11/05/2016 – 05H45 Belfast (Breizh-info.com) – David McNarry, responsable nord-irlandais de l’UKIP, le parti souverainiste brittannique, a déclaré au journal anglais Express que l’armée anglaise devrait être déployée le long de la frontière nord-irlandaise. Et cela pour parer à un afflux de migrants, de trafiquants et de dealers auquel ferait face le Royaume-Uni après le Brexit.
David McNarry a déclaré que des patrouilles armées devraient circuler le long des 500 kilomètres de frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, afin de préserver la sécurité des villes et des villages britanniques, plus particulièrement à l’approche d’une sortie potentielle de l’Union Européenne. « Si le Royaume-Uni vote pour sortir de l’Union Européenne, la frontière ouverte entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord servira de porte d’entrée pour des gens qui veulent nous nuire » a averti le patron local de l’UKIP.
Il estime que les zones peu densifiées en population de la côte Ouest irlandaise peuvent permettre aux trafiquants de remonter vers le Nord sans être inquiétés. Ils prendraient ensuite le ferry directement pour l’Écosse, d’où ils pénétreraient sur le sol anglais. M. McNarry considére qu’une réponse armée préventive est essentielle, en « bloquant le seul pays de l’Union Européenne qui permette l’entrée vers la Grande-Bretagne ».
« M. Cameron doit expliquer à la population comment il compte la protéger des dealers, des pillards, des trafiquants . Il doit déployer l’armée à la frontière irlandaise avant la victoire de Brexit, le 23 juin prochain . Nous devons avoir une armée qui assure notre souveraineté. Ceux qui veulent nous envahir doivent comprendre que nous sommes là et que nous ferons tout notre possible pour les empêcher de traverser la frontière» a déclaré M. McNarry. Il rappelle que l’Irlande est une destination de plus en plus prisée pour le passage en Grande-Bretagne des délinquants et des migrants. « Nous savons que l’IRA traversait la frontière tranquillement. Cela pourrait arriver encore avec les dissidents républicains ou avec les djihadistes qui leur emboiteraient le pas ».
Pendant des décennies, l’armée anglaise a été présente en Irlande du Nord durant les Troubles, et les années de guerre civile. Une présence combattue par les nationalistes irlandais – et notamment par l’IRA – qui n’ont cessé de lutter contre ce qu’ils nommaient des troupes d’occupation . Une présence à contrario toujours souhaitée du côté des unionistes et des loyalistes, qui y voyaient une sécurité pour leur mode de vie.
M. McNarry a toutefois conscience que ses propos peuvent trouver un écho particulièrement négatif sur une île encore marquée par la guerre civile qui l’a ensanglantée durant des décennies. « La question des frontières est sensible , mais la sécurité de l’Irlande du Nord et du reste du Royaume-Uni est primordiale ».
M. McNarry est un habitué des déclarations fracassantes. En avril 2016, il avait confié, toujours à Express, que selon lui les dissidents de l’IRA l’armée républicaine irlandaise travailleraient main dans la main avec l’État islamique afin de lancer des campagnes d’attentats à la voiture piégée en Grande-Bretagne, nettement plus létale que les attentats suicides, spécialités actuelles des islamistes. Il avait encore une fois pointé du doigt la « porosité » de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.
Lors des élections qui ont eu lieu en Irlande du Nord la semaine du 5 mai 2016, les Unionistes du DUP l’ont emporté avec 29,2% des voix (38 sièges). Ils sont suivis à l’Assemblée du Sinn Fein (nationalistes irlandais de gauche), 24% et 28 sièges, et de l’Ulster Unionist Party, 12,6% et 16 sièges. L’Alliance Part (libéral) gagne lui 8 sièges, les Verts 2 et la liste de gauche « le peuple vaut plus que leurs profits » 2 sièges également, alors que les indépendants et les unionistes traditionnels remportent un siège. L’UKIP, qui réalise 1,5% en Irlande du Nord, n’aura pas d’élu. Difficile en effet de percer dans une région dominée par des unionistes qui ont sensiblement le même discours souverainiste. A contrario, dans un Pays de Galles dominé par les travaillistes (34,7%), l’UKIP remporte 7 sièges au Parlement et y fait son entrée avec plus de 12% des suffrages récoltés (et 20,5 % pour le Plaid Cymru, autonomistes gallois de gauche).
Crédit photo : History Today
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