31/05/2016 – 07H30 Rennes (Breizh-info.com) – Philippe Jolivet est le président de l’Union des entreprises 35, qui représente l’interprofession (en grande partie les fédérations professionnelles) en Ille et Vilaine dont le Medef. Les adhérent de l’UDE 35 sont à 90% des PME. Nous l’avons interrogé sur le mouvement de contestation sociale actuellement en cours, sur la loi Travail, sur le syndicalisme en France.
Breizh-info.com : La loi Travail est-elle une bonne loi ? Dans l’affirmative ou la négative , pour quelles raisons ?
Philippe Jolivet : Nous avons besoin que l’entreprise s’adapte à l’économie d’aujourd’hui, à la demande de ses clients, aux aspirations des salariés et des entrepreneurs a modifier leur façon de travailler, de consommer. Toute loi qui permet de fluidifier le travail est pour nos organisations une avancée et nous sommes preneurs de simplification et d’adaptation.
Breizh-info.com : Depuis des mois, la colère monte, les blocages et grèves s’intensifient, et désormais, il semblerait qu’une majorité de Français soutiennent ce mouvement. Votre réaction ?
Philippe Jolivet : Vous avez raison ; depuis des mois il y a une désespérance de la majorité des Français, qui pour certains ne retrouvent pas ce pour quoi ils avaient déposé un bulletin de vote dans l’urne, et d’autres qui s’estiment toujours les sacrifiés. Tous ayant en commun un rejet de la façon dont la politique est pratiquée dans notre pays. Est-ce une raison pour qu’une minorité décide pour la majorité ? Est-ce une raison pour mettre en difficulté nos commerçants et traumatiser leurs salariés ?
Breizh-info.com : Que doit faire le gouvernement aujourd’hui selon vous ?*
Philippe Jolivet : Chacun son travail.
Breizh-info.com : Comprenez vous les inquiétudes de salariés qui n’ont pas envie de devoir travailler 60h sans être payés en conséquence, de devoir être toujours plus souples ? Certains secteurs comme par exemple l’hôtellerie-restauration ne sont-ils pas la preuve qu’il est particulièrement difficile pour les salariés de se faire respecter ?
Philippe Jolivet : Est-ce une question ou bien est-ce votre position ? Les principaux défauts de cette loi sont : aucune pédagogie , aucune communication avant que ne sortent , de façon illégale d’ailleurs, les premières épures. De ce fait on entend n’importe quoi, la loi ne permet pas 60 heures ce qui est illégal par rapport à la loi actuelle, française et européenne (46 heures). Les mesures qui touchent le travail sont forcément importantes pour chacun. Encore aujourd’hui, notre vie est organisée autour de celui-ci, même si les jeunes générations modifient profondément les priorités des différents temps de vie. Est ce une régression de vouloir permettre à des salariés de pouvoir changer le carcan de 50 ans de code du travail et de convention collective ? Est ce anormal d’adapter plus finement ma PME , de lui permettre de s’adapter ?
Pour nous non, mais cela s’explique, se discute.
C’est bien la faillite de la méthode Hollande.
Et quand on ne le fait pas , on entend tout et n’importe quoi sur le contenu de cette loi et des généralisations sorties du contexte.
J’aurai à mon tour une question : comprenez vous l’inquiétude des gens qui n’ont pas de travail ?
Breizh-info.com : Le syndicalisme, patronal ou salarié, est il encore représentatif en France, des patrons et des salariés ?
Philippe Jolivet : Pour que le système social évolue il faut créer des lieux où l’ensemble des parties prenantes puissent se concerter. Le modèle français a été crée il y a maintenant 70 ans, il doit évoluer, se réformer. Le syndicalisme salarié est peu implanté dans ce qui représente le terreau de l’économie : les PME. De plus ses adhérents travaillent surtout dans la Fonction publique.
Les syndicats négocient avec des structures patronales centralisées, elles aussi souvent éloignées du terrain de la PME et dont les missions sont de la négociation de l’évolution de nos systèmes centraux : par exemple comment mettre les régimes de retraites à l’équilibre et arrêter d’emprunter sur le dos de nos enfants ou petits enfants ?
Enfin nos députés s’arrogent des intromissions dans ce domaine social . Quelle pertinence peuvent avoir 5.000 amendements sur une loi , élaborée par le gouvernement et les partenaires sociaux , passée en commission paritaire ?
Un exemple : il existe des associations de médecins créées par les employeurs (il y a 70 ans) pour assurer, comme le demande la loi, que le travail fourni n’entache pas la santé des salariés et que ceux ci soient aptes à exercer le travail proposé. Où est la pertinence dans l’amendement d’un député demandant à ce que la présidence de ces associations soient tournantes, entre salariés et médecin?
Oui notre système social doit se réformer, redonner une base et légitimité aux structures qui le composent, séparer le social du politique
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