18/05/2016 – 08H10 Beyrouth (Breizh-info.com) – La guerre actuelle en Syrie rappelle sous certains aspects la Guerre d’Espagne entre 1936 et 1939. Cette guerre civile est un théâtre d’opérations militaires impliquant des ressortissants du monde entier et des idéologies puissantes et sanguinaires.
Le Hezbollah, mouvement religieux chiite libanais pro-iranien, est présent dans plusieurs pays. Il possède une aile militaire efficace. Il est engagé en Syrie aux côtés de Bachar El Assad et des troupes loyalistes.
Son idéologie est djihadiste comme le montrent son emblème, sa devise et ses slogans : « Et quiconque prend pour alliés Allah, son messager et les Croyants, réussira”, “ car c’est le parti d’Allah qui sera victorieux”, ou bien al-muqāwamah al-islāmīyah fī lubnān « résistance islamique au Liban ». Sa branche politique, qui participe régulièrement au gouvernement au Liban, prône un régime islamiste et un bloc national luttant contre Israël (priorité de son manifeste politique). Cela ne l’empêche pas de s’allier électoralement avec des mouvements chrétiens. Il participe à l’équipe gouvernementale actuelle avec deux ministres influents aux portefeuilles de l’Industrie et des Affaires parlementaires.
Une année 2016 délicate
Malgré des victoires sur le front contre l’EI ou les rebelles islamistes sunnites, 2016 s’annonce pour le Hezbollah une année délicate sur plusieurs plans.
Sur le plan militaire, le commandant de l’organisation, Mustafa Badreddine, a été éliminé entre le 10 et le 13 mai. Autour de la localité de Haleb, un groupe de 80 chiites libanais, iraniens et afghans ont été tués dans une attaque menée par l’organisation Al-Nosra affiliée à Al-Qaida. Les 17 morts iraniens représentent le plus grand nombre de décès sur un territoire non iranien depuis la guerre irako-iranienne de 1980-1988. Cela peut affaiblir l’engagement militaire des meilleurs alliés du Hezbollah, qui a déjà perdu 1 200 combattants en Syrie.
Sur le plan diplomatique, la branche militaire avait été classée comme terroriste par l’Union Européenne en 2013. L’ensemble du mouvement l’est également par la Ligue Arabe depuis mars 2016. Le Hezbollah bénéficiait de solides soutiens lorsqu’il s’attaquait à Israël, mais pâtit maintenant du clivage géopolitique entre Iraniens et pétromonarchies.
Sur le plan financier, la banque centrale du Liban a émis cette dernière semaine une directive sanctionnant les banques coopérant avec l’organisation terroriste. Elle s’aligne sur une loi… américaine.
En 2016, le Hezbollah paye donc un rapport de force géopolitique qui lui est très défavorable. Mais le mouvement est solide, bénéficiant d’une base réelle et historique au Levant.
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