11/08/2016 – 06H30 Coulon (Breizh-info.com) – À l’orée du Marais poitevin que d’illustres géographes du tourisme ont rebaptisé la « Venise verte » pour attirer le chaland venu des terres sèches, Coulon offre à la saison chaude un concentré de tous les défauts du tourisme populaire : des gargotes qui polluent les quais, des foules de badauds déambulant cornet de glace à la main, les reins ceints d’un short trop court qui peine à contenir les bourrelets des dames et les ventres des hommes et des véhicules à moteur qui font du tête à queue autour de la place comme des chiens qui se reniflent le cul.
Rien à attendre de telle sentine estivale ?
Si, heureusement il existe un havre pour tous ceux qui viennent dans la région pour le seul motif qui vaille, rendre hommage à la mémoire de Jacques de Liniers, le héros niortais qui a l’heur de ne guère plaire ni à la République ni à l’Anglais. Ce havre, ce refuge, est le Central, au coeur de Coulon, comme une oasis au milieu du désert.
Hôtel-restaurant traditionnel, il a su évoluer intelligemment, conservant le meilleur de la production locale, notamment les anguilles, mais en les accommodant de manière astucieuse si parfois un peu trop tape à l’oeil.
Je me suis laissé tenter par un tartare de veau aux aromates, qui ne m’a point arraché la bouche, assommé par des sauces exotiques, mais qui laisse survivre le goût de la viande. Ensuite, fidèle au veau, j’ai enquillé avec une poêlée de ris de veau et filet de veau, jus de morilles accompagné d’un écrasé de pommes de terre à la truffe. Sans se laisser bourrer le mou par le verbiage du cuisinier qui se veut à la page, l’ensemble est bien équilibré et la finesse du filet se retrouve dans la douceur des ris.
Enfin, en dessert un dôme mousse petits pois et gelée fraise, petits pois pochés, fraises et framboises fraîches, macaron fruits rouges et sorbet.
Attention au coup de fourchette malheureux car lesdits pois s’enfuient de l’assiette à la volée et il faut beaucoup de patience pour les ramener au bercail. Si vous êtes disposé à pardonner au cuisinier un goût immodéré pour l’apprêt à la mode, le Central offre une halte de qualité au milieu d’un désastre culinaire de boui-bouis qui puent le graillon et qui encombrent cette petite cité au bord de l’eau.
Tristan H.
Logis Hôtel le Central
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