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Le grand recyclage du plastique océanique

27/08/2016 – 07H45 Monde (Breizh-info.com) – 10 ans et 1%. C’est le temps pris par un déchet plastique rejeté du littoral pour atteindre le centre des océans, où s’y accumule finalement seulement  1%. Où se retrouvent donc les 99% restant ?

C’est à cette question que tentera de répondre un documentaire à découvrir sur la chaîne franco-allemande Arte le 17 septembre en seconde partie de soirée. Ce documentaire Océans, le mystère plastique prend la suite du célèbre documentaire déjà projeté par Arte en 2007 La malédiction du plastique. Depuis 2007, les chiffres et les conclusions des recherches ont profondément évolué.

Plusieurs points sont à examiner : combien de tonnes de plastique sont rejetées chaque année ? 8 millions selon les dernières estimations, 80 millions en 2025 selon les projections. Quel plastique prédomine ? Ce sont le polyéthylène et le polypropylène qui posent le plus de problème par leur quantité. Sous quelle forme principalement ? Des grains de plastique de moins de 5 millimètres.

Le grand recyclage du plastique océanique

1% du plastique se retrouve donc dans les gyres océaniques, zones d’accumulation au centre des océans qui ressemblent à de vastes soupes de particules plastiques très fines. Ce sont les vortex d’ordures décrits par les navigateurs et skippers du monde entier, et évoqués par les groupes de musique Gorillaz, Gojira ou encore Nolwen Leroy. Ils sont de plus en plus médiatisés et certaines solutions de « récolte » apparaissent.

99% semblent donc se retrouver ailleurs. Comme par exemple dans la chaîne alimentaire : les photos du tristement célèbre et superbe documentaire Midway avaient déjà fait le tour du monde. Elles montraient les cadavres d’oiseaux de mer tués par les plastiques, briquets, coton tiges, bouchons de bouteille, qu’ils ingurgitaient, croyant à des poissons ou des méduses. Toute la chaîne alimentaire est concernée : oiseaux, poissons, mammifères marins, humains. Les conséquences sont funestes pour toutes les espèces : occlusions intestinales, intoxication du sang, malformations, stérilisations, perturbations hormonales, troubles de la croissance. L’association des PCB et du plastique est en train de stériliser et détruire des espèces entières de poissons.

Mais aussi dans la banquise où on estime à plus de 1000 milliards le nombre de morceaux de plastique libérables dans les eaux libres  les 10 ans prochains suite à la fonte progressive des banquises artiques et antartiques. Une grande partie des plastiques peut enfin se retrouver dans les fonds marins, enfouis dans les sédiments. La plupart se retrouve en transit entre les zones d’accumulation.

De l’Anthropocène à la Plasticocène ?

Selon Wikipedia, l’Anthropocène est le terme géologique proposé pour caractériser l’époque de l’histoire terrestre qui a débuté quand les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. L’idée fait son chemin, même dans les sphères scientifiques mondiales, mais a été rejetée jusqu’à présent car jugée trop anthropocentrique. Cependant, les déchets plastiques se retrouvent partout, sur l’ensemble de la planète, et en affecte son fonctionnement. Pourra-t-on un jour parler de “plasticocène”?

Quelles solutions pour traiter à la source la pollutions des océans ?

Si les médias mettent en général à la une les solutions miracles de récolte ( filets récolteurs, champignons et bactéries dévoreurs de plastique), il est plus délicat de traiter les causes directes de cette pollution. Malgré le poids de l’industrie du plastique, soit 75 milliards de dollars pour le marché des résines et des fibres plastiques, des scientifiques et des politiques ont émis des propositions concrètes.

La médiatisation de ce phénomène, mondial depuis 15 ans, a eu au moins une conséquence : la prise de conscience au plus haut niveau international de « gouvernance ». Ainsi le G7 a inséré à son catalogue de vœux très pieux  (édité en Allemagne l’année dernière  ) la lutte contre les déchets plastique dans l’océan. Il a ainsi repris un an après les recommandations du GRI des Nations Unies ( objectif n°14 , vie sous marine).

Le scientifique berlinois Nils Simon @nsim_berlin propose sur Ensia.com une solution logique, celle du « Back to the Land », c’est à dire prendre le problème à sa source, et d’un Traité International sur les Plastiques. Tout en reconnaissant la complexité des politiques environnementales concernant ici des déchets qui traversent toutes les frontières, il recense cinq points critiques et propose unaccord d’agrément multilatéral international. Il propose d’intégrer le thème « déchets océaniques » dans les clauses des Conventions de Bâle, Rotterdam et Stockolm . Pour Nils Simon,  aménager un nouveau Traité en y intégrant tous les aspects du cycle de vie du plastique est possible, et même facile pour un plastique « cradle-to-cradle » (l’écoconception du produit permet alors de le recycler à 100%).

Lewis Pugh, de l’UNEP, précise dans un article publié le 22 aout ici  accompagné de photos à l’échelle des dégâts et du challenge (les photos ont été faites à Mumbaï) que le problème principal n’est pas le plastique en soit mais l’apathie en général : « The Problem With Litter Isn’t Plastic, It’s Apathy”. Evidemment cette sortie est provocatrice puisque les dégâts liés aux déchets plastiques océaniques sont incommensurables et touchent la totalité des espèces, y compris humaines, en lien avec l’océan. Mais elle a le mérite de pointer le doigt vers l’inaction des politiques, du niveau local au plus haut niveau international.

Maelys Lecor

Photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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