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Jérôme Duchesne (Sens Commun) : « ne pas s’opposer au lobby gay sans proposer des choses »

17/05/2016 – 05H10 Nantes (Breizh-info.com) –  Le 10 mai dernier, la Manif pour Tous se mobilisait à nouveau, notamment à Nantes, pour s’opposer à la GPA (gestation pour autrui), qu’elle qualifie de nouvelle forme d’esclavage des femmes. En Loire-Atlantique, Sens Commun a battu le rappel pour la manifestation. Sens Commun a été fondée par des militants de la Manif pour Tous qui ont rejoint Les Républicains. Ils forment en son sein un lobby dont l’objectif est de défendre la famille.

C’est l’occasion de revenir avec Jérôme Duchesne, responsable Sens Commun en Loire-Atlantique, sur l’actualité récente du mouvement, et notamment sur un vote qui a fait polémique lors de l’adoption du budget de la région Pays de Loire. Les trois élus Sens Commun – dont le leader national Sébastien Pilard – ont en effet avalisé avec l’actuelle majorité l’ensemble de la politique sociale de gauche, soutien à l’avortement et au lobby LGBT compris. Ceci apparaît comme un renoncement à défendre leurs convictions et celles de la Manif pour Tous.

Breizh Info : Jérôme Duchesne, est-ce que la mobilisation du 10 mai est pour vous un succès ? Quel message souhaitiez-vous porter ?

Jérôme Duchesne : Oui, c’est indéniablement un succès, avec 150 à 200 personnes. Nous voulions faire savoir, en cette journée de mémoire de l’esclavage, que la GPA existe dans le monde, c’est un esclavage, et le gouvernement ne fait rien pour empêcher sa pratique déguisée en France.

Breizh Info : En quoi est-ce un esclavage ?

Jérôme Duchesne : On loue les ventres de femmes qui n’ont pas le choix, elles sont dans la misère. De pauvres gens sont utilisés. J’ai lu des témoignages de femmes qui ont été mères porteuses, elles n’ont pas du tout fait ça par choix et par liberté ; elles ont aussi connu une souffrance inhumaine. Par ailleurs, ce n’est pas un contrat comme un autre, la GPA, on ne peut pas autoriser la marchandisation du corps.

Breizh Info : Que pensez-vous du renversement du critère jurisprudentiel du traitement de la GPA en France ? Avant, c’est l’indisponibilité du corps humain qui prévalait (articles 16 et 1128 du Code Civil), donc la justice refusait les transcriptions d’état civil des enfants accouchés par des mères porteuses. Depuis la condamnation de la France par la cour européenne des droits de l’homme en 2014, et l’alignement de la cour de Cassation par un arrêt d’assemblée plénière en date du 3 juillet 2015 c’est l’intérêt supérieur de l’enfant qui primerait, donc les transcriptions d’état civil sont désormais possibles.

Jérôme Duchesne : C’est la porte ouverte. Nous, on défend l’intérêt de l’enfant. Autoriser la transcription de l’état civil pour les enfants nés de mères porteuses, c’est autoriser la GPA dans les faits, et en toute hypocrisie. Cela revient aussi à saper l’intérêt de l’enfant.

Breizh Info : Que doit faire l’Etat ?

Jérôme Duchesne : Etre vigilant et maintenir l’interdiction de la GPA avec fermeté. Se battre aussi au niveau européen et mondial pour bannir la GPA.

Breizh Info : Changeons maintenant de sujet. Le vote récent par Sens Commun, avec l’ensemble du groupe UMP/LR, des politiques sociales de l’ancienne majorité de gauche, y compris le pass contraception et les subventions au lobby gay, a créé une intense polémique. Pourquoi vos élus – qui constituent tout de même le plus important groupe Sens Commun au niveau d’une majorité régionale en France – n’ont pas fait valoir leurs convictions publiquement ?

Jérôme Duchesne : ils n’étaient pas présents dans l’hémicycle, même si comme le vote se fait par groupe, ça ne change rien.

Breizh Info : Justement, pourquoi ne se sont-ils pas opposés publiquement et n’ont pas défendu leurs convictions et celles de Sens Commun ?

Jérôme Duchesne : nous n’étions qu’à trois mois des élections régionales au vote du budget [en fait près de cinq, NDLR]; trois mois pour travailler sur tous les sujets, ça fait court. En plus on n’a pas nécessairement la main sur tous les sujets, la culture, c’est Laurence Garnier par exemple, etc. Par ailleurs, on a défini une stratégie sur ce vote, on n’est pas d’accord, mais on ne fait pas de vagues. Dans un an en revanche, nous aurons des choix et des solutions.

Breizh Info : Vous voulez dire qu’en cinq mois, vous n’avez pas remarqué que la région finançait le lobby gay et l’avortement ? Vous n’avez pas eu le temps de traiter des thématiques centrales pour la Manif pour Tous, dont votre mouvement est issu ? Vous ne prendriez pas vos électeurs pour des billes ?

Jérôme Duchesne : On était au courant, quand même, que la région finançait le lobby gay. Mais on ne peut pas juste foutre le bordel, passez moi l’expression, sans proposer des choses. Un vote de contestation ne change rien.

Breizh Info : et pour Cinépride, ce festival du film LGBT privé de sa subvention régionale ?

Jérôme Duchesne : C’est un vote indépendant, là on a pu réagir. On n’a pas pu laisser passer ça. Clairement, on ne pouvait pas laisser passer ça. Mais on ne peut pas tout révolutionner en trois mois. Notre objectif c’est de peser, de travailler dans la durée. Si on s’oppose d’entrée, on sera pris pour des chats noirs, on ne pourra pas bosser. On a une droite pas totalement d’accord avec nous, si on entre en opposition, on ne pourra pas la faire réfléchir et l’amener sur nos positions.

Breizh Info : Plus prosaïquement, Sébastien Pilard n’a pas eu peur pour sa carrière politique ?

Jérôme Duchesne : Non. Aujourd’hui on avance. Il y a plein de choses par exemple derrière le Planning Familial, et il y a des points qui ne sont pas franchement mauvais. Cela dit, je ne connais pas assez le sujet.

Breizh Info : Quelles sont les forces de Sens Commun en Loire-Atlantique ?

Jérôme Duchesne : Nous avons 500 militants et une dizaine d’élus. Donc, nos trois élus régionaux [seul Sébastien Pilard est nantais ; Roch Brancour est un élu angevin, Maxence de Rugy maire d’une commune vendéenne, NDLR], un maire d’une petite commune de Loire-Atlantique, deux adjoints au maire – une à La Baule, un à Châteaubriant – et plusieurs élus dans les instances internes des Républicains.

Breizh Info : Pouvez vous préciser l’action de vos élus locaux Sens Commun ?

Jérôme Duchesne : Non, je ne peux pas. Mais j’espère bien sûr qu’ils défendent la famille, la vie dans leurs conseils municipaux. Cela dit, c’est compliqué d’avoir des résultats concrets quand vous êtes dans une majorité de droite où tout le monde n’a pas vos idées.

Breizh Info : Quel est votre objectif ?

Jérôme Duchesne : Nous visons le long terme. 2017, 2020, 2022 etc. Nous portons déjà le renouveau, avec des gens venus de la société civile. Sens Commun a vocation d’être un incubateur. Mais c’est vrai qu’on aimerait avancer plus vite.

Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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6 réponses à “Jérôme Duchesne (Sens Commun) : « ne pas s’opposer au lobby gay sans proposer des choses »”

  1. Keryn dit :

    Quel lobby gay ? Il n’existe que dans les fantasmes de sens commun qui sur ce coup manque de bon sens, tout comme pour la GPA. Je ne nie pas qu’il y a des abus mais la GPA éthique existe également, dans 7 pays d’Europe et aux États-Unis pour ne parler que de ces pays. Aux USA, la GPA est extrêmement encadrée. La mère porteuse (même si je déteste ce mot, il n’y a en a pas d’autre hélas) doit avoir 21 ans minimum, âge légal au niveau fédéral, elle doit être mariée ou en couple, avoir déjà un enfant à elle et ne pas en vouloir d’autre, gagner suffisamment sa vie pour pouvoir subvenir à ses besoins pour le temps où elle devra arrêter de travailler ; de plus, c’est elle qui choisit le couple pour qui elle va porter l’enfant. Alors faut arrêter avec ce soi-disant esclavage. À la lecture de cet interview, on retient surtout que seule l’homophobie dicte ce monsieur.

    • emma dit :

      Je partage une partie de votre commentaire sauf que je suis carrément contre la GPA, car je crois que l’enfant et sa mère doivent tisser des liens particuliers très forts pendant la gestation, les couper après la naissance me semble criminel et préjudiciable pour le développement affectif de l’enfant … de plus j’ai réellement des doutes sur l’encadrement présumé aux USA, car si ils sont aussi « exigeants » et attentifs que sur le sujet de l’adoption où il est reconnu que n’importe qui, y compris pédophile, peut adopter un orphelin via internet, sans enquête préliminaire et le refourguer à un autre adoptant quand il n’en veut plus…je déplore que nombreux sont ceux qui se servent de cette pratique (GPA) comme prétexte contre le mariage des homosexuels en général alors que ce sont uniquement des hommes – qu’ils soient gays ou hétéros – qui pourraient avoir l’idée d’avoir recours à ce marchandage d’enfant et du corps de la femme

    • jaouen dit :

      La GPA, c’est le commerce d’un être humain vivant. Pratiquer la GPA, c’est estimer qu’un enfant peut être acheté ou vendu, échangé en somme. De là à penser qu’un homme peut aussi être vendu ou acheté, il n’y a qu’un pas. Bref, c’est nier la dignité et l’inaliénabilité de l’homme, ce qui est à la base de l’éthique. Une GPA éthique est donc un oxymore terrible.

  2. LEBEAU dit :

    L’UMP, maintenant les Républicains, des mots, toujours des mots !

  3. […] en substance les explications que Jérôme Duchesne, responsable Sens Commun en Loire-Atlantique, a livrées à Breizh Info à […]

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