27/07/2016 – 08H00 Bouée (Breizh-info.com) –Si la Loire-Atlantique est séparée par l’État français de la Bretagne, à laquelle son histoire la lie depuis des siècles, c’est encore le département qui compte le plus grand nombre de communes dont les blasons portent les symboles bretons, au premier rang desquels l’hermine. Dans les églises du département, il y a aussi de nombreux rappels de l’identité bretonne. Après l’église Saint-Paul de Rezé, second exemple aujourd’hui avec l’église Notre-Dame de Bouée, au sud de Savenay, dans les marais de Loire.
L’église Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Bouée date, elle, des XIVe et XVIIe siècles. Bâtie au sommet de la colline de Bouée, au sud de Savenay, elle a une partie ancienne, constituée d’une sacristie et de son grenier, pourvu d’une large cheminée. Un accès à la charpente permet de cheminer au-dessus des voûtes jusqu’au clocher. Dans le grenier de la sacristie se réunissait le général de la paroisse – l’ancêtre du conseil municipal avant la Révolution – puis elle fut le siège des premières mairies. Au rez-de-chaussée la sacristie, avec ses voûtes d’ogives, abrite un retable Renaissance.
La nef date de 1609. Le chevet, plat, est orné d’un retable aux colonnes de marbre ; une plaque nous apprend qu’il a été édifié en 1629 grâce à la générosité de Jean Magouet et Julienne Guillard, sa femme, sieur et dame de la Bazillais. Faisant à peu près vis-à-vis à la sacristie et formant avec elle un faux transept, la chapelle dédiée à Sainte-Barbe et Saint-Louis était la chapelle seigneuriale de la Cour de Bouée. Les vitraux portent les armes de familles ayant possédé cette terre.
Lorsque la nef fut construite au XVIIe, la sacristie fut aussi rhabillée et ses murs épaissis, au point d’obturer à moitié une fenêtre. En 1889 l’église fut restaurée : les porches situés en façade, à l’ouest et au sud (porche du baptême) supprimés, les niches à statues de la façade furent débouchées, le clocher réparé, une nouvelle croix, un coq et une boule de cuivre installés à son sommet. Au nord une nouvelle fenêtre fut ouverte. Des lambris furent changés et les murs remis à neuf avec une forte couche de chaux. En 1902, une tourelle fut ajoutée au sud pour monter au grenier de la sacristie. De nouvelles restaurations ont eu lieu en 1955 – lorsque la chaire fut retirée – et en 1982.
Sur le maître-autel, on peut lire ANCHORA BONI PORTUS et ANCHORA SALUTIS, l’ancre du bon port et l’ancre du salut. Une plaque nous apprend que le retable, en marbre polychrome, a été édifié en 1629 grâce à la générosité de Jean Magouet et Julienne Guillard, sa femme, sieur et dame de la Bazillais. Sur le grand autel, installé en 1873, et construit en marbre, un voilier est représenté, guidé par l’étoile de mer, STELLA MARIS, soulignant peut-être l’ancienne importance portuaire de Bouée et de son port fluvial avancé, Rohars. Une note inscrite au registre des baptêmes, mariages et sépultures (BMS) de 1745 indique ceci : » Les fonts de marbre La grille qui les en ferme Le Bénitier qui sont au bas de cette église et les Colonnes qui sont au grand autel ont été donnés par noble vénérable et discret Missire Jacques Fournet ci devant recteur de Quily et ont été placés le 29 octobre de cette année 1745 « . Cet autel est largement décoré d’hermines. De part et d’autres du retable, ce sont des croix herminées – qui portent sur leurs quatre bras le symbole de la Bretagne – qui sont représentées dans des médaillons ronds.
Un écrit de l’abbé Camaret, curé de Bouée à l’époque précise que tous les vitraux de l’église ont été placés à l’époque de la restauration de 1889, sauf celui du fond du chœur, l’Immaculée-Conception qui a dû être placé vers 1860. Dans la chapelle Saint-Louis et Sainte-Barbe (nord), le vitrail représentant les deux saints est don du Vicomte et de la Vicomtesse de Bagneux. Sur le mur sud du choeur, les vitraux des Enfants Nantais (Saints Donatien et Rogatien) et de Sainte-Françoise d’Amboise sont dons de M. et Mme Paumier.
Le vitrail de sainte Françoise d’Amboise, donné par Mlle Nathalie Paumier, porte les armes de la bienheureuse et duchesse consort de Bretagne, épouse de Pierre II de Bretagne. Après avoir échappé à divers projets de mariage, elle réussit à fonder à Vannes en 1463 le premier carmel féminin de Bretagne (et de France). En 1477 ce carmel est transféré chez les bénédictines des Couëts, à Bouguenais près de Nantes, où la discipline était par trop relâchée. Le carmel des Couëts subsiste jusqu’à la Révolution, et fonde trois autres carmels, à Vannes (Notre-Dame de Nazareth) en 1530, à Rennes (saint Sépulcre) en 1622 et Ploërmel (Bethléem) en 1627.
Pieuse, généreuse auprès des pauvres et très appréciée par les Nantais, la duchesse meurt en 1485 en odeur de sainteté, alors qu’elle assiste une des sœurs de son couvent atteinte de la peste. Béatifiée par Innocent VIII quelques années après sa mort – ce qui sera confirmé en 1863 par le pape Pie IX, elle a été canonisée par la ferveur populaire. Ses reliques sont exposées à la cathédrale de Nantes. Son souvenir est perpétué par plusieurs écoles (un lycée catholique à Nantes, deux rues à Vannes et Malansac, divers vitraux et statues dans des églises bretonnes, une école bilingue français-breton à Vannes, une école à la Chapelle-Gaceline près de la Gacilly), et même un trois-mat barque Françoise d’Amboise lancé en 1901 par la société bretonne de navigation, sise à Nantes, et construit par les chantiers Dubigeon à Nantes.
Louis-Benoît Greffe
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