28/06/2016 – 07H30 Londres (Breizh-info.com) – Alors que le Brexit a été voté, la vague bien-pensante déferle dans toute l’Europe, en France particulièrement, comme en témoigne la réaction de Bernard-Henri Lévy. Tous les commentateurs politiques français sont unanimes : cette décision du peuple Britannique est un drame. Et les sondages font apparaître une fracture qui aiguise l’appétit médiatique encore plus fortement que celle entre l’Écosse et l’Angleterre, la fracture des générations.
En effet, 73 % des 18-24 ans et 62 % des 25-34 ans ont voté pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne.
À l’inverse, les 45-54 ans ont voté à 56 % en faveur de la sortie de l’UE, de même que 57 % des 55-64 ans et que 60 % des 65 ans et plus. (1)
Cette fracture est commentée à loisir par la classe politico-médiatique française, mais aussi par les nombreux commentateurs improvisés qui essayent d’expliquer ce « drame » sur leur page Facebook en accumulant les âneries gênantes.François Bayrou (MODEM) : « Quand un peuple vote contre ses enfants, il y a un mauvais signal. » (2)
François Fillon (LR) : « J’ai presque envie de dire que les jeunes devraient avoir deux voix dans un référendum sur l’UE. » (3)
En France, les anciens votent contre le Front national
29,5 % des 18-34 ans avaient voté pour le parti souverainiste au premier tour des dernières élections régionales en 2015. Chez les 25-34 ans, le vote FN représentait même un tiers (33 %) des suffrages exprimés. (4) La fracture générationnelle française est bien visible sur cette capture d’écran (5) :
Amusant donc de constater que les hommes politiques, les éditorialistes et les commentateurs du dimanche vouent aux gémonies ceux qui, en France, forment la première force d’opposition au Front national !
Une fracture ethnoculturelle passée sous silence
Il est étonnant que des fractures toutes aussi nettes que celle entre les « jeunes » et les « anciens », ne soit pas relevées par nos commentateurs avisés !
En effet l’étude menée par Lord Ashcroft Polls (1) est explicite. Outre la fracture sociale entre les « bobos » et les « ouvriers » qui est partout la même en Europe, il y a une véritable fracture entre les Britanniques de souche et les Britanniques issus de l’immigration extra-européenne.
– 53 % des votants « de souche » ont voté pour quitter l’UE.
– 58 % des votants se déclarant chrétiens ont choisi que le Royaume-Uni reprenne son indépendance.
– 67 % des votants se déclarant Asiatiques (communauté pakistanaise – extrêmement importante – incluse) ont voté pour rester.
– 73 % des votants Noirs également.
– 70 % des musulmans votant ont choisi le maintien dans l’UE.
Ce qui témoigne indiscutablement d’une belle fracture ethnoculturelle.
En s’amusant un peu, on pourrait imaginer François Fillon déclarer : « J’ai presque envie de dire que les Noirs, les Pakistanais et les Musulmans devraient avoir deux voix dans un référendum sur l’UE. »
La liberté contre la peur
Une autre leçon de l’étude menée par Lord Ashcroft Polls (1) est la différence profonde d’état d’esprit entre les votants.
Les ressorts du vote chez les partisans du Brexit
– 49 % ont déclaré que la première des raisons de leur vote était « le principe que les décisions regardant le Royaume-Uni devaient être prises au Royaume-Uni. »
– 33 % ont déclaré que la principale raison était « la possibilité pour le R.-U. de reprendre le contrôle sur l’immigration et ses frontières. »
– 13 % ont pensé que rester dans l’UE aurait signifié ne pas avoir de prise « sur la manière dont l’UE étendrait le nombre de ses membres ou ses pouvoirs dans les années à venir. »
– 6 % seulement ont déclaré que la principale raison état liée à l’économie.
Les raisons du vote chez les opposants au Brexit
– 43 % ont déclaré que leur principale motivation était liée à l’impact d’une scission avec l’UE sur l’économie, le travail et les prix.
– 31 % ont considéré que rester dans l’UE signifiait avoir « le meilleur des deux monde » puisque le R.-U. était déjà hors de l’Euro et de Schengen.
– 17 % ont voté pour le maintien dans l’UE par peur que le R.-U. « devienne plus isolé de ses amis et voisins. »
– 9 % ont déclaré « un attachement fort à l’UE et à son histoire, sa culture et ses traditions partagées par les membres. »
Voilà une autre fracture évidente : celle entre les Britanniques souhaitant reprendre leur souveraineté et ceux qui craignent les conséquences économiques d’une telle liberté.
Évidemment, jamais un tel angle d’analyse ne sera utilisée par ceux qui ont pour mission – consciente ou non – de programmer le peuple français à craindre son bien le plus précieux, son essence-même, sa liberté.
Sources :
(1) http://lordashcroftpolls.com/2016/06/how-the-united-kingdom-voted-and-why/
(4) http://www.lepoint.fr/regionales-2015/regionales-2015-comment-les-jeunes-ont-ils-vote-10-12-2015-1988904_2592.php
(5) http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/12/07/regionales-le-front-national-premier-parti-chez-les-jeunes-qui-votent_4826431_4355770.html
Crédit photo : DR
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5 réponses à “Brexit : des fractures plus médiatiques que d’autres”
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Fillon n’en est pas à une ineptie près….Et ce personnage a l’intention de se présenter à des primaires pour la prochaine élection présidentielle?
Il est bien dommage que l’auteur de cet article se vautre dans la confusion (savamment?) entretenue en France entre les « Anglais » et les « Britanniques », et ceci d’autant plus que l’article anglais d’origine mentionne le terme de britannique et non pas d’anglais.
Enfin l’article originel mentionne à la fin la différence du vote en fonction des nationalités britanniques.
L’auteur de cet article (mal) traduit voudrait-il faire croire que comme en France il n’existe qu’un seul peuple… ou étant incapable de comprendre les nuances de l’esprit britannique, il ressort de cet article que la projection…. monoculturelle de son auteur « français »?
» l’intelligence française, l’héroïsme français, la radicalité et la rationalité françaises »
Tiens donc ! Tout n’est pas à rejeter dans « l’idéologie française ».
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