05/07/2016 – 5H45 Saint-Gildas des Bois (Breizh-info.com) –Pour la seconde année consécutive a eu lieu à Saint-Gildas des Bois, le premier dimanche de juillet, le pardon de Saint-Gildas. Lancé par le père Mickaël Bretéché – seul curé du diocèse de Nantes à porter la soutane et celui qui est probablement le plus porté vers la défense de la culture bretonne – ce pardon fait se succéder messe solennelle – en français, latin et breton – procession dans la ville, fest deizh et fest noz.
La journée avait débuté sous un temps peu clément – mais ô combien breton, avec grisaille et crachin à souhait. A peine la procession sortie de l’église, la pluie cessait. Il y avait moins de monde que l’an dernier, du fait de la météo – 400 personnes en tout, porte-bannières des cinq clochers (Saint-Gildas des Bois, Guenrouët, Notre-Dame de Grâce, Sévérac et Drefféac) et bagadoù d’Orvault ainsi que de Redon. Les reliques des saints Gildas et Hermeland étaient portées au sein de la procession. Celle-ci faisait un crochet dans le haut du bourg, avant de traverser une partie du parc de la communauté des sœurs de l’Instruction Chrétienne, installées dans l’ancienne abbaye bénédictine autour de laquelle le bourg s’est construit. Le pardon n’était plus célébré depuis la Révolution ; avant, il était traditionnellement célébré début juillet, puisqu’au XIe les reliques de saint Gildas sont arrivés un 1er juillet dans le bourg.
Dans la procession, entre les sonneurs et les porteurs de drapeaux des pays bretons ou de bannières religieuses, se mêlent des fidèles de tous horizons. Marie-Jeanne et Marguerite, la soixantaine, viennent « plutôt pour la tradition bretonne que la foi, depuis deux ans ». M. Guillevic est séduit par « l’aspect breton, même si je ne pratique pas. Je vis à Saint-Gildas des Bois depuis deux ans, je viens au pardon pour me ressourcer ; et puis ça m’aide à penser que la Loire-Atlantique, enfin le nord de la Loire-Atlantique, c’est la Bretagne ».
Jean-Yves Coquelin, paroissien de Drefféac, dirigeait à la messe les chants français et bretons, et fait partie de la cinquantaine de volontaires – dont une troupe de scouts d’Europe de Redon – qui se dévouent pour organiser la fête. « Je viens depuis le début. La tradition, c’est bien, ça permet de faire connaître aux gens nos racines bretonnes. Associer la foi et les racines, c’est une bonne idée. Les gens viennent beaucoup pour l’aspect breton, et il y a aussi des curieux qui viennent pour la messe. Dans l’église », qui était comble et pavoisée d’hermines, « la majorité des fidèles d’aujourd’hui sont venus d’autres communes, voire d’autres paroisses ». Et de Nantes même.
A l’issue de la procession, debout sur les marches de l’église, l’abbé Mickaël Bretéché rend hommage à Saint-Gildas pour le « zèle du pasteur, la science du théologien, la vie de prières du moine ». En donnant sa bénédiction, il prie « pour que nous soyons délivrés de tout mal et que la Foi refleurit sur terre ». Militant pour la reconnaissance des traditions bretonnes, il nous confiait il y a peu avoir « ressuscité ce pardon car c’est un fondement de la tradition et de la culture de nos terroirs ; la Révolution les a interdit ainsi que toute référence bretonne ». Il nous confie encore que « la foi bretonne, tout simplement », l’a poussé à organiser ce pardon l’année dernière, et à recommencer cette année.
Le temps se dégageant nettement, le fest deizh peut débuter dans l’après-midi, avec les bagadoù d’Orvault et de Redon, et des groupes comme le duo Tosser tad ha mab qui chante le kan ha diskan, des chants à danser en breton. Partout autour du bourg, le temps est gris. Il pleut sur Blain, il pleut sur Pontchâteau, il pleut à Vannes, mais le ciel est bleu et le soleil écarte les nuages au-dessus du clocher de Saint-Gildas des Bois. Sur la place se forme et se reforme sans cesse le cercle des danseurs, tandis que diverses échoppes forment dès le matin un marché traditionnel, où l’on trouve de tout, de la bière spéciale pour le pardon, la bière Sant Weltaz brassée à la Chapelle Basse-Mer, à la brasserie de la Divatte, jusqu’au vin breton des vignobles Chéneau. N’en déplaise à certains, le pays de Retz et le Vignoble, ce sont aussi la Bretagne et ils le prouvent. Il y a de la broderie, des pochettes en cuir, des drapeaux bretons, et même Eugène Riguidel, navigateur qui est venu présenter le livre qui vient de paraître et qu’il a préfacé sur la défense des menhirs de Carnac, Un menhir libre est un menhir heureux. Il a été écrit par Chantal Ferre – une des protagonistes de la lutte – et Céline Mary, professeur de lettres classiques à la retraite qui s’est inspirée de Plutarque pour son œuvre.
Alors que le soir tombe et que les religieuses ont claquemuré le portail de leur abbaye – devenue une grande maison de retraite d’un ordre religieux en déclin profond – le trio Plantec prend la suite et entraîne avec sa musique celtique électronique les danseurs jusqu’à plus de 23 heures. Ils étaient peu d’abord, ces danseurs – la plupart de la jeunesse de la commune était quelques centaines de mètres plus haut à regarder le match France-Islande, et puis la France ayant tué le suspense dès la première mi-temps, ils furent plus nombreux à mesure que la nuit tombait. Près du clocher éclairé de la vieille abbatiale, il ne restait plus qu’à l’abbé Breteché, encore actif bien qu’il ait beaucoup dansé, qu’à remercier chanteurs et bénévoles, à célébrer la communion dans la joie et l’élévation des esprits, et à bénir l’assistance. Par sa réussite répétée tant culturelle que religieuse, son affluence, le pardon breton de Saint-Gildas des Bois s’avère être une puissante œuvre apostolique – et une source de rayonnement pour la commune et sa paroisse. Rendez-vous donc l’année prochaine pour une troisième édition.
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