Belfast (Breizh-info.com) – Un ancien prisonnier de l’IRA, Richard O’Rawe, a appelé le président du Sinn Fein Gerry Adams à s’excuser auprès des familles des grévistes de la faim (hunger strike) de 1981. Des révélations récentes ont en effet montré qu’une « bonne offre » avait été faite à l’époque par le gouvernement britannique pour résoudre cette crise plus rapidement.
La grève de la faim a démarré lorsque les membres de l’IRA et militants nationalistes irlandais ont refusé les nouvelles dispositions prises par les autorités britanniques, à savoir la fin de leur statut de prisonnier politique et leur traitement en tant que prisonniers de droit commun, c’est à dire de criminels. 7 prisonniers ont d’abord participé à la première grève de la faim, qui s’est arrêtée après 53 jours en 1980. Puis la seconde grève de la faim débuta en 1981 et conduisit à la mort de 10 prisonniers, dont Bobby Sands.
Richard O’Rawe a expliqué que Gerry Adams et les leaders républicains – qui n’étaient pas en prison – avaient à l’époque rejeté une offre, qui aurait pu conduire à la fin des grèves de la faim et sauver la vie de six d’entre eux. Dans son livre « Blanketmen » publié en 2005, le militant nationaliste de l’Ouest Belfast, qui était le deuxième commandant de l’IRA en prison durant les grèves de la faim, expliquait qu’il avait, en compagnie de Brendan McFarlane (commandant en chef de l’IRA en prison) accepté un accord potentiel.
Sa version des faits a été largement contestée par le Sinn Fein dans le passé. Mais des détails récents ont émergé avec l’ouverture de dossiers classés confidentiels (chez les Britanniques), documents qui montrent que le gouvernement de l’époque avait ouvert une discussion avec l’IRA et proposé un accord.
Danny Morrison, également membre du Sinn Fein (directeur de la communication) et qui était impliqué dans les négociations à propos des grèves de la faim de 1981, a également été sommé de s’excuser.
Les détails de l’accord sont mentionnés dans un rapport de l’officier du NIO (Bureau pour l’Irlande du Nord) Stephen Leach effectué auprès de Sir John Blelloch (secrétaire du NIO mais également négociateur dans les grèves de la faim et membre présumé du MI5, service de renseignement britannique).
Dans le rapport, Leach prévient Blelloch que l’auteur d’un livre sur la grève de la faim (Padraig O’Malley) veut lui poser des questions à propos de l’existence d’un intermédiaire. « Durant la seconde grève de la faim en juin-juillet 1981, la commission irlandaise pour la justice et la paix (ICJP) a eu des réunions avec des leaders républicains incluant Gerry Adams (…) Adams a indiqué qu’une bonne offre avait été faite récemment via ces entretiens ». M. O’Rawe explique que Gerry Adams et ceux qui se trouvaient hors de prison ont alors rejeté l’offre.
Une seconde (et meilleure) offre aurait alors été faite le 19 juillet 1981 ; « Les prisonniers eux mêmes ont refusé cette offre si il n y avait pas de garanties publiques sur certains points. Aucun compromis n’a donc été trouvé » explique Leach. Une version que conteste M. O’Rawe qui explique que les prisonniers n’avaient pas entendu parler de cette seconde offre, et qu’ils ne pouvaient donc pas la rejeter. Il garantit que les fichiers déclassifiés confirment sa version des faits.
« Adams et les autres ont déclaré qu’il fallait que le gouvernement britannique fasse plus de concessions. Et parce qu’ils ont dit cela, six hommes sont morts », déclare O’Rawe.
Le Sinn Fein n’a pour le moment fait aucun commentaire sur cette affaire, tandis qu’en août 2016, on commémorait le 35ème anniversaire des grèves de la faim – avec notamment des marches républicains à Belfast ou encore à Derry. Gerry Adams accuse par ailleurs actuellement les « dissidents » républicains de jeter de l’huile sur le feu et même « d’être en guerre avec la communauté nationaliste », alors que des meurtres et des règlements de compte se sont multipliés ces derniers mois à Belfast.
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