11/05/2016 – 10H00 ‑ Nantes (Breizh-info.com) ‑ C’est devenu une sorte de « marronnier » : chaque année, le 10 mai, Nantes s’associe avec ferveur à la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. La 11ème édition de cette manifestation voulue par Jacques Chirac en 2005 a eu lieu hier sous les auspices de la municipalité nantaise.
Bien que préparée avec soin par plusieurs manifestations annexes, la cérémonie officielle organisée hier à 18h30 n’a pas attiré grand monde. La minute de silence et le jet de fleurs sur la passerelle Schoelcher, face au palais de justice, se sont déroulés dans une quasi-intimité (notre photo). Les discours officiels, sous un chapiteau dressé au monument de l’abolition de l’esclavage du quai de la Fosse, ont attiré moins de 200 personnes (dont une poignée de manifestants anti-49-3) autour de Johanna Rolland, maire de Nantes, malgré un vin d’honneur et un spectacle gratuits.
Il est vrai que Nantes n’a pas réussi cette année à convaincre un invité de marque qui aurait servi de locomotive médiatique à la manifestation. Elle a dû se contenter d’Isabelle Boni-Claverie, scénariste et réalisatrice de télévision quadragénaire dont le grand-père, Alphonse Boni, ex-magistrat français proche de François Mitterrand, fut le premier ministre de la Justice de la Côte d’ivoire indépendante. L’édition 2015 animée par la militante afro-américaine Angela Davis avait paru décevante avec cinq à six cents participants. Elle fait pourtant figure de mobilisation de masse en comparaison de celle de cette année.
La municipalité de Jean-Marc Ayrault avait tenu à créer en 2012 un musée de l’abolition de l’esclavage pour rappeler la place tenue par les armateurs et les marins nantais dans la traite négrière, dont les Nantais eux-mêmes n’avaient pas, selon elle, une conscience assez aiguë. Ses efforts et les 7 millions d’euros investis semblent donc n’avoir eu qu’un effet très temporaire.
Crédit photo : Breizh-info, DR
[cc] Breizh-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
2 réponses à “Les mémoires de la traite célébrées dans l’indifférence à Nantes”
200 personnes pour une vérité relative (mieux vaut être prudent) : L’esclavage avec un détail, comme pour la SNCF il y a 70 ans, personne n’a inculpé les charpentiers de marine de l’époque ! Pour l’esclavage il aurait été plus honnête de construire un mémorial sur les côtes d’Afrique où des Noirs ont livré leurs propres frères qu’à Nantes où quelques rares personnes se sont enrichies de ce trafic.
Le nombre des participants, aux alentours de 200 est à rapprocher de la mobilisation (10 personnes en 2015)pour un mensonge d’Etat, une Vérité totalement occultée : Les Noyades de Nantes qui elles se sont déroulées avec la complicité d’une partie des habitants nantais.
C’est le problème de la compétition victimaire… On peut estimer au contraire fort de la part de Nantes d’avoir un tel mémorial (sans parler du monument en lui-même, plutôt médiocre; en plus trop grand pour sa localisation, gênant des aménagements indispensables). Et que les plaques du parcours urbain sont vraiment de trop et la place donnée à cette histoire dans le musée (et la boutique) château (des Ducs) de Bretagne totalement disproportionnée. Et vu la place ridicule accordée à la Bretagne dans ce musée, il est certain que c’est un choix pervers et réfléchi pour attiser la rancoeur.
Reconnaître une erreur ne devrait pas empêcher d’en reconnaître d’autres.
Mais la manipulation est trop tentante. Un gauchisme chrétien dans la repentance permanente envers l’étranger paralyse les âmes. Quand une certaine droite contre-révolutionnaire est plus jacobine que Robespierre ne peut aller que dans le mur.
Lecture neutre et critique de l’histoire n’est pas encore pour demain. Les gens veulent qu’on parle à leurs coeurs, pas à leurs têtes.
Nantes aurait grandi à honorer dans sa pierre les victimes de cet odieux commerce dans la sagesse. En l’hystérisant, elle gâche tout.