Donald Trump : « l’Amérique paralysée ». Son programme enfin traduit en Français

11/06/2016 – 08H00 Ney-York (Breizh-info.com) –Les éditions du Rocher viennent de publier un livre particulièrement attendu : il s’agit de « l’Amérique paralysée » , livre programme de Donald Trump. Ils sont nombreux, les politiques et les journalistes en France, à s’être beaucoup répandus, alarmés au sujet de l’ascension du candidat Républicain à la Maison Blanche, donné favori devant Clinton dans plusieurs sondages. Ils n’avaient pourtant pas, jusqu’à début juin, eu l’occasion de lire son programme politique pour l’Amérique.

Dans l’Amérique Paralysée, on y retrouve le Donald Trump narcissique, presque obsédé par sa réussite et son ego, que l’on nous a décrit depuis de longs mois. Ne faut-il pas l’être pour postuler à la présidence des Etats-Unis d’Amérique ? Il ne s’agit pas là d’un poste d’employé de bureau.
Dans la préface, où il explique son parcours et les raisons de sa candidature, Donald Trump conclut par : « il est grand temps que nous soustrayions l’Amérique à l’emprise du désespoir et de la colère et que nous la mettions sur le chemin du bonheur et de la réussite. Je suis convaincu que c’est possible, que nous y arriverons ». 

Dans le premier chapitre intitulé « gagner à nouveau », Donald Trump évoque le traité sur le nucléaire avec l’Iran comme un des pires accords de l’histoire des Etats-Unis, tout en critiquant la politique d’asile aux Etats-Unis vis à vis de la Syrie « ce qui revient à envoyer aux membres de Daech une invitation personnelle à venir vivre chez nous et tenter de détruire notre pays de l’intérieur ». Il s’en prend ensuite aux médias, aux « experts », au Sénat américain, promettant de faire table rase de certaines attitudes, rappelant qu’il « ne joue pas le jeux du statu quo habituel ».

« Je suis l’homme que les médias adorent détester depuis un bout de temps » écrit-il dans le deuxième chapitre intitulé « notre presse politique « neutre » ». Donald Trump explique que les médias ont besoin de lui pour réaliser leurs meilleures audiences, même si une bonne partie le détestent et sont malhonnêtes avec. Trump cite d’ailleurs l’annonce de sa candidature présidentielle, durant laquelle ses propos sur les immigrés ont été déformés. Parlant des problèmes à la frontière avec le Mexique, il avait déclaré : « ils nous envoient des gens qui ont beaucoup de problèmes et qui emmènent leurs problèmes avec eux ». La presse avait rendu compte en disant que Trump affirmait que « tous les immigrés étaient des criminels ». Du côté de la France, ces procédés de désinformation sont bien connus. S’insurgeant contre les procès d’intention qui lui sont faits, il explique sa réussite dans les affaires – une réussite qu’il veut transposer à la gestion d’un pays – par le fait d’avoir embaucher les meilleurs, de les avoir bien rémunéré et de continuer à les faire travailler pour lui. Concernant les médias il déclare : « il y a une telle concurrence qu’ils sont plus préoccupés par l’idée d’amuser leur audience que de l’informer. Ils m’aiment parce qu’ils attirent davantage de spectateurs. Ils me détestent parce que je n’ai pas besoin d’eux».

Concernant l’immigration, « les bons murs font les bons voisins » selon Trump, qui, si il veut mener une lutte acharnée contre l’immigration clandestine, déclare : « je ne veux pas mettre un terme à l’immigration légale dans ce pays. En fait, je voudrais réformer et augmenter l’immigration d’une certaine façon ». Sa politique d’immigration – présentée en France comme extrémiste – ressemble d’ailleurs à celle prônée fut un temps par Nicolas Sarkozy (immigration choisie).

Sur la politique étrangère, sujet qui intéressera les Européens au plus haut point, Donald Trump veut maintenir les USA en tant qu’armée la plus forte du monde, et indique : « si nous devons continuer à être le gendarme du monde, alors le monde devra nous financer ». Il vise particulièrement là l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe mais aussi l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, qui selon lui « n’offrent rien en retour de la protection dont ils bénéficient ». « Il est grand temps que le reste du monde paie sa part de manière équitable, et si j’ai mon mot à dire, il la paiera ! » ajoute-t-il.
Fustigeant la guerre en Irak, « pas une menace pour nous », Donald Trump explique que ses règles d’engagement dans un conflit seront déterminés par la « menace directe pesant sur nos intérêts nationaux ». Il souhaite par contre envoyer des troupes au sol combattre Daech et réduire à néant les puits de pétrole Irakiens qui permettent le financement des islamistes. Méprisant « l’Iran des fanatiques religieux » qui « sera notre ennemi et une menace pour Israël » , Donald Trump affirme par ailleurs : « j’ai toujours aimé et admiré le peuple juif et soutenu la relation spéciale que nous avons avec Israël. Le prochain président doit rétablir cette traditionnelle et solide alliance ».
Sur la Chine, Donald Trump veut rééquilibrer les rapports économiques et entamer de nouvelles négociations avec cet « adversaire» et faire valoir ses intérêts face à la Russie : « je ne comprends toujours pas pourquoi l’Allemagne et d’autres pays ont observé passivement la Russie de Poutine lorsque celle-ci pénétrait en Ukraine ». Il avait toutefois confié avoir beaucoup d’admiration pour Vladimir Poutine.

Sur l »Education, Trump envisage une réforme radicale du système scolaire américain (26ème système d’éducation dans le monde) par une libéralisation des écoles (libre choix des établissements), par une remise au centre de la discipline et de l’apprentissage des fondamentaux. « Il faut apprendre à nos enfants à gagner et à réussir ». Il souhaite par ailleurs fédéraliser le système scolaire, en transférant les compétences aux Etats ainsi qu’aux municipalités.
Sur l’Energie, le candidat Républicain veut casser le monopole de l’OPEP sur le pétrole, accélérer le forage et la fracturation hydraulique aux Etats-Unis afin de récupérer toujours plus de pétrole et de gaz et par là même d’autonomie. Le tout sans toutefois investir dans la recherche d’énergies alternatives, un domaine dans lequel le candidat semble à court d’idées.
Sur la Santé, il souhaite maintenir la Sécurité Sociale américaine et les prestations d’assurance-maladie, tout en réformant profondément le système de santé, en dégraissant l’administration au profit des personnels médicaux, et libéraliser le système d’assurance privée en le rendant national et non plus fédéral, pour accroitre la concurrence et, selon lui, faire chuter les prix.

Fervent partisan du droit de porter une arme, et du second amendement de la Constitution américaine, Donald Trump est également, en bon libéral, partisan de la liberté religieuse totale, ou encore du développement de l’industrie du cannabis thérapeutique (il était d’ailleurs le seul à le défendre dans le camp républicain). Il souhaite enfin dégraisser le code fiscal américain. Opérer un gros coup de rabot pour les sociétés, qui se verraient au maximum taxées à 15%, contre 35% aujourd’hui. Limiter le taux maximal d’imposition à 25% pour les plus riches. Et supprimer purement et simplement l’impôt sur le revenu pour les individus qui gagnent moins de 25 000 dollars par an – un peu moins de 23 000 euros

En résumé, Donald Trump propose de gérer les Etats-Unis comme l’on gère une multinationale. Adepte du libéralisme, que cela soit sur le plan des valeurs, des libertés individuels des américains, comme de l’économie, il s’affiche toutefois comme protectionniste vis à vis de l’extérieur. La lecture de son programme – dont la traduction se révèle assez moyenne, à moins que Donald Trump s’exprime parfois en argotant – nous amène à découvrir un personnage somme toute assez classique au niveau de la pensée de droite libérale. Un homme « fort en gueule », ayant réussi une brillante carrière de chef d’entreprise, milliardaire, provocateur, mais bien loin du « dictateur » dont certains médias se sont fait l’écho.

Au delà de son programme pour l’Amérique – qui ne nous regarde fondamentalement pas pour l’Europe et ses intérêts, Donald Trump à la Maison Blanche serait nettement moins interventionniste et sans doute moins nocif qu’un Georges Bush, qu’un Clinton ou qu’un Obama.

Donald Trump – L’Amérique paralysée – éditions du Rocher – 16,9€

Crédit photo : DR
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