25/05/2016 – 07H00 Bruxelles (Breizh-info.com) – En octobre 2016, 79 millions de Turcs pourraient circuler librement en Europe (sans visa), ce qui changerait profondément (définitivement ?) la face de l’Europe. En effet, la Commission Européenne a proposé de lever les obligations de visa dans l’espace Schengen pour les citoyens de l’Ukraine, du Kosovo…et de la Turquie, nation issue de l’empire Ottoman, toujours été hostile à la civilisation européenne au cours de l’histoire.
Le sujet a été abordé – selon le journal Euractiv – le vendredi 20 mai dernier lors du conseil « justices et affaires intérieures ». Un sujet qui est loin de faire l’unanimité en Europe ; pour certains responsables, il sera en effet impossible de digérer 79 millions de Turcs dans l’Union Européenne.
Le 18 mars 2016, les dirigeants de l’Union Européenne avaient signé avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, la libéralisation des visas ( ainsi que 3 milliards d’euros à destination des réfugiés en échange du rapatriement d’une partie d’entre eux en Turquie). Cette libéralisation devait se faire fin juin, mais toutes les exigences de l’Union Européenne ne sont pas remplies par la Turquie, qui se moque éperdument des dirigeants Européens qui lui baisent les pieds.
La Turquie – un pays qui n’est pas reconnu par Chypre, membre de l’UE – ne remplit en effet pas tous les critères exigés par l’Union Européenne pour l’ouverture totale de ses frontières. Une décision qui a été prise sans l’aval des citoyens de l’Union Européenne.
La Turquie de l’islamiste Erdogan – ce dernier déclara en 1999 : « Les mosquées sont nos casernes, les coupoles nos casques , les minarets nos baïonnettes et les croyants nos soldats » – refuse en effet d’assouplir sa loi sur le terrorisme (une loi qui permet la persécution des Kurdes notamment, les restrictions concernant les droits de l’homme ou la liberté de la presse), mais également d’introduire les passeports biométriques .
Ankara doit aussi renforcer sa coopération juridique avec l’UE et avec son agence de police Europol et créer une autorité indépendante pour protéger ses données personnelles. Mi-juin, la Commission européenne présentera son second rapport sur la mise en œuvre de l’accord UE-Turquie sur la migration. Le rapport inclura une évaluation du respect de la Turquie des critères pour la libéralisation des visas.
Les ministres européens de l’Intérieur ont jusque fin juin pour décider, sachant que les vacances parlementaires débutent fin juillet ; la décision du Parlement européen devrait donc être prise en septembre, pour une entrée en vigueur – si les critères sont respectés – début octobre de la libéralisation des visas. « Nous n’en sommes plus au stade du cheval de Troie de l’islamisme ; là nous en sommes dans la phase de conquête clairement rendue possible par les dirigeants Européens » souligne un parlementaire français.
Vu sur le site du Parlement Européen :
Dans le cadre de l’accord UE-Turquie conclu le 18 mars en vue de mieux gérer les flux migratoires et des réfugiés, les dirigeants européens ont proposé d’accélérer la libéralisation des visas pour la Turquie d’ici juin 2016, à condition que tous les critères imposés par l’UE soient respectés. Le Parlement devra décider sur un pied d’égalité avec le Conseil de l’exemption de visa au titre de la procédure de codécision.
Dans son troisième rapport de suivi, présenté le 4 mai, la Commission européenne reconnaît qu’Ankara doit encore satisfaire 5 conditions sur 72, qui concernent notamment des questions liées à la protection des données ainsi que les législations antiterroristes. Le 4 mai, elle a également proposé de lever les exigences en matière de visa « étant entendu que les autorités turques respecteront, de toute urgence et comme elles se sont engagées à le faire le 18 mars 2016, les critères restants ».
Suite à l’annonce de la Commission, la Conférence des présidents du Parlement européen (composée du Président du PE et des chefs de file des groupes politiques) a clairement indiqué que la proposition serait uniquement traitée après que tous les critères aient été respectés. Tant que ce ne sera pas totalement le cas et tant que la Commission ne fournit pas au Parlement une garantie écrite du respect de l’ensemble des critères, les travaux approfondis devraient se poursuivre mais aucun retour en commission ne peut avoir lieu.
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