26/06/2016 – 08H00 Rennes (Breizh-info.com) – Parmi les crêperies intéressantes à Rennes, il convient de retenir Ar Pillig. Située au coin des rues d’Argentré et de la Chalotais, entre République et le théâtre de la Parcheminerie, au cœur de Rennes, elle vaut le détour tant pour les crêpes que son décor.
C’est en effet un haut lieu de l’art Seiz Breur, cet art Déco breton qui s’exprima tous azimuts des années 20 aux années 40, tant dans la littérature, le dessin, la sculpture que la céramique, l’architecture ou encore la faïence. Un art qui est aussi une union d’artistes. Nationaliste – vigoureusement bretonne et celte – à la fois épurée et généreuse, moderne et traditionnelle, protéiforme, traversée par les interrogations et les épreuves de son époque, auxquelles elle ne résistera pas. La Seconde Guerre mondiale aura raison des Seiz Breur qui choisissent des camps différents.
Leur œuvre reste. Dans l’art religieux, comme la chapelle Sainte Anne de Sainte-Anne sur Brivet, œuvre de René Ménard, auquel on doit aussi le mémorial de Sainte-Anne d’Auray, et qui fit dans la petite commune de Loire-Atlantique la dernière chaire extérieure installée en Bretagne, en 1925. Mais aussi dans l’art profane.
Les deux salles de la crêperie Ar Pillig sont décorées en 1943 d’un très beau décor en bois sculpté, signé par Jorj Rual, René-Yves Creston et Jean Goron. Des scênes champêtres sont peintes au plafond. Les panneaux représentent des scènes de la légende arthurienne, mais aussi de la mythologie celtique : le dieu-cerf Cernunnos , la flore et la faune mythologique, des scènes du chaudron de Gundestrup. Des blasons représentent aussi les métiers et les arts, ainsi qu’une maison d’éditions bretonne.
En 1943, le mouvement Seiz Breur a vingt ans, qu’il fête en grande pompe dans une galerie rennaise. Il est à son apogée… et si près de la chute, précipitée par la guerre. René-Yves Creston (1898-1964) compte parmi les fondateurs du mouvement Seiz Breur en 1923. Fervent militant breton, il choisit la Résistance pendant la guerre, alors que d’autres de ses camarades d’art choisissent la collaboration ou ne s’engagent pas. Tout à fait ignoré à Saint-Nazaire, cet artiste exceptionnel a fait l’objet d’une exposition temporaire l’été dernier au musée des Marais Salants de Batz-sur-Mer. Il exécute la décoration de la crêperie Ar Bilig avec deux autres comparses. Jorj Rual (1901-1986) est le mieux connu. Il a débuté chez le très réputé décorateur Ruhlmann à Paris. Revenu à Rennes au sein de l’entreprise familiale, il continue à concevoir des meubles et à sculpter le bois. Il intègre les Seiz Breur en 1932 et adhère à la coopérative artisanale de Bretagne en 1942. Jean Goron est lui aussi sculpteur sur bois et décorateur. Proche des Seiz Breur, il collabore avec Joseph Savina et Jacques Philippe dans les années 1930. Il continue après la guerre à réaliser des meubles dans un style celtique épuré.
Après avoir apprécié le décor, on peut passer à l’assiette. Les produits sont bio – tant le cidre que les crêpes ou les galettes – et bons. Des recettes traditionnelles, avec andouille ou poulet fermier, méritent d’être goûtées. Pour le prix, il faut compter entre 3 et 10 € pour une galette et entre 3 € et 6,50 € pour une crêpe.
Ar Pillig http://www.creperie-rennes-
Ouvert du lundi au samedi de 12h à 14h et de 19h à 22h30.
Crédit photos : breizh-info.com
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2 réponses à “Ar Pillig à Rennes : crêpes bio dans un magnifique décor Seizh Breur”
« Pilig » étant féminin, on dit « ar bilig » en breton…Du même tonneau que « mat kalon » ou « ma kibell » : quand le breton peut être torturé sans vergogne pour servir d’alibi localiste à des entrepreneurs irrespectueux de la langue.
Pillig en breton = plaque sur laquelle on fait des crêpes. Les propriétaires de cette crêperie semblent ignorer que le mot « pillig » précédé de l’article « ar » mute pour devenir « billig ». On ne dit pas « ar pillig » mais « ar billig ».