12/05/2015 – 07H00 ‑ Glasgow (Breizh-info.com) ‑ L’élection du nouveau parlement écossais, jeudi dernier, est une victoire pour le Scottish National Party (SNP) – mais c’est peut-être une victoire à la Pyrrhus. En obtenant son troisième mandat de suite, le SNP a montré une belle résistance à l’usure du pouvoir. Cependant, avec 63 sièges sur 129, soit six sièges de moins qu’en 2011, du temps d’Alex Salmond, le parti nationaliste perd sa majorité au parlement.
Mais le vrai bouleversement politique est ailleurs, et il est double. Il réside d’abord dans la déconfiture du Parti travailliste, qui avait dominé la politique écossaise pendant un demi-siècle à partir des années 1960. Il perd 13 sièges et n’en détient plus que 24. Le bouleversement est aussi dans le grand retour des Conservateurs, qui gagnent 16 sièges et deviennent le premier groupe d’opposition avec 31 sièges. Quant aux Libéraux-démocrates, ils conservent 5 sièges avec un score très éloigné de ceux qu’il obtenait il y a une dizaine d’années ; ils sont désormais devancés par les Verts, qui triplent leur représentation parlementaire avec 6 sièges.
Ce bouleversement ne signifie pas que des électeurs travaillistes sont devenus conservateurs. Plus probablement, il s’est produit un phénomène de vases communicants entre travaillistes, nationalistes et conservateurs. Depuis une vingtaine d’années, le SNP s’est constitué une base électorale en siphonnant celle des Tories (conservateurs), également convoitée par des Libéraux-démocrates. Peu à peu, devançant les Lib-Dems, le SNP s’est imposé comme la principale force d’opposition au Parti travailliste, puis comme le parti dominant en Écosse. Après la quasi-disparition du Parti conservateur, le SNP a commencé à mordre sur l’électorat travailliste, en attirant notamment les catholiques écossais. Témoin de cette évolution, le SNP domine désormais le Labour à Glasgow, une ville naguère acquise aux Travaillistes. Mais à force d’exploiter des thématiques « de gauche », il commence probablement à perdre des électeurs sur sa droite.
Breizh Info l’avait pressenti lors de l’élection de Nicola Sturgeon à la présidence du SNP, en novembre 2014 : « Le déplacement des électeurs du vote travailliste au vote nationaliste pourrait être facilité par le fait que Nicola Sturgeon a longtemps été réputée assez à gauche. Mais cette même réputation pourrait aussi repousser une partie des électeurs du SNP, majoritairement venus du conservatisme. » La bipolarité droite-gauche n’est cependant pas seule en cause. Ruth Davidson, nouvelle dirigeante du Parti conservateur en Écosse, brillamment élue à Édimbourg, a centré sa communication sur son choix « unioniste », dans la foulée de l’échec du référendum sur l’indépendance écossaise. En continuant à agiter malgré tout la perspective d’un second référendum, le SNP a pu pousser vers les Conservateurs des électeurs pour qui l’indépendance n’était pas une priorité immédiate.
Crédit photo : extrait d’une vidéo du Parlement écossais, YouTube
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