20/07/2016 – 10H00 Cleveland (Breizh-info.com) – Pendant les conventions républicaines et démocrates du mois de juillet 2016 aux Etats-Unis, Pierre Toullec vous présente chaque jour un résumé de la journée précédente, en exclusivité pour Breizh Info. En commençant donc par la convention républicaine.
Suivez en direct les événements sur https://www.facebook.com/pierretoullec et https://twitter.com/PierreToullec
Mardi 19 juillet – La victoire totale de Donald Trump
Le mardi 19 juillet était la journée la plus importante pour la convention républicaine et pour Donald Trump. Ce dernier avait prévu une attaque en règle contre Hillary Clinton avec de nombreux intervenants dénonçant son bilan et celui du président Obama. Pourtant, la véritable épreuve pour « The Donald » était de parvenir à remporter officiellement la primaire républicaine avec le vote des délégués pour unifier une fois pour toute le parti républicain.
A-t-il atteint ses objectifs ?
La crainte de la campagne de Donald Trump, soutenue par les journalistes
Hier, les journalistes et la campagne de Donald Trump se sont entièrement trompés sur la manière dont cette journée allait se passer. Les deux « groupes » pariaient sur une première journée calme et facile pour le favori. Raté. La première journée de la convention républicaine de Cleveland a connu une heure entière de chaos et a semblé aggraver les divisions au sein de la droite américaine.
Ce mardi, les journalistes de l’ensemble des médias américains ont décidé de partir sur une hypothèse négative afin de ne pas être pris de court. Il est vrai que les événements qui se sont enchainés avant le début de la convention de mardi laissaient penser au pire. Dans la ville de Cleveland, à l’extérieur de la Quicken Loans Arena, l’ensemble des manifestants anti-Trump, républicains, libéraux, noirs, socialistes, musulmans et démocrates se sont réunis et ont marché directement vers l’événement. Leur nombre était tel que pour éviter des violences, dans un premier temps les policiers les ont laissé passer.
Dans le même temps, la colère laissée par le déni de démocratie de la veille sur les règles de fonctionnement du parti a donné une voix particulièrement forte aux délégués républicains anti-Trump. Des rumeurs sont arrivées de différentes sources affirmant que les membres du mouvement #NeverTrump étaient près à utiliser toutes les règles possibles pour ralentir le vote pour nommer le candidat républicain à la présidentielle et bloquer l’ensemble de la journée pour arriver à un chaos similaire – voire pire – que la veille.
Ils se sont trompés, et pas qu’un peu.
L’échec complet du mouvement #NeverTrump au sein du Parti Républicain
Entre la fin de la convention du lundi et le début du mardi, les équipes de Donald Trump ont réalisé un travail de terrain extrêmement fort. Chaque délégué non lié à Trump a reçu une visite de la part de l’un de ses responsables. Ce travail de terrain a eu un impact totalement inattendu. Les observateurs s’attendaient à ce que les délégués liés à Trump mais pro-Cruz s’abstiennent au cours du premier tour de vote pour empêcher le favori de remporter les 1237 votes nécessaires pour remporter la primaire.
A la grande surprise des observateurs et des républicains, l’inverse s’est produit. Un grand nombre de délégués ont décidé de voter pour Donald Trump alors même qu’ils étaient liés à d’autres candidats.
Le résultat final fut le suivant :
La victoire de Donald Trump fut sans appel et les leaders du mouvement #NeverTrump n’ont pas essayé quoi que ce soit pour bloquer le vote, à l’exception de l’Alaska qui a retardé la nomination de moins d’une dizaine de minutes.
Le respect des manifestants anti-Trump les a rendus invisibles
La police de Cleveland n’a pas caché son inquiétude dans les deux heures qui ont précédé cette journée de convention. Le rassemblement de tant d’opposants à Donald Trump, d’origines politiques différentes mais convaincus de la nécessité de l’empêcher de devenir le nominé républicain, a rendu la situation explosive. Pourtant, et c’est tout à leur honneur, les milliers de manifestants qui se sont rendus autour de la convention n’ont tenté aucune action violente. Les seuls actes de protestations autres que les marches contre Trump ont été quelques dizaines de personnes qui se sont allongées d’elles-mêmes dans la rue et qui se sont relevées d’elles-mêmes sans que la police ne leur demande.
Finalement, devant cette manifestation pacifique, les médias ont à peine évoqué leur présence avant le début de la convention. Seul le député Paul Ryan a rappelé que les forces de police étaient présentes dans la ville de Cleveland pour protéger les délégués d’une agression de la part des manifestants.
D’un certain point de vue, cette réaction des médias n’est pas réellement positive. En ne couvrant les manifestations que quand elles sont violentes, les médias poussent les manifestants à être violents pour se faire entendre. Il reste que pour le moment, les manifestations de protestation sont restées invisibles aux yeux des électeurs, l’idéal pour Donald Trump.
L’intervention de Donald Trump
A 03h00 GMT+1 ou 21h00 heure locale, Donald Trump est apparu en vidéo-conférence à la convention après avoir remporté la victoire. Après avoir fait une autre apparition lundi pour présenter sa femme, c’est la seconde fois qu’il prend la parole. Sa stratégie est claire mais reste particulière pour une élection américaine. Depuis que le concept de primaires ouverte aux électeurs et que les « super-délégués » n’existent plus, les candidats à l’élection présidentielle peuvent être dans la salle de la convention mais ne prennent pas la parole. La seule exception vient des candidats qui perdent la primaire : en 2008, Hillary Clinton était dans l’enceinte du Pepsy Center à Denver, Colorado, et au cours du décompte des votes a pris la parole pour annoncer qu’elle demandait à tous ses délégués de voter pour Barack Obama une fois qu’il était clair qu’elle n’avait plus aucune chance de l’emporter. En dehors de cela, la « tradition » veut que le nominé ne prenne la parole qu’au cours du dernier jour de la convention. En 2012, Mitt Romney était venu sur l’estrade au moment du discours de sa femme pour l’embrasser mais n’a pas pris la parole. Les candidats sont sensés rester silencieux jusqu’à la fin de la convention, une fois qu’ils ont été désignés pour leur discours d’acceptation qui sert aussi de discours de clôture de l’événement.
Donald Trump n’a pas pris la parole lundi et mardi par hasard. Il sait exactement ce qu’il fait. Les événements de lundi l’ont encore démontré : il peine à unir le parti républicain autour de sa candidature. En intervenant lundi et mardi, il impose sa marque en montrant un important respect pour les cadres et les délégués du parti républicain afin de garantir leur soutien et son pouvoir sur le parti au moins jusqu’à l’élection de novembre.
Vers l’unité du parti républicain
Le déroulement proche de la perfection pour Donald Trump de cette seconde journée lui a permis de recevoir ce qu’il était en peine d’obtenir : unifier son parti. A la suite de sa victoire sans conteste possible avec le vote des délégués, les cadres du parti républicain présents se sont enchainés pour prouver leur soutien à Donald Trump.
Le modéré et président de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell fut l’un des premiers. Paul Ryan, président de la Maison des représentants (députés), a aussi fortement affirmé son soutien à Donald Trump après le vote alors qu’il trainait des pieds depuis des mois.
Le choix du Gouverneur Mike Pence (Indiana) pour la vice-présidence n’y est pas pour rien. Ce choix fut particulièrement stratégique de la part de Donald Trump. En effet, peu de choses rassemblent les deux hommes. Pence a refusé pendant longtemps de soutenir Trump. Mike Pence était opposé au président George W Bush car il le considérait comme un homme trop partisan de l’intervention de l’Etat, beaucoup trop à gauche pour lui.
Tout au long de la campagne, Mike Pence a condamné Donald Trump pour ses positions anti-libre-échange, pro-Etat, pro-redistribution. Finalement, ce ticket avec ces deux hommes rassemble deux branches totalement opposées du parti républicain : Trump représente l’orientation centriste voire centre-gauche (au sens américain du terme) anti-libre-échange et pro-Etat fort alors qu’à l’inverse Mike Pence représente la branche beaucoup plus libérale, en faveur du libre-échange et d’un Etat minimal qui intervient peu dans la vie des citoyens. Cette alliance a rassuré de nombreux républicains et pourrait permettre l’unité du parti avant le mois de novembre.
Cette situation met le sénateur du Texas Ted Cruz dans un embarras difficile à gérer. Le principal adversaire de Trump au cours de la primaire doit donner un discours à la convention républicaine ce mercredi soir.
La campagne de Trump n’a pas de droit de regard sur le contenu et beaucoup pariaient sur le fait que Cruz allait ne pas soutenir le nominé républicain afin de préparer sa candidature pour 2020 et condamner le virage à gauche du GOP au cours de cette primaire 2016. Mais après cette image d’unité, intervenir avec un tel discours serait particulièrement mal vu par l’ensemble de la droite américaine. Il reste un grand nombre d’opposants à Donald Trump mais son succès ce mardi rend une opposition conservatrice difficile à tenir.
Que fera Ted Cruz ? Soutiendra-t-il Donald Trump ? Donner une réponse à cette question serait partir dans des conjectures risquées. Il est en revanche probable que Ted Cruz lui-même ne soit pas certain de ce qu’il dira mercredi soir après un mardi réussi pour son adversaire.
« Make America Work Again », une erreur de casting ?
Après la première journée avec le thème « Make America Safe Again » (rétablir la sécurité en Amérique), le thème de la journée de mardi était « Make America Work Again » (Rétablir du travail en Amérique).
Le « problème » est que, certes, l’économie américaine se porte encore mal mais la division entre les Etats républicains et les Etats démocrates est particulièrement frappante. Les Etats démocrates (New York, la Californie, le Massachussetts, le Vermont, etc.) vont mal mais les Etats républicains (l’Ohio, la Floride, l’Utah, le Wisconsin, le Texas, etc.) sont particulièrement prospères. Autrement dit, difficile pour les élites républicaines de parler de difficultés économiques à l’exception des délégués d’Etats démocrates.
Finalement, le thème de la journée n’a pas été suivi à cause de cette situation. L’économie a été à peine abordée par les orateurs. Leurs discours ont été dirigés contre le président Obama et surtout contre Hillary Clinton.
Le thème en soit n’était pas mauvais, mais face à un public républicain avec des leaders qui ont réussi à briser la spirale du chômage chez eux, parler de difficultés économiques des Etats-Unis était hors sujet.
Ses enfants : la surprise !
Après sa femme Melania Trump lundi soir, ses deux premiers enfants Tiffany et Donald Trump Jr ont pris la parole devant la convention des républicains. Dans le premier cas, le discours était étrange.
Quelques anecdotes affirmées par Tiffany Trump semblaient faux. Son arrivée en particulier sonnait répétée mais non crue : elle est arrivée avec une démarche dynamique et avec un ton de voix particulièrement assuré elle a affirmé « je vous présente mes excuses si j’ai l’air nerveuse ». Elle semblait au contraire l’une des personnes les moins nerveuses et les plus versées à l’art oratoire de la journée.
Elle et son frère ont affirmé beaucoup de généralités sans réellement entrer dans les détails, laissant clairement le public sur sa faim. Tiffany Trump en particulier n’a rien réellement révélé de son père si ce n’est des anecdotes qui sonnaient faux.
Fort heureusement, son frère, Donald Trump Jr, n’est pas resté sur ce ton très longtemps. Après quelques minutes de généralités, Trump Jr a fini par entrer dans un programme détaillé particulièrement précis. Contrairement aux orateurs précédents, il est entré dans le détail d’un programme politique précis et conservateur au sens américain du terme.
Ma sensation personnelle, après avoir écouté des dizaines de discours de Donald Trump depuis plus d’un an, fut que Donald Trump Jr a développé ce mardi soir un programme beaucoup plus précis que son père.
Il a sonné comme un véritable connaisseur des sujets et, mon impression, est qu’il a sonné bien plus présidentiel et bien plus compétent que son père. Ce ne fut pas une réaction venue seulement de ma part. Les journalistes sur CNN et Fox News, à la suite de ce discours, ont affirmé la même chose : il fut meilleur que tous les autres orateurs depuis deux jours et meilleur que son père tout en étant bien plus précis et sonnant plus compétant sur les questions ethniques, d’éducation, d’économie et de sécurité.
Plusieurs conservateurs anti-Trump (notamment Erick Erickson, leader des traditionnalistes anti-Trump) ont réagi en direct pour affirmer qu’ils ont été impressionnés par Donald Trump Jr et ses convictions conservatrices et libérales qui leur semble en opposition avec les valeurs de son père. Son discours était, sans nul doute, le point fort de la soirée.
Sur CNN, les journalistes sont tombés d’accord sur un point : même si Donald Trump perd l’élection présidentielle le 8 novembre 2016, son fils Donald Trump Jr vient de se créer une carrière de long terme dans la politique américaine.
Conclusions
Cette seconde journée de convention républicaine fut un immense succès pour Donald Trump. Les craintes nourries par les événements de la veille et du début de la journée n’ont pas eu lieu. Donald Trump ne pouvait pas espérer une meilleure journée que celle-ci, bloquant définitivement ses adversaires et lui assurant la mainmise sur le parti républicain, en route pour la présidentielle face à Hillary Clinton et Gary Johnson.
Retrouvez le résumé de la journée du 20 juillet demain sur Breizh Info !
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
2 réponses à “Convention Républicaine de Cleveland : victoire totale de Trump !”
[…] http://www.breizh-info.com/2016/07/20/46794/convention-republicaine-de-cleveland-victoire-totale-de-… […]
@languillem yesssssss on s approche de la victoire! !! ???