Marion Maréchal- Le Pen aurait dit qu’elle était ‘’soûlée’’ par le discours récurrent concernant les ‘’valeurs de la république’’, ce qu’on comprend bien. Elle aurait ajouté qu’on ne sait pas très bien ce que recouvre cette notion, ce qui nous en interdirait une claire compréhension. Là, on ne peut pas être d’accord avec la jeune députée; les fameuses ‘’valeurs de la république’’ ne sont pas autre chose que les valeurs propres à l’idéologie des droits de l’homme, c’est-à-dire à une idéologie radicalement individualiste (et donc mondialiste) que ses thuriféraires ont hérité des philosophes libéraux du dix-huitième siècle, des idéologues de la révolution française, de leurs héritiers des deux siècles suivants et, enfin, des libertaires soixante-huitards devenus libéraux-libertaires qui ont développé l’idéologie libérale jusque dans ses ultimes conséquences (indifférenciation généralisée d’une humanité conçue comme un agrégat d’individus libérés de toute forme d’appartenance et dotés de droits individuels dont la liste ne cesse de s’allonger, négation de toute forme de détermination naturelle, culturelle ou communautaire………ce qui se traduit concrètement par le mondialisme, l’immigrationnisme, la théorie du genre, le nomadisme….). La formule ‘’les valeurs de la république’’ sert à désigner et à affirmer l’ensemble des idées issues du libéralisme achevé, ce qui est pour le moins paradoxal puisque, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, libéralisme et républicanisme ne constituent pas une seule et même philosophie. Bien au contraire, ce sont deux philosophies qui, bien que partageant certains points de vue (le libéralisme est, selon l’expression du philosophe Maurizio Viroli, un républicanisme dégénéré ; le philosophe a ajouté que tout ce que le libéralisme contient de positif, il le doit au républicanisme, beaucoup plus ancien que lui, tandis que tout ce qu’il contient de négatif lui est spécifique), s’opposent frontalement sur nombre de sujets essentiels (Le libéralisme ne connaît que des biens privés tandis que le républicanisme a pour objectif premier la recherche d’un Bien Commun ; le premier défend l’idée de liberté comme non interférence quand le second est ordonné à l’idée de liberté comme non domination…..).
Marion Maréchal – Le Pen a raison de dire que la France ne se réduit pas à une idéologie (que l’oligarchie politico-médiatique qualifie, à tort, de républicaine) et que notre pays n’est pas né en 1789, mais le régime politique et, plus encore, la philosophie politique qui prévaut au sein d’un peuple à un moment donné ont un impact décisif sur la nature de la société et des rapports sociaux, c’est-à-dire sur la culture populaire au sens large du terme et donc sur l’identité de ce peuple (identité à un moment donné. L’identité n’est pas une essence mais une substance ; elle change plus ou moins vite au cours du temps). Le régime politique et la philosophie politique à laquelle est adossé ce régime ne sont donc pas des éléments neutres du point de vue de l’identité contrairement à ce que tendent à penser nombre d’’’identitaires’’. Il n’y a pas d’un côté l’identité de la France qui existerait de tout temps et d’un autre côté des régimes politiques sans aucun lien avec cette identité. L’identité populaire (du moment) est indissolublement liée aux institutions (politiques, économiques, sociales…) dont le peuple est doté à un moment précis de son histoire. Que le souvenir collectif de son histoire soit un élément de l’identité d’un peuple, nul n’en doute, mais son identité ne se résume pas à son histoire. L’identité d’un peuple n’est pas un concentré de son histoire, c’est l’ensemble des traits (mœurs, comportements, institutions, mode de vie, idées…) qui prévalent à un moment donné. Ainsi, de nos jours, les institutions de la cinquième république sont des éléments très importants de l’identité nationale de la France et les ‘’valeurs de la république’’, qui ont été prédominantes pendant deux ou trois décennies, ont fait partie de l’identité du peuple français, ce qui, compte tenu du rejet dont elles sont l’objet, ne sera sans doute plus le cas dans le futur (cette évolution probable illustre le fait que l’identité d’un peuple se modifie sans cesse). L’identité d’un peuple du XXIème, n’est pas celle de ses prédécesseurs des 18ème ou 3ème siècles, même si certains éléments de son identité actuelle sont des legs du passé* et s’il ne nous est pas interdit d’avoir recours à certains éléments oubliés de notre culture du passé pour nous projeter dans l’avenir.
Nous ne nous libérerons pas des ‘’valeurs de la république’’, qui sont celles de l’oligarchie libérale, en invoquant le long passé monarchique de la France comme l’a fait Marion Maréchal-Le Pen (la nostalgie du régime monarchique ne concerne plus que quelques cercles très confidentiels, en France) mais en substituant à ces valeurs libérales-libertaires celles du républicanisme authentique, le républicanisme que nous ont légué la Rome républicaine et les philosophes républicanistes de la Renaissance.
B. Guillard
* A commencer par la langue qui est un élément essentiel de l’identité de ses locuteurs parce qu’elle n‘est pas qu’un moyen de communication mais aussi le vecteur d’une culture, d’une façon de penser et d’une mémoire spécifiques. La langue maternelle nous imprègne de manière décisive ; elle est le vecteur principal du processus d’assimilation imitative de chaque nouveau citoyen au sein de sa communauté d’appartenance. De plus elle impose à ses locuteurs une façon spécifique d’interpréter le monde et charrie tout un ensemble de souvenirs et de références. Elle est un des fondements essentiels de l’identité des communautés avec, d’une part, la religion, l’héritage biologique, le patrimoine et l’histoire collective, d’autre part, les mœurs, les goûts artistiques et les diverses institutions du moment.
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3 réponses à “« Valeurs de la république », identité et républicanisme”
Pas mieux que sa tata ni que les tantes qui l’entourent.
Ce n’est pas ce que l’auteur de cet article a écrit; il a seulement exprimé un point de vue différent de celui de Marion Maréchal – Le Pen.
Elle et le FN sont contre les prénoms Bretons !!..pas de réunification non plus..ces ancêtres Bretonnants doivent se retourner dans leurs tombes !
Le FN , c’est l’ennemi de la Bretagne.