18/08/2016 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – Les temps sont durs pour le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas. À lui de se maintenir sur une ligne de crête inconfortable : d’un côté impulser des mesures destinées à combattre le terrorisme – ce que réclame la majorité des citoyens français -, de l’autre ne pas déplaire au public « de gauche » en faisant voter des lois qui seraient jugées par ce dernier trop « répressives ». Il faut donc trouver le bon dosage et mettre au point un discours capable de concilier les attentes des uns et des autres.
C’est à cet exercice que vient de se livrer l’ancien député de Quimper dans une interview à L’Obs (04/08/2016). « C’est avant l’attentat contre « Charlie hebdo » que nous avons commencé à adopter notre arsenal juridique. Nous avons pris des dispositions qui respectent la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Ce n’est pas un chiffon de papier. Ce que l’on nomme l’État de droit n’est pas un état d’impuissance, c’est notre protection. »
Effectivement, si les droits de l’Homme ne peuvent être qualifiés de « chiffon de papier », il y a tout de même lieu de voir en eux une idéologie correspondant à une vision du monde. Certes, ils nourrissent la pensée unique développée par la classe dominante, pour autant, rien n’autorise ses propagandistes à lui accorder une espèce de monopole. Sinon le débat d’idées serait condamné à disparaître. Même si elle fait figure actuellement de vache sacrée, l’idéologie des droits de l’homme est l’objet de jugements sévères.
On pourrait commencer par citer le fameux aphorisme de Marcel Gauchet : « Les droits de l’homme ne font pas une politique » ; ils consacrent même l’impuissance du politique. Ce beau concept, relevait de son côté Carl Schmitt, « est un instrument idéologique particulièrement utile aux expansions impérialistes et sous sa forme éthique et humanitaire, il est un véhicule spécifique de l’impérialisme économique ». Plus récemment, Alain de Benoist notait que « la tendance actuelle (…) consiste à convertir en «droits» toute espèce d’exigence, de désir ou d’intérêt » (Au-delà des droits de l’homme, pour défendre les libertés, Pierre Guillaume de Roux).
Dans un récent numéro d’Éléments – le magazine des idées – (mai-juin 2016), François Bousquet procède à un démontage en règle des « droits de l’homme et du citoyen ». Un passage mérite d’être cité car inédit : « les droits de l’homme ne reconnaissent pas la nature sociale de l’homme. Dès lors, ils s’imposent au détriment du droit positif des peuples, en vertu de leur universalité. Le hic, c’est qu’ils ont besoin d’une forme juridique pour être appliqués : l’État, dont ils contestent pourtant la primauté en droit. On touche ici l’impossible coexistence des droits censés caractériser et l’homme et le citoyen. Car en quoi la citoyenneté serait-elle conciliable avec la demande de droits indéfinie ? Ne sont-elles pas plutôt incompatible ? On ne le souligne pas suffisamment : il y a un antagonisme formel entre la démocratie et les droits de l’homme. La démocratie, c’est la souveraineté du peuple ; les droits de l’homme, la souveraineté de l’individu. »
Le ministre de la Justice est également le ministre des prisons. Par conséquent, il est le mieux placé pour fournir quelques informations collant à l’actualité : « Concernant les prisons, nous estimons qu’il y a en détention 1700 personnes radicalisées, en plus de celles qui le sont pour terrorisme. Certains ont pu se radicaliser à l’intérieur même des prisons. Ces personnes sont réparties dans 27 établissements dans toute la France. À partir de la rentrée, nous allons donc développer un programme de lutte contre la déradicalisation dans ces 27 établissements jugés sensibles. De même, nous allons accroître nos efforts en matière d’aumônerie musulmane, pour laquelle le budget atteindra 1,2 millions d’euros en 2016, ce qui en fait la première structure religieuse. Dorénavant, 196 aumôniers musulmans oeuvrent dans nos prisons. Nous avons créé des binômes avec des éducateurs et des psychologues, qui pourront participer à ce programme. » (L’Obs, 04/08/2016).
Le souci d’équilibre devrait inciter Jean-Jacques Urvoas à envisager une autre interview consacrée à la laïcité ! Il en faut pour tous les goûts.
B.M.
Photo : Parti socialiste/Flickr (cc)
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2 réponses à “Jean-Jacques Urvoas, un équilibriste de la politique”
« un programme de lutte contre la déradicalisation »
Surtout pas!
« Dorénavant, 196 aumôniers musulmans œuvrent dans nos prisons » et 1,2 million d’ € pour propager l’ islam. Prisons-mosquées ou mosquées-prisons ?
Qui veut une République Islamique de France à l’ horizon des 20 ans ? C’ est ça le plan ?
Ainsi l’Obs l’a entendu !!! il n’ y bien qu’eux. Hâte de connaître son bilan…