25/05/2016 – 06H00 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) – Alors que sept des huit raffineries françaises sont perturbées par le mouvement des salariés des raffineries contre la loi Travail, et que la grève a été votée dans les huit, les ressources des dépôts baissent aussi dangereusement. Près de 3000 stations-services, un quart des 12.000 que compte le pays, sont à sec pour un ou deux carburants, et plus de 1000 en rupture totale, au soir du 24 mai. Le gouvernement semble continuer à s’enferrer dans le déni de la force du mouvement de contestation, qui lui va encore se durcir début juin avec le début d’une grève illimitée à la SNCF dès le 31 mai 19 heures et à la RATP dès le 2 juin.
Les pénuries ne cessent de s’étendre, notamment dans les régions et les départements qui n’étaient pas encore concernés comme la Haute-Loire et en Auvergne où 30% des stations service sont en rupture totale ou partielle de carburants. Ce 24 mai au matin, une intervention policière très musclée a permis de débloquer le dépôt de carburants et la raffinerie Esso de Fos sur Mer. Les syndicalistes qui bloquaient les accès ont subi un déluge de gaz lacrymogène, tout en répliquant avec divers projectiles ; résultat, quelques manifestants blessés à coups de matraques et 7 blessés au sein de la police. Des barrages ont aussi été levés dans la matinée, mais sans affrontement, aux abords des dépôts de Lorient et de Brest bloqués cette nuit.
En revanche les dépôts pétroliers de la SFDM (Donges), Douchy les Mines et Mardyck (Nord), étaient toujours bloqués. A Nantes, cependant, il existe un poste de chargement pour les camions-citernes à Chantenay (près du Tougas) qui n’a pas été bloqué, et le dépôt des cars départementaux Lila qui assurent les lignes de transports de voyageurs en Loire-Atlantique et le ramassage scolaire a été ravitaillé le 23 mai au soir. De quoi tenir encore plusieurs jours.
De nombreux manifestants ont aussi bloqué ce matin toute la zone industrialo-portuaire de Penhoët à Saint-Nazaire, avant de converger vers le dépôt de la SFDM (Bolloré) à Donges dont la majorité des salariés sont en grève et dont les accès sont bloqués avec d’impressionnants barrages. Fabien Privé Saint Lanne, responsable syndical CGT chez Total, a répondu à nos questions
Breizh Info : Fabien Privé Saint-Lanne, qu’en est-il des menaces de déblocage du dépôt SFDM de Donges par les forces de l’ordre ?
Fabien Privé Saint Lanne : Il y a effectivement des menaces d’investissement, mais cela reste des menaces. A Donges, nous sommes en grève, et ce ne sont pas les CRS qui vont redémarrer l’usine, n’est-ce pas ? Pour la SFDM, ils sont très emmerdés, car il y a plus de 80% de grévistes parmi les salariés, et nous savons qu’à priori, il n’y aura pas d’intervention des forces de l’ordre ni ce soir, ni demain.
Breizh Info : Vous bénéficiez du soutien des salariés nazairiens ?
Fabien Privé Saint Lanne : Ce matin, il y a eu effectivement des blocages dans toute la zone portuaire, puis ces salariés de tous horizons sont venus à la SFDM tenir ce lieu symbolique, notamment parce que c’est un gros dépôt.
Breizh Info : Il y a de plus en plus de stations à sec…
Fabien Privé Saint Lanne : Plus de 3000 maintenant en rupture partielle ou totale d’approvisionnement. Dire qu’en 2010, il y en avait eu 7 de plus après 19 jours de blocage, alors qu’aujourd’hui, on atteint ce résultat après quelques jours de mouvement seulement !
Breizh Info : C’est lié à la panique et à la ruée sur les pompes ?
Fabien Privé Saint Lanne : Pas seulement. Bien sûr, il y a toujours une panique et une ruée sur les pompes. Mais il y a eu aussi aucune anticipation de la part du gouvernement, et bien des dépôts n’étaient pas remplis à ras bord. Pis encore, certains ne sont pas loin de la rupture de stocks. Par exemple, vu la grosse insistance avec laquelle le dépôt de Vern-sur-Seiche cherche de l’essence tous azimuts, ils doivent commencer à être sérieusement en panne. Et la conduite qui les alimente depuis la raffinerie de Donges est coupée.
Breizh Info : Il y a d’autres dépôts dans cette situation ?
Fabien Privé Saint Lanne : Il y en a effectivement d’autres. Puis il y a un projet d’arrêté ministériel pour autoriser les camions à rouler au fioul ; cela montre qu’ils sont vraiment aux abois !
Breizh Info : Comment envisagez-vous la suite du mouvement ?
Fabien Privé Saint Lanne : On continue à faire grève. On va aussi faire un point sur le chantage aux investissements et à l’emploi orchestré par Total sur injonction du gouvernement. Celui-ci veut éteindre dans l’oeuf le mouvement de contestation contre la Loi Travail pour l’empêcher de déborder sur l’Euro. Nous tenons bon.
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