13/05/2016 – 18H10 Nantes(Breizh-info.com) –De nouvelles manifestations ont eu lieu partout en France le 12 mai. Elles ont rassemblé de 55.000 à 100.000 personnes. Elles se sont accompagnées de nouvelles destructions, d’autant plus violentes que la loi a été adoptée suite au recours par le gouvernement au 49-3 alors que la motion de censure a fait long feu. Si bien que pour les opposants à la loi, il ne reste plus que la rue, comme il y a dix ans lors du CPE.
Des dégradations ont eu lieu en marge des manifestations à Paris (4 interpellations), Caen (6 interpellations), Toulouse (9 interpellations), au Havre, où les locaux du PS ont été saccagés au passage de la manifestation, et aussi, comme d’habitude, à Rennes et à Nantes. A travers la France, une dizaine de permanences parlementaires et de sections du PS ont été attaquées notamment à Lyon, Dijon, Toulouse, Le Mans, Rouen, Caen, Rennes. A Nice, la permanence parlementaire du député UMP/LR Eric Ciotti, celui qui souhaite interdire l’école à la maison, a été taguée par des anarchistes.
A Nantes, en matinée, plusieurs foyers d’actions avaient déjà éclaté dans la ville. Les lycéens de la Joliverie avaient notamment dressé des barricades près de la route de Clisson, devant leur lycée, et y ont mis le feu. La manifestation, qui réunissait 3000 personnes au plus fort, a commencé à dégénérer vers 15 h 00 en ville, notamment sur le cours des 50 Otages devant la Préfectureuis un groupe de manifestants s’est mis sur les voies SNCF et a essayé de prendre la gare d’assaut vers 16h30. Repoussé au nord par la BAC, il s’est retiré, mais d’autres manifestants ont littéralement pulvérisés l’entrée sud de la gare. Accompagnés de jeunes issus des cités de banlieue – qui s’illustrent régulièrement, presque à chaque manif à Nantes par diverses destructions et des pillages comme celui du Go Sport le 5 avril dernier – les casseurs d’extrême-gauche se sont ensuite heurtés aux policiers entre la place du Bouffay et le miroir d’eau vers 18 h.
Les casseurs se sont aussi attaqués aux symboles du pouvoir financier selon eux – grandes compagnies (ce qui explique le saccage des locaux de la SNCF), banques, assurance, immobilier etc. Près de la place du Bouffay, de nombreuses vitrines ont été cassées, notamment celles de la Mutuelle Générale, où les casseurs sont entrés dans les locaux et ont répandu les dossiers dans la rue. Le petit commerce n’a pas été épargné, notamment une mercerie toute proche dont la vitrine a été détruite. Le rideau de fer a empêché cependant son pillage. Des centaines de tags ont été faits, notamment « détruisons ce qui nous détruit », « la ville est notre terrain de jeu », sans compter des dizaines d’ACAB (all cops are bastards = tous les flics sont des bâtards). Les vitres de Bang et Olufsen (électroménager de luxe) près du château des Ducs de Bretagne ont été détruites. Plusieurs distributeurs bancaires ont été à nouveau mis hors service. La police a procédé à Nantes à 19 interpellations. La manifestation a finalement été dispersée peu après 19 heures. Trois policiers ont été blessés par les manifestants.
A Rennes, après avoir plié devant l’occupation par l’ultra-gauche d’une salle de théâtre rebaptisée Maison du Peuple, la mairie a fait procéder à l’évacuation des squatteurs. Celle-ci a nécessité l’intervention du RAID pour y parvenir. Ils devaient y rester logiquement jusqu’au 16 mai au moins, selon des pourparlers antérieurs avec la mairie. Cependant les dégradations en ville lors des dernières manifestations et le passage à tabac des responsables de l’UNI Bretagne près de la salle de la Cité occupée ont changé la donne et permis au pouvoir de reprendre la main sur ce dossier ultra-sensible. La veille, le 11 au soir, la ville avait demandé formellement aux occupants de quitter les lieux, mais ils ont ignoré cet ultimatum.
Le matin du 13 mai, la salle de la Cité a donc été évacuée entre 7 h 30 et 8 h 40, dans une ambiance de grande tension, puisque près de 250 activistes de l’extrême-gauche avaient pris position place des Lices et commencé à construire des barricades. L’évacuation s’est cependant passée dans un calme relatif, les policiers ayant réussi à persuader une quinzaine de squatteurs réunis sur le toit de la salle de quitter les lieux. Une dizaine d’interpellations a été faite vers 6 h du matin dans les environs de la salle squattée. On ignore encore si elle est dégradée à l’intérieur et combien coûteront les réparations. Cependant les squatteurs ont largement tagué le bâtiment à l’extérieur, surtout sur ses parties hautes et le porche.
Toujours à Rennes, les activistes d’extrême-gauche, aiguillonnés par la perte de leur camp de base, ont fait deux actions de « blocage économique » : d’abord entre 7 et 9h du matin le dépôt de bus STAR par des feux de palettes – c’est déjà la deuxième fois depuis le 6 avril – et le soir la plateforme colis de la Poste au Rheu, à l’ouest de Rennes. Il y a eu moins de dégradations que d’habitude en ville, parce que la manifestation, qui a réuni environ 300 syndicalistes et 200 activistes d’extrême-gauche, était très courte – de midi à quinze heures – De plus, les banques et autres établissements habituellement attaqués étaient tous protégés par des palissades. Des émeutes ont toutefois éclaté place Sainte-Anne vers 15 heures. C’est surtout la nouvelle journée de mobilisation samedi qui inquiète. L’extrême-gauche pourrait en effet se venger de la perte de la salle de la Cité qu’elle avait squattée.
Par ailleurs, dans le calme, 50 personnes ont défilé à Douarnenez contre la loi Travail, à peu près autant à Guingamp, 40 à Carhaix, 250 à Saint-Brieuc – où un lycéen de 16 ans a frappé un policier avec une barrière de chantier et l’a blessé ; il a été placé en garde à vue et sera convoqué devant le juge pour enfants –, 700 à Brest, 400 à Quimper, 15 à Châteaulin, 150 à Quimperlé devant l’entreprise Minerve placée en liquidation judiciaire, 400 à Lorient, et une trentaine à Lanester, où le rond-point du Géant a été bloqué par des militants CGT entre 7 et 9 heures, ce qui a occasionné 6 km de bouchons dans les environs. Par ailleurs à Saint-Nazaire une centaine de salariés de STX ont débrayé, ainsi que 60 salariés de Sides qui dénoncent le plan de sauvegarde de leur entreprise. Avec les 3000 manifestants de Nantes et les 500 de Rennes, cela fait donc un peu moins de 6000 manifestants pour l’ensemble de la Bretagne Historique.
De nouvelles journées de mobilisation sont annoncés les 17 et 19 mai. Les salariés de la raffinerie de Total à Donges ont déjà fait savoir que leur site sera en grève les deux jours, avec blocage des sorties de carburant et des approvisionnements de station service. Reste à savoir si l’adoption de la loi sonnera la fin du mouvement ou si celui-ci se renforcera au contraire, comme lors des grandes grèves de 1995 et du mouvement contre le CPE en 2006. Autre question qui reste ouverte – hélas pour les commerçants des centre-villes de Rennes et de Nantes – est-ce que l’Etat restera toujours aussi laxiste, ou est-ce que l’adoption de la loi par le 49-3 marque la fin de la récréation?
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