11/05/2016 – 04H15 Quimper (Breizh-info.com) – « Agrégé d’histoire, l’ex député-maire de Quimper, Bernard Poignant (PS), conseiller de François Hollande, n’a pas peur du phénomène Nuit Debout : « j’ai vérifié, il n y a jamais eu de révolution qui se soit faite la nuit. Même les révolutionnaires dorment la nuit » (Challenges 28 avril 2016).
A coup sûr, l’agrégé Poignant souffre de quelques faiblesses en en ce qui concerne l’histoire des révolutions. Sinon, il saurait qu’une grande révolution s’est déroulée dans la nuit du lundi 2 juin au mardi 3 juin 1958. Au cours de cette nuit, l’Assemblée nationale a confié à Charles De Gaulle, investi président du Conseil la veille, la mission de proposer une nouvelle constitution aux Français. En clair, on allait passer d’un régime parlementaire sans colonne vertébrale (IVème République) à un régime semi-présidentiel assurant stabilité et efficacité à l’exécutif (Vème République).
Le lundi 2 juin 1958, à 21h25, les députés se retrouvent dans l’hémicycle du Palais-Bourbon. A 0h25, la séance est levée. Ils viennent de voter une loi confiant au gouvernement De Gaulle le soin de réviser la constitution de 1946 (350 pour, 163 contre, 67 députés, dont Jean-Marie Le Pen, n’ont pas pris part au vote).
Ce succès, Charles De Gaulle l’obtient à l’arraché. Il lui faut intervenir à trois reprises pour faire pencher la balance en sa faveur : « les circonstances sont telles qu’il ne serait pas possible au gouvernement de porter ses responsabilités au-delà de la nuit présente s’il devait en être autrement. Il en tirerait alors toutes les conséquences ». Le chantage est clair ; si je m’en vais vous aurez affaire aux militaires et ce sera la guerre civile. Sans l’aide de rené Coty, président de la République et de Guy Mollet, patron de la SFIO, De Gaulle ne serait pas parvenu à obtenir la délégation du pouvoir constituant, tellement la tradition parlementaire et la crainte du bonapartisme sont ancrées dans la tête des députés. Or c’est à cette nouvelle constitution que le général De Gaulle tenait avant tout.
Au cours de cette nuit, à tout point de vue « révolutionnaire », De Gaulle, assis au banc du gouvernement, devra avaler des couleuvres qui prendront la forme de réquisitoires sévères, véritables morceaux d’éloquence, oeuvres d’orateurs talentueux, tels que Jacques Isorni, Jean-Louis Tixier Vignancour et François Mitterand. « Tixier » de rappeler qu’il avait voté le 10 juillet 1940 la délégation de pouvoir au maréchal Pétain et qu’il était devenu inéligible pour cela à la Libération ..par De Gaulle. Or le même De Gaulle lui demandait à son tour la délégation du pouvoir constituant dix huit ans plus tard ! « La séance de ce soir m’en rappelle une autre » expliquait alors ce député qui n’avait pas l’intention de recommencer ce qu’il considérait être une erreur.
La constitution de la Vème République sera adoptée par référendum le dimanche 28 septembre; 15,06% d’abstentions en métropole et 79,2% des suffrages exprimés en faveur du « oui ».
En juin 2017, Bernard Poignant pourrait se retrouver au chômage. Il disposerait donc des loisirs nécessaires pour rédiger un ouvrage dans lequel il expliquerait ce qu’il a fait en faveur de la Bretagne pendant les cinq années passées auprès du Bon Dieu. L’installation à l’Elysée transforme en effet un petit notable breton en homme puissant, respecté par les ministres et craint par les hauts-fonctionnaires. Pousser tel ou tel dossier lui est facile. Favoriser telle décision relève du possible.
Evidemment, il ne fallait pas compter sur lui pour défendre la réunification des 5 départements bretons puisqu’il est partisan du « grand ouest».
Bernard Morvan.
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Une réponse à “Bernard Poignant mauvais historien qui n’agit pas pour la Bretagne”
Vous auriez pu évoquer aussi la nuit du 4 août ! Et il n’y a pas que les révolutions : le massacre de la Saint-Barthélémy a commencé la nuit.