04/06/2016 – 06H00 Vannes (Breizh-info.com) – Jacques Le Nay (UDI), maire de Plouay, est un vieux de la vieille. Il a tout fait ou presque : maire, conseiller général, député, président de l’association des maires du Morbihan, président de la fédération du Morbihan de l’UDI, président de la communauté de communes de Plouay. Le parfait notable à l’ancienne, professionnel du cumul, puisqu’il a effectué quatre mandats de député, deux de conseiller général, un comme conseiller municipal, deux comme adjoint, un troisième est en cours en tant que maire.
Mais les meilleures choses ont une fin. Sentant sa réélection comme député de la circonscription d’Hennebont-Gourin compromise en juin 2012, il avait tenté de se recycler au Sénat – le Palais du Luxembourg manquait à sa carte de visite ! Faisant équipe avec François Goulard (alors député) et Joseph Kerguéris (sénateur sortant et président du conseil général), il avait échoué dans sa reconversion. Tous les trois avaient été battus. Il est vrai que la gauche présentait trois candidats appréciés par la « base » : Joël Labbé (EELV), Michel Le Scouarnec (PCF) et Odette Herviaux (PS) ; cette dernière avait même réussi l’exploit dêtre réélue dès le premier tour.
Effectivement, Jacques Le Nay avait vu juste en tentant de se recaser au Sénat. Arrivent les législatives de juin 2012 ; il est battu au second tour par un nouveau venu, Philippe Noguès (PS), adjoint au maire d’Inzinzac-Lochrist, qui le devance de 1652 voix (28 726/27 074). Après ces deux échecs, il quitte l’UMP et rejoint l’UDI dont il devient le président de la fédération du Morbihan. Mais il ne renonce pas à redevenir parlementaire ; il vient donc d’annoncer qu’il sera candidat aux élections sénatoriales de septembre 2017 ; il aura alors 68 ans. « Je me prte candidat à la candidature pour conduire une liste centriste dans le Morbihan », annonce-t-il (Ouest-France, Morbihan, 19/05/2016).
Le changement de mode de scrutin pourrait lui faciliter la vie. En effet, on passera du scrutin uninominal majoritaire au scrutin de liste à la proportionnelle. Dans ces conditions, s’il occupe la première place sur la liste UDI, son élection peut ne présenter aucune difficulté. Sinon, en cas de liste unique à droite, il peut exiger de ses coéquipiers L-R une place éligible. Reste à s’imposer comme le leader de l’UDI dans le Morbihan. Jacques Le Nay, président de la fédération du Morbihan s’était attelé à la tâche en « fabriquant » des adhérents. À coup sûr le meilleur moyen pour gagner des élections internes. « Il y a eu, dans les derniers quinze jours de décembre, des adhésions nouvelles et massives laissant craindre des opérations et adhésions douteuses », a annoncé Jean-Christophe Lagarde, le président national de l’UDI (Ouest-France, 16,17/04/2016). C’est certainement ce qui explique la décision de M. Le Nay de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat de président en juin 2016.Mais le renoncement n’est jamais total chez le maire de Plouay puisqu’un mois plus tard il annonce qu’il se verrait bien sénateur.
A moins que l’objectif premier de Jacques Le Nay soit de barrer la route à un autre centriste qui lorgne, lui aussi, vers le Sénat. Il s’agit d’un énarque nommé Gilles Dufeigneux qui fut conseiller régional de Bretagne et conseiller municipal de Vannes. Mais des problèmes personnels – en septembre 2010 il avait dû démissionner de son poste de chef de cabinet de François Fillon à Matignon après avoir été contrôlé en état d’ébriété au volant de sa voiture – lui valurent une «interruption» de carrière. L’ancien maire de Vannes, François Goulard, lui avait demandé de démissionner de son mandat de conseiller municipal. Bénéficiant d’une mesure de clémence de la part de David Robo, successeur de François Goulard, on le retrouve conseiller municipal de Vannes en mars 2014. Mais aux élections régionales de décembre 2016, il ne figurait pas sur la liste de Marc Le Fur.
En lisant entre les lignes, on comprend où veut en venir Jacques Le Nay lorsqu’il déclare : « J’ai réussi à fédérer les partis fondateurs de l’UDI dans le département mais tout n’a pas bien fonctionné. Car notre délégué départemental Gilles Dufeigneux n’a pas joué son rôle d’animateur. Il serait sage qu’il se retire comme moi. » (Ouest-France, Morbihan, 9 -10/04/2016). On peut résumer la pensée de Le Nay en quelques mots : tout sauf Dufeigneux…
B. Morvan
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