16/06/2016 – 05H00 Marseille (Breizh-info.com) – Le Courier de Russie a publié un article, mardi 14 juin, intitulé « Euro 2016, les incidents de Marseille vus par un supporteur russe » . Le témoignage du supporteur russe dresse un portrait au vitriol de la gestion des incidents en marge d’Angleterre-Russie, à Marseille, par les forces de l’ordre. Durant trois journées, des bagarres et des violences ont opposées des supporteurs russes, anglais, marseillais, mais également des « jeunes » des cités de Marseille descendus sur le vieux port. Le bilan fait état de plusieurs blessés (dont un anglais toujours entre la vie et la mort), et d’assez peu de supporteurs arrêtés vue la teneur des incidents. Certains ont d’ailleurs « payé » pour tout le monde, puisqu’un supporteur anglais est parti en prison 3 mois pour…. un jet de gobelet en plastique sur un policier .
« A Marseille, le tout ressemblait tellement au film Taxi et autres comédies sur la police française : les CRS qui sortent des camions en courant avec des boucliers, le regard effrayé, à se rentrer les uns dans les autres, à tomber. Les flics ordinaires se tenaient juste sur le côté, à regarder. Il paraît qu’ils aiment pas trop les Rosbifs, et qu’ils ont juste fermé les yeux pendant que les Russes leur réglaient leur compte.» déclare-t-il avant de souligner l’efficacité des forces de l’ordre russe dans le même genre de situation « les OMON russes (NDLR : forces anti-émeutes) auraient dispersé tout le monde vite et violemment – ils auraient enchaîné les plus excités du premier rang et tout se serait terminé très vite. Mais la France n’est pas prête à ça.»
Ce témoignage s’additionne avec de nombreux autres que nous avons pu recevoir, de policiers totalement dépassés et pas bien formés au maintien de l’ordre face à des supporteurs aux comportements parfois belliqueux. « À l’entrée du stade, pareil – certains ont été fouillés comme il faut, d’autres, très moyen. On aurait pu rentrer n’importe quoi.» poursuit le supporteur russe. La presse anglaise a d’ailleurs dénoncé elle aussi la débandade des autorités françaises et de l’UEFA.
A Nice, lors d’un bref mais violent incident entre supporteurs niçois et supporteurs nord-irlandais, les forces de l’ordre ont laissé un groupe de supporteurs se rapprocher en toute tranquillité des fans avec qui ils voulaient en découdre. « Un simple contrôle d’identité et une demande de circuler, effectués 50 m avant que les supporteurs niçois arrivent sur la place, auraient permis d’éviter l’incident », rapporte notre journaliste présent sur place. « En France, il n y a aucune culture de gestion de la foule et de ces hostilités, comme cela peut exister en Angleterre avec tact, dans les Pays de l’Est avec force ». C’est pourtant un bar qui se retrouve sous le coup d’une fermeture administrative après ces incidents,
A Nice comme à Marseille, les autorités n’assument en effet nullement leur gestion calamiteuse de l’ordre public. Chef de la division nationale anti-hooliganisme, le commissaire Boutonnet est même aller jusqu’à déclarer que les incidents à Marseille ne constituaient pas un constat d’échec pour les autorités. « Il n’y a pas de constat d’échec dans la mesure où l’intervention rapide et efficace des forces de l’ordre a permis de circonscrire les incidents dans le temps et dans l’espace » a-t-il déclaré. Ces déclarations ont fait grincer des dents les observateurs, journalistes sportifs ou simples spectateurs, pour qui, dans n’importe quel travail, une faute professionnelle de cet ordre ne pardonne pas.
Joint par téléphone, un policier, qui a travaillé à l’encadrement des supporteurs, est tout simplement consterné : « Aucune leçon n’a été retenue depuis 1998 » dit-il en évoquant les évènements de Marseille d’alors. « J’ai visionné les images. Ca n’est quand même pas difficile de cerner physiquement 80 hooligans qui sèment le chaos à Marseille et de les garder au frais toute la journée, tout en s’occupant ensuite des Anglais. Mais beaucoup de collègues ont peur, et c’est légitime, car ils ne reçoivent pas les bons ordres du commandement. C’est le commandement qui est défaillant, par l’organisation sur le terrain qui n’est composée que d’exécutants ».
Notre contact évoque également « l’hypocrisie » autour des débits de boisson : « vous croyez vraiment qu’on peut mettre un policier derrière chaque supporteur qui arrivera avec son pack de bière ? Tout cela n’est vraiment pas sérieux et cela peut rapidement énerver une foule, comme le fait d »user de gazs lacrymogènes à tout va. Avec le gaz, vous rendez violent des gens qui ne l’étaient pas spécialement. Le soucis principal, c’est de canaliser et d’encadrer les potentiels fauteurs de trouble, y compris préventivement. Encadrer un bar ou alors interpeller préventivement des individus identifiés, par leur look et par leur attitude, c’est possible, encore plus en état d’urgence. Les Russes arboraient des t-shirts qui ne laissaient aucun doute sur leurs intentions. Mais enfin, comment croyez vous qu’ils procèdent dans les Pays de l’Est, en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas ? Nous sommes vraiment à la ramasse en France ».
Un témoignage cinglant, là encore, sur la faillite du maintien de l’ordre en France. La gestion très controversée des violences (et des réponses judiciaires apportées) en marge des manifestations contre la Loi Travail, le manque de volonté manifeste à prendre des mesures fortes permettant d’anticiper la propagation de l’islamisme armé en France – comme le montre l’assassinat d’un couple de policiers par un individu déjà condamné pour islamisme – suscitent des inquiétudes légitimes au sein de la population française, dont le premier droit constitutionnel est celui à la sécurité, sous peine de rendre la gouvernance du pays illégitime.
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Une réponse à “Hooligans à l’Euro 2016 : un supporteur russe évoque l’incompétence de la police à Marseille”
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