La célèbre série de bandes dessinées Les Chemins de Malefosse, qui décrit l’ampleur des guerres de religion du XVIème siècle, prend fin par cet ultime tome. Celle-ci a été créée en 1982 par le scénariste Daniel Bardet, qui n’a jamais eu peur du « politiquement correct ». Il imagine que pour déjouer une multitude de complots, Henri IV s’offre les services de deux lansquenets (mercenaires allemands), Gunther et Maître Pritz. Certains tomes de cette série se déroulent en Bretagne.
Dans le tome 5 (L’or blanc), Gunther et Maître Pritz, après un long périple sur la Loire, arrivent au pays de Guérande. Ils aident l’un de leurs amis, Face-de-Suie, à faire valoir ses droits sur l’exploitation des marais salants. Mais en cette année 1589, la taxation du sel (la gabelle) est si élevée que celui-ci devient objet de contrebande. Gunther et Maître Pritz découvrent que ce trafic finance des révoltes contre Henri IV.
Le tome 12 (La Part du Diable) se déroule en 1592, au château de Suscinio et à Vannes, ralliée depuis peu à la cause catholique. Gunther et Maître Pritz doivent remettre une missive enjoignant le Duc de Mercoeur (camp catholique), de rejoindre le camp du Navarrais. Mais une organisation catholique, la Manus Dei, entend bien contrecarrer les plans d’Henri IV.
Dans le tome 21 (Plaie d’argent), Henri IV soupçonne le Duc de Mercoeur de vouloir ruiner le royaume de France avec de la fausse monnaie. En cette année 1595, l’Espagne manigance également contre Henri IV. C’est l’occasion pour les héros de revenir à Saillé (p.10), au château de Careil (p.11), à Guérande (p. 16 et 17) et à Nantes (p.20 et 21).
Le tome 23 se déroule en partie au Fort La Latte. Voilà deux ans qu’Ange de Saillé, aussi appelé « Face de Suie », est prisonnier dans les cachots de cette place forte. Il est libéré par la Duchesse de Penthièvre, épouse du duc de Mercoeur qui l’avait dépossédé de tous ses biens et jeté aux oubliettes. On apprécie notamment les dessins du Fort La Latte, de Dol, de Dinan et du Mont-Saint-Michel.
Le tome 24 (Le dernier secret) se déroule en 1539. Henri IV veut instaurer la paix entre Catholiques et Protestants. Mais les deux camps refusent cette alliance. Le royaume est en péril. Gunther et Maître Pritz vont lui permettre de mener à bien des négociations pour rédiger l’Edit de Nantes… Ce tome 24 est encore plus historique que les précédents. L’Edit de Nantes est bien expliqué, de sa préparation à sa signature. Henry IV prend de plus en plus de dimension. Mais les héros de la série (Maître Pritz, Gunther, Face de suie…) ont moins d’importance.
Jusqu’au 12ème tome, le dessinateur François Dermaut décrivait, avec minutie et réalisme, les costumes, armes et bâtisses de l’époque en respectant les particularismes régionaux. Avec le même succès, Brice Goepfert poursuit aujourd’hui le dessin. On apprécie notamment la reconstitution du château de Nantes.
Cette série, qui dénonce le fanatisme religieux, rappelle bien entendu l’époque actuelle. L’utilisation de vieilles expressions françaises donne un cachet véridique à l’intrigue. La richesse du scenario ainsi que certaines scènes paillardes réservent cette bande dessinée aux adultes.
Cette série est rééditée en plusieurs Intégrales regroupant 4 tomes, 35 euros chacune.
Kristol Séhec
Les Chemins de Malefosse, t. 24, Le dernier secret, 13,90 euros, Editions Glénat.
Crédit photos : DR
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