30/05/2016 – 04H30 Orléans (Breizh-info.com) – Dans la nuit du 23 au 24 mai 2016, un engin explosif a éclaté devant le siège de la société de prospection Variscan Mines à Orléans. L’engin explosif artisanal a soufflé plusieurs vitres, projetant des éclats à dix mètres, mais n’a blessé personne. L’attentat a été revendiqué par un collectif breton jusqu’ici inconnu, Ni Hon Unan et dont le communiqué laisse penser qu’il a des liens avec l’extrême-gauche bretonne.
Quelques jours après l’attentat, nous avons rencontré Patrick Lebret, géologue chez Variscan. La société détient plusieurs permis de recherche en Bretagne où elle recherche du tungstène et du germanium, qui sont des minerais stratégiques, utiles dans les technologies de la communication ou encore l’aviation. Il nous a donné son point de vue sur cet attentat qui a touché sa société et des nouvelles sur l’avancement de la prospection minière en Bretagne.
Pour l’heure, les recherches sont à un stade très éloigné de l’exploitation éventuelle d’une mine, puisque les ingénieurs de Variscan étudient les archives existantes – par exemple les sondages qui ont déjà été faits par le passé dans la région par le BRGM – et commencent à étudier les anomalies géophysiques voire à prélever des échantillons de sol en surface, comme le font les agronomes.
Selon les territoires, Variscan reçoit un accueil plus ou moins bon. « Dans le centre-Bretagne, c’est clair, il y a des gens qui ne veulent pas nous voir, notamment sur les zones de Loc-Envel et Silfiac », nous explique Patrick Lebret. Le second permis de recherches minières s’étire au nord et au sud de Silfiac, de Plouguernevel à Melrand. Le premier est un triangle s’étendant grossièrement de Calanhel à Plésidy, jusqu’à Louargat, avec comme centre de la contestation le bourg de Plougonver, où s’est créé le collectif Douar didoull. Ce dernier cultive des attaches assez nettes avec l’extrême-gauche notamment le groupuscule Breizhistance, qui cultive un indépendantisme breton très fortement teinté d’esprit antifa et révolutionnaire.
« On a eu effectivement à Loc-Envel des gens qui en réunion publique nous ont bien fait comprendre qu’ils ne voulaient pas nous voir chez eux. Quant à Merléac [situé dans la même zone, ce permis de recherches s’étire en biais de Saint-Gelven à Moncontour], ça se passait plutôt bien, mais il y a aussi des gens qui commencent à pousser pour nous faire gicler, en faisant pression par exemple sur les gens qui nous ont donné le droit de travailler sur leurs terres afin qu’ils nous retirent ces autorisations ». En revanche, sur les autres permis bretons de Variscan, les équipes sont bien reçues et travaillent dans une bonne ambiance.
Pour Patrick Lebret, «cet attentat ne porte pas de message politique. Ce qu’on a compris, c’est qu’on avait des délinquants contre nous. Des terroristes même, puisqu’il y a un engin explosif. Et ce n’est pas un pétard du 14 juillet ». L’entreprise n’interrompra pas ses travaux en Bretagne, « mais ceux de nos collaborateurs qui refuseront d’y aller le pourront ». C’est ce que confirme aussi Michel Bonnemaison, directeur adjoint de Variscan, que nous avons joint par téléphone. « J‘ai des responsabilités en tant que dirigeant, et notamment celles de protéger mes employés. Quand il se passe un truc comme ça, effectivement je préfère que mes jeunes aillent ramasser des cailloux à 300 km de là. C’est une mesure à court terme, en attendant que ça s’apaise ».
S’attaquer à la recherche : un « refus de savoir » qui surprend
Patrick Lebret, géologue chez Variscan, est tout de même interpellé par l’attentat. « Nous faisons de la recherche géologique appliquée, ce qu’est la recherche minière. Quand on voit les arguments qu’on nous oppose, quand on voit que certains sont prêts à poser des bombes, ça interpelle. Le fait que la recherche suscite tant de refus, tant d’obscurantisme, tant d’ignorance, cela m’interpelle. Qu’on ait remplacé le principe de précaution par le principe d’ignorance, cela m’interpelle. Qu’on se retrouve face à un refus net de la démocratie, à un refus net de savoir – et en plus ça ne coûte rien au contribuable breton ! – oui, cela m’interpelle. »
Certains s’opposent à la recherche minière car elle pourrait, selon eux, endommager les milieux naturels. « Faut arrêter les conneries ! », s’exclame Patrick Lebret. « La forêt de Loc-Envel est domaniale. Il y a 20 ou 30 ans Elf a fait 60 à 80 forages à 80 m de profondeur, c’est comme ça qu’on sait qu’il y a du tungstène dans le coin, et quand on voit la forêt aujourd’hui, les conséquences ne devaient pas être si graves ! Et à Merléac, c’est le BRGM qui en a fait plus de 40, dont il ne reste d’ailleurs que trois carottes qui ont été conservées ».
Pour l’instant, Variscan n’a fait que des prélèvements de terre en surface, comme le font les agronomes. « Si ça fait tellement de dégâts, autant supprimer l’agronomie ! », remarque Patrick Lebret. L’analyse de ces prélèvements permet d’identifier des anomalies – de la rouille par exemple – ou encore rechercher s’il y a des traces de métaux divers dans la terre, « ça se mesure en partie pour millions, en pouillèmes si on veut », remarque-t-il. Il y a eu aussi de la géophysique aéroportée, avec un hélicoptère qui survolait la zone, en été, portant une antenne destinée à mesurée les anomalies géophysiques du sol : une centaine de zones ont été relevées dans le secteur de Merléac, si on prend comme référence le site de Porte-aux-Moines.
Après seulement, selon les résultats des prélèvements et de la géophysique aéroportée, des carottages – des forages à plusieurs dizaines de mètres de profondeur – sont prévus dans les zones les plus intéressantes. « Mais on est très très loin d’ouvrir une éventuelle mine. Sur chaque site qu’on a choisi, il faut savoir qu’il y a seulement 10% de chance de réussite, et que la phase de recherche est très longue. Il ne faut surtout pas refaire les erreurs du passé, quand on se lançait dans l’exploitation sans rien connaître des capacités du site, des possibilités économiques, de la zone où s’étendait le ou les filons, des possibilités d’extension etc. et où on s’organisait toujours trop grand ou trop petit, mais jamais de façon adaptée au site ».
L’enjeu de l’avenir : que veut-on pour le centre-Bretagne ?
« Il faut quand même garder à l’esprit que nous faisons de la recherche qui apporte du savoir et ne coûte rien au contribuable, puisque ce sont nos actionnaires australiens qui la financent », nous explique Patrick Lebret. « Et à l’avenir, si jamais on ouvre quelque chose, ce dont on est très loin, ce seront des emplois sur place, mais aussi la possibilité de développer une industrie sur place ». Quand le minerai vient d’ailleurs, il est aussi transformé et utilisé ailleurs. Derrière le tungstène, il y a la possibilité de pérenniser les emplois existants – par exemple dans l’aviation ou la défense – dans les industries qui l’utilisent, mais aussi reconstruire une filière industrielle française de transformation, et de production par exemple d’outils de forage ou de machines-outils, grandes consommatrices de tungstène.
« La question centrale, c’est ce qu’on veut comme avenir », continue le géologue. « Nous, on voit bien que les territoires où l’on intervient en Centre-Bretagne, les Merléac, Silfiac, Loc-Envel etc. ce sont des territoires qui crèvent la gueule ouverte, ou l’emploi s’est cassé la gueule et qui n’attirent pas ».
Et même si Carhaix tient maintenant son « miracle économique » avec l’irruption du géant chinois dans le lait, Synutra, quelles garanties que celui-ci reste dans la durée, une fois qu’il aura acquis la technologie, et que les chinois auront trouvé plus près de chez eux – pourquoi pas chez les russes qui inaugurent chaque mois des fermes laitières géantes et ultra-modernes – des fournisseurs de lait en poudre de qualité ?
« On voit en revanche que ceux qui s’opposent à nos travaux sont ceux qui en ont le moins besoin, d’emplois. Soit ils sont retraités de la fonction publique, soit ils sont plutôt assez bourgeois et veulent être tranquilles dans leur campagne, soit ils sont dans une position idéologique rendue possible par le fait qu’ils vivent de subventions publiques. L’ouvrier breton qui lui a une famille à nourrir et aimerait ne plus être au chômage, voire travailler plus près de chez lui, et pas à l’autre bout du département, il n’a pas droit de cité dans ce débat », remarque Patrick Lebret.
Michel Bonnemaison, que nous avons joint par téléphone, abonde dans le même sens. « Maintenant, la responsabilité, elle est dans le camp des politiques et des habitants. A eux de prendre leur destin en main. Bien sûr, il y a toujours des anti-tout.
En Ariège [sur le site de la mine de Salau, gros gisement potentiel de tungstène], il y en a eu aussi. Mais une association »contre les contre » s’est créée pour que la vallée continue à vivre et que nous puissions travailler. » Cette association a récolté 1600 signatures pour que Variscan étudie la mine ; le chiffrage de la prospection, à 25 millions d’€, sera payé par les investisseurs australiens de la société. Composée de riverains, cette association espère la réouverture de la mine et la création d’une filière industrielle locale.
« Peut-être que le but est de décourager tous les investisseurs qui veulent travailler en Bretagne », remarque Michel Bonnemaison. « Dans ce cas là, c’est effectivement en partie réussi, puisque poser des bombes contre une entreprise refroidit toutes les autres qui voudraient investir dans le coin. Et on ne va pas non plus diriger des millions d’euros dans un terroir où on ne veut pas nous voir. On le fera au contraire là où on est bien accueilli, c’est logique ».
Si le but est « idéologique, c’est à dire s’opposer à tous les projets économiques pour que ça reste un terroir pauvre, support pratique pour d’autres revendications politiques, notamment indépendantistes, c’est triste, car en définitive ce sont les Bretons qui vont trinquer pour la bêtise de quelques-uns ».
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7 réponses à “Attentat contre Variscan Mines : « inadmissible de s’attaquer à la connaissance scientifique »”
« inadmissible de s’attaquer à la connaissance scientifique » ?
Vous pensez cela ?
Pensez-vous alors qu’il faille laissez faire les Frankenstein de la connaissance scientifique en matière de manipulations génétiques ? et ceci à l’encontre de toutes les lois immuable du cosmos et de la nature ?
Croyez-vous sincèrement que les conséquences de ces manipulations ne se retourneront pas contre l’homme ?
Croyez-vous qu’il est bon de laissez faire la science quand elle fabrique des engins qui peuvent détruire plusieurs fois la planète où simplement tuer des être vivants, humains y compris dans d’horribles souffrances ?
Croyez-vous à l’efficacité de la connaissance scientifique lorsqu’elle réalise des expériences cruelles sur des animaux pour soigner des humains qui de toute façon sont non viables et en sachant que les réactions face aux traitement diffèrent entre espèces et sont donc caduques ?
Ne pensez-vous pas que la plupart des recherches ne visent qu’un seul but ? Faire du pognon et si besoin au détriment de la nature et des peuples ?
Vous qui pensez être enracinés, ne croyez-vous pas en creusant la terre, notre terre sacré et nourricière comme le font les sociétés minières on ne la souille pas ?
Malheureusement, les gauches ont souvent une longueur d’avance sur les identitaires soi-disant enracinés en matière d’amour de la terre.
Combien d’agriculteurs bio chez Gauches. 10 fois, 20 fois plus ?
Et c’est encore les crasseux qui se mobilisent contre des aéroports inutiles où seront engloutis des milliers d’hectares de terre fertiles et tout cela pour faciliter les déplacement cosmopolites.
C’est le responsable de Variscan Mines interrogé qui parle, pas Breizh-info.com .
Oui , éclairons-nous à la bougie et fumons l’herbe de nos champs , arrêtez de voter pour des gens de gôche incapables et de psalmodier autour de feux de camps de nuit , il faut maintenant virer les responsables du déclin de notre pays avant qu’ils ne nous remplacent par les islamistes de tous bords!
La bougie avait une valeur marchande significative à Sarajevo.
Au train où vont les choses, on en aura peut-être bien besoin dans les mines bretonnes.
N’empêche que cet acte terroriste est ridicule. Quitte à faire pêter quelque chose, on va pas chez un sous-traitant d’Hexagone. Ou on attend l’annonce d’un projet concret.
Ça sent quand même l’activisme pour se donner des frissons.
Qu’ils aillent faire pêter l’hôtel des PdL, là ils trouveraient de l’écho et des soutiens les pieds nickelés.
Même l’idée du McDo était meilleure, bien que terriblement préparée. Faut dire que c’était plus risqué que dans des bureaux d’une ZI.
Je respecte la vigilance envers la prospection minière mais regrette qu’on passe autant de temps et d’énergie à faire ça, là-bas et maintenant. Y’a pas de honte à monter un collectif festif non plus pour commencer. En plus, ils vont de faire griller alors qu’avec de la patience, après une officialisation de projet, ils faisaient la Une. Là, c’est un fait-divers.
Pour penserrendlibre, laissez-moi vous rappeler que c’est grâce à cette même connaissance scientifique que vous pouvez rouler dans votre voiture, ou sur votre vélo, que vous êtes soigné (ne me faites pas croire que vous n’avez jamais passé une seule radiographie de votre vie, ou même de vaccin). C’est grâce aux ressources du sous-sol que vous pouvez actuellement utiliser votre pc, internet et venir « piquer un coup de gueule » sur cet article… Et j’en passe… Je suis d’accord avec vous sur le fait que nous devons protéger notre planète mais il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême sans réfléchir ! Au lieu de dire « non » par principe, pourquoi ne pas plutôt essayer de faire travailler ensemble les acteurs de l’industrie et de l’écologie pour justement éviter de « souiller » notre belle planète. Dire « non aux mines » a l’heure actuelle est totalement dénoué de tout sens quand on sait que l’extraction minière existe depuis la pré-histoire. Je serais curieuse de voir si des « anti-mines » arriveraient à vivre sans métaux..(c’est à dire dans les bois, avec des peaux de bêtes, sans même un couteau pour chasser,…). On aura toujours besoin de ces substances encore plus à l’heure de la « consommation de masse » et de l’obsolescence programmée. Certes nous pouvons recycler une bonne partie des matériaux que nous utilisons mais que faire quand la demande est plus importante que le stock disponible… De ce fait, contrairement à l’exploitation du gaz de schiste ou des hydrocarbures, qui (je penses personnellement) peut être évitée, l’exploitation des substances métalliques et minérales reste indispensable. Il est alors de notre responsabilité de veillez à ce que cela puisse se faire de la manière la plus respectueuse pour l’environnement et donc d’engager le dialogue avec ces compagnies plutôt que de faire sauter des engins explosifs. devant leur porte. Enfin, je préfère personnellement avoir un produit issu d’une mine souterraine respectable derrière mon jardin qu’en provenance d’une mine à ciel ouvert d’Afrique ou les produits issu de l’altération du minerai à l’air libre polluent et détruisent l’environnement, sans même parler des conditions de travail qui peuvent parfois y être déplorable.. Vous avez choisi le pseudo « penser rend libre » et bien apprenez à « penser » mais surtout « réfléchir » avant de vous braquer.
Mais que font donc des Bretons près d’Orléans? Sans doute la même chose que l’Américain de nuit debout qui vient d’être interpellé parmi les casseurs! Il faut arrêter les conneries , et reconnaître que l’estraction de certains minéraux où fossiles peut nous permettre d’éviter de les acheter à d’autres pays à prix d’or!