23/05/2016 – 16H00 Donges (Breizh-info.com) –Alors que le gouvernement ne cesse d’essayer de rassurer les Français en promettant que le ravitaillement en essence et gazole redeviendrait normal sous peu, la situation semble au contraire ne cesser de lui échapper. C’est désormais six des huit raffineries de France qui sont en grève, affirme Fabien Privé Saint Lanne, responsable syndical CGT de la raffinerie Total de Donges. Et le mouvement ne cesse de s’étendre. Les employés des pétroliers sont vent debout https://www.breizh-info.com/
Ce matin, près de 1700 des 12.000 stations service du pays, soit 14%, étaient en rupture d’approvisionnement ; 816 d’entre elles sont en rupture totale. Les pénuries sont concentrées en Bretagne historique, en Normandie, dans le Nord-pas-de-Calais et en Picardie, aux alentours de Marseille et Lyon. Elles commencent à gagner l’ensemble de l’Ile de France, le manque de gazoil se faisant sentir crûment en Seine-et-Marne, en Essonne, dans les Yvelines et dans le Loiret. Les agglomérations de Bordeaux et de Toulouse commencent elles aussi à connaître des queues aux pompes. En début de journée, seuls les départements de la Corse, de la Nièvre, de la Creuse, de la Corrèze, du Lot, de l’Aveyron, de la Lozère, de la Haute-Loire, de la Savoie, de la Moselle, des Hautes-Alpes, des Pyrénées Atlantiques, du Gers, de l’Ariège, des Hautes Pyrénées et des Pyrénées Orientales n’avaient pas de station en rupture de carburant.
Six gros dépôts de carburant sont bloqués, deux car leurs salariés sont en grève, à Donges en Bretagne et à Dunkerque dans le Nord, trois autres sont bloqués de l’extérieur au Havre (Normandie), Douchy les Mines (Nord) et Cournon (Auvergne). Dans la nuit le port et le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer a été bloqué par plusieurs centaines de militants syndicaux. En revanche, en Bretagne, une partie des salariés du dépôt de Vern-sur-Seiche ont cessé leur grève, et les dépôts de Lorient et de Brest fonctionnent normalement, ce qui n’empêche pas de graves pénuries.
Nous avons joint Fabien Saint-Privé, responsable CGT de Donges, afin qu’il nous donne les dernières nouvelles de la mobilisation contre la Loi Travail dans son secteur.
Breizh Info : Fabien Privé Saint Lanne, quelle est la situation à Donges ?
Fabien Privé Saint Lanne : Nous continuons la grève, de façon sereine, et nous ferons le point vendredi. Les installations à Donges sont en cours d’arrêt.
Breizh Info : Quelle est la situation au dépôt de Vern-sur-Seiche, qui dépend de Total Donges ?
Fabien Privé Saint Lanne : J’y suis en ce moment, une partie des salariés ont cessé le mouvement et les chargements se font [depuis samedi matin ; 150 camions sont sortis du dépôt au lieu de 25 en temps habituel. NDLR] On est en train de discuter pour prendre une décision collective.
Breizh Info : Le gouvernement parle de normalisation de la situation, qu’en est-il réellement ?
Fabien Privé Saint Lanne : Trois raffineries sont en cours d’arrêt, à savoir Donges, Feyzin et Gongreville l’Orcher. Deux autres, la Mède en Provence et Grandpuits en Ile de France, ne chargent ni n’expédient quoi que ce soit, et vont commencer à arrêter les installations.
Breizh Info : et du côté des autres opérateurs ?
Fabien Privé Saint Lanne : Petroineos à Martigues était en grève ce matin, les chargements ne se font plus du tout. Il n’y a que les deux raffineries Esso de Fos-sur-Mer (Provence) et de Notre-Dame de Gravenchon (Normandie) qui fonctionnent encore.
Breizh Info : Le gouvernement a lâché du lest face aux routiers en annonçant que leur régime de paiement des heures supplémentaires, menacé, allait finalement être maintenu. Est-ce que ces évolutions vous incitent à maintenir le mouvement ?
Fabien Privé Saint Lanne : C’est un signe très encourageant, oui. Par ailleurs les routiers maintiennent leur mouvement, à long terme, jusqu’à la finale de l’Euro 2016.
Breizh Info : Le dépôt de la SFDM (Bolloré) à Donges est bloqué aussi. Qui le bloque ?
Fabien Privé Saint Lanne : 80% de ses salariés sont en grève, ils ont donc décidé de bloquer leur outil de travail. Mais comme il suffit d’un seul salarié non gréviste, ou de deux, pour que les chargements s’effectuent, il a été décidé de faire un blocage extérieur. Près de 80 à 100 militants CGT de tous bords s’y relaient en permanence.
Breizh Info : Et des zadistes ?
Fabien Privé Saint Lanne : Très peu. Une dizaine à peine. On veille à ne pas se laisser déborder.
Breizh Info : Sur la gauche ?
Fabien Privé Saint Lanne : Là n’est pas la question. Nous sommes des syndicalistes, pas des activistes. Nous éviterons l’amalgame entre casseurs et syndicalistes.
Breizh Info : Et si les CRS viennent vous déloger ?
Fabien Privé Saint Lanne : On n’ira pas à l’affrontement. Nous reculerons.
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