Michel Garandeau est un ouvrier des chantiers navals de Saint-Nazaire. Pendant une pause, un flash radio lui apprend que les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) sont à l’origine du rapt d’un groupe de touristes sur le site précolombien de Ciudad Perdida. De retour chez lui, les journalistes font le siège de son domicile. Un coup de fil du ministère des affaires étrangères confirme ses craintes : parmi ces otages figure Étienne, son fils âgé de 23 ans, qui venait de finir ses études. Le souvenir de Tintin et le temple du soleil, que son fils avait si souvent lu dans sa jeunesse, l’avait attiré en Amérique du sud. N’ayant aucune confiance dans les démarches diplomatiques, Michel décide d’enquêter lui-même sur place. Mais il ne parle pas l’espagnol et n’a même jamais pris l’avion. Il tient un journal qui décrit l’évolution des sentiments qu’il éprouve à l’égard de son fils, de l’incompréhension à la culpabilité. A force de détermination, il retrouve progressivement la trace de son fils. Il rencontre Vania, la petite amie brésilienne d’Etienne. Se sentant coupable d’avoir délaissé Etienne, celle-ci décide de l’accompagner dans ses recherches. Ensemble, malgré les risques, ils se rendent sur les lieux de l’enlèvement, à la Ciudad Perdida…
Serge Perrotin, scénariste de la bande dessinée Au nom du fils, imagine ainsi qu’un breton en voyage en Colombie est enlevé par un groupe révolutionnaire marxiste. Contrairement à la première piste, il ne s’agit pas des Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) mais de l’Armée de libération nationale (ALN). Serge Perrotin ne réalise pas une BD d’aventures. Son propos n’est pas d’imaginer comment le père, tel un « Rambo », va tirer son fils Serge Perrotin des griffes de la guérilla marxiste. Il se focalise en réalité sur la psychologie du père qui, n’ayant aucune confiance dans les démarches diplomatiques des autorités françaises, part seul à la recherche de son fils. Apprenant à mieux se connaître, il commence à s’interroger sur l’éducation prodiguée à son fils.
Il va même découvrir que le monde ne tourne pas autour des luttes syndicales mais de l’identité. C’est l’occasion, pour le scénariste, de nous faire découvrir Les Kogis. Ce peuple amérindien de Colombie vit en totale autarcie et fuit la civilisation occidentale. Selon leurs croyances, Les Kogis se sentent « gardiens de la Terre », qu’ils considèrent comme sacrée. Ils vénèrent la nature et pensent que l’espèce humaine n’est que l’un de ses éléments.
Le coup de crayon épuré, doux et expressif de Clément Belin, qui parcourt le monde au sein de la marine marchande, apaise le ton parfois dramatique du récit. Sa colorisation pastel, insistant au fil des pages sur la verdure des paysages de la forêt colombienne, apporte une certaine quiétude.
Cette bande dessinée a fait l’objet d’une adaptation à la télévision. Egalement intitulé Au nom du fils, ce téléfilm d’Olivier Péray a été diffusé sur Arte, en janvier 2016. Les scènes de chantier ont été tournées à Brest.
Kristol Séhec
Au nom du fils, 96 pages, 18 euros, Editions Futuropolis.
Crédit photos : DR
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