08/07/2016 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Anne Mesdon vient de publier aux éditions Lucien Souny Une Fulgurante enfance. Cette Nantaise a travaillé comme secrétaire administrative à l’Université et au Rectorat de Nantes. Élue locale, elle s’est consacrée à des missions d’ordre social.
Le livre, dont l’action se passe dans le vignoble nantais, évoque avec bonheur le climat qui régnait dans les bourgades dans les années 60, vu par une adolescente. Breizh-info a rencontré la romancière.
Breizh-info : Anne Mesdon, vous publiez votre quatrième roman, « Une Fulgurante enfance », quelle en est la trame ?
Anne Mesdon : Un village du vignoble nantais, pendant la guerre d’Algérie. Les jeunes sont loin. Une famille espagnole a fui l’Espagne de Franco et y trouve refuge. Le père sait travailler la vigne, la mère est brisée : leur fils a été tué par la Guardia Civil. Il leur reste leur fille Mona, elle a douze ans, comme sa voisine, Hélène. « L’Espagnole » est ignorée des autres enfants, Hélène, émue, va tout faire pour l’initier à son nouveau mode de vie. Une rencontre très forte mais qui n’empêchera pas le drame…
B.I. : Dès votre premier livre « Une enfance en Pays nantais » vous avez traité de cet âge de la vie qui s’ouvre par des rites de passage. S’agit-t-il de récits autobiographiques ?
A.M. : En partie seulement. Plus dans le premier que dans « Une Fulgurante enfance » qui est largement une fiction avec, insérés, des souvenirs de mon enfance.
B.I. : On a vite fait de vous présenter comme une « auteure de romans de terroir », avec un brin de condescendance. Acceptez-vous cette catégorisation ?
A.M. : Sûrement pas. Pour deux raisons. La soi-disant « école de Brive », avec de bons façonniers, a fait des ravages en stéréotypant le genre. On trouve, à la pelle, des sous-Signol, des sous-Peyramaure. En second, je dirai qu’une auteure inconnue ne choisit pas son éditeur. Elle va à la pêche et les deux qui m’ont répondu favorablement vivent largement du roman de terroir, mais pas seulement. Ce sont des éditeurs « de province » qui travaillent aussi bien que les maisons parisiennes.
B.I. : D’ailleurs, dans « Une Affaire Nantaise » vous abordez une évocation politique et policière, dans les années 60. Cette époque vous a marqué.
A.M. : J’avais 18 ans en 1968 et je passais du village à la ville. Je travaillais à l’université. J’observais les affrontements politiques dans les facs, mais aussi les dernières heures de la classe ouvrière « ancienne », celle de la construction navale. Un autre monde, un choc, pour moi.
B.I. : En 2014, vous avez été partie prenante dans la journée d’études universitaires, consacrée au romancier américain John Dos Passos. Vous en avez tiré une évocation qui est restée confidentielle. Pourquoi ?
A.M. : Voilà bien mon souci. Ceux qui ont lu « Chemins croisés » m’ont assuré que c’était là le meilleur de mes livres. Je l’ai envoyé à plusieurs éditeurs, il m’est revenu « trop littéraire », « trop local », Dos Passos, « dépassé… ». Alors j’ai fait un compte d’auteur, 100 exemplaires, tous vendus. Allez comprendre !
B.I. : Qu’avez-vous en chantier ? En attente ?
A.M. : J’ai remis un récit sur Bruges avec une intrigue sur une ville que je pense bien connaître. J’attends. Je viens de finir un texte qui parle de l’Algérie et de la France, à travers deux femmes, dix ans après la fin de la guerre. Je vais le proposer…
B.I. : Dernière question, sans malice, vous considérez-vous comme une « écrivaine » nantaise ?
A.M. : Je suis Nantaise par mon cadre de vie. J’aime Nantes comme port d’attache. Je suis très attachée au Nantes de ma jeunesse. J’ai habité place du Pilori, connu le marché du Bouffay, il y avait une vraie vie de quartier avec des « petits » commerçants, une ambiance, une solidarité. Aujourd’hui Nantes est devenue une vitrine tournée vers la mondialité, une image qu’il faut vendre et je me demande si ceux qui y vivent s’y retrouvent bien ? Au sens strict du mot, je suis bien une écrivaine nantaise mais je n’appartiens pas au sérail. Je pense surtout à partager avec mes lecteurs les souvenirs, les impressions, d’un « petit monde » que l’écriture permet de décliner sous de multiples formes, avec la distance et la réflexion permises par le temps.
Une Fulgurante enfance, Anne Mesdon, Éditions Lucien Souny, 146 pages, 13,50 €
Crédit photo : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine