Le numéro 63 de Nantes-Métropole (mai-juin 2016), est palpitant. D’abord, il est prémonitoire, car dans notre métropole les « parcours apaisés » se multiplient et le vélo est roi :
– « Nouveau plan vélo »
– « Jusqu’au 31 mai, tous à vélo »
– « La Loire fêtée (aussi) à vélo ».
Et puis, il y a la nouvelle application mobile « Nantes dans ma poche », services de proximité de toutes sortes dans votre « e-pad ». Mais pourquoi avoir oublié les agences bancaires, les mutuelles, les assurances, le siège de Vinci ?
Dans son éditorial, Johanna Rolland – maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole (PS) – nous évoque son voyage au Québec, du 4 au 9 avril, où elle a « conduit » de nombreux acteurs du numérique de Nantes, Saint-Nazaire, Rennes et Brest. Elle en revient enchantée car son objectif a été atteint : « conforter le rayonnement international de notre Métropole », avec cette « conviction » que « ici, à Nantes, le numérique est un outil pour progresser, pour inventer le monde de demain. »
Demain, grâce au numérique, nous vivrons dans une « ville intelligente » qui facilitera « le dialogue citoyen, la protection de l’environnement ou encore l’innovation inclusive, cette innovation qui permet à la fois de conforter la compétitivité et de réduire les inégalités. » Comment ne pas saluer de telles perspectives, puisque de gauche, socialistes (fraction J.-M. Ayrault), bref humanistes.
Des pages passionnantes sur le numérique nantais, avec peut-être un peu trop de termes anglais. Mais comment faire autrement ? Qu’avez-vous contre le « coworking », vous ne voulez pas vous « booster », participer au « hackhaton for Geeks », devenir des « startupers », des « makers » ?
Comment mettre en cause un aussi formidable « bond en avant ». Comment douter de la pertinence de Madame Rolland, dont le cursus, les lectures, pardon, les e-books nous garantissent la justesse de sa foi numérique ?
Mais comme nous sommes d’indécrottables ronchons – selon le Robert, personne qui a l’habitude de bougonner, en anglais grumpy – pouvons-nous lui suggérer de parcourir, si ce n’est déjà fait, L’Homme nu : la dictature invisible du numérique, par Marc Dugain et Christophe Labbé (Laffont/Plon) qui dresse un tableau noir de notre futur : « On a laissé les clefs aux firmes de la Tech pour encoder le monde dans lequel ils nous engluent. »
Mais, à contempler le beau visage, presque botticellien, rayonnant de confiance en soi de Madame Rolland comment croire un seul instant qu’elle aspire à devenir notre « Big Mother » à tous ?
Jean Heurtin
Crédit photo : DR
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