Christian Troadec en route vers l’Élysée

09/05/2016 – 08H10 Carhaix (Breizh-info.com) –  Christian Troadec (divers gauche) maire et conseiller départemental de Carhaix, persiste et signe : il sera candidat à la présidentielle de 2017.
« Il y a urgence à faire émerger une force politique qui remette en cause le centralisme et propose une véritable régionalisation », explique-t-il. « Il y a urgence à ce qu’un projet politique, qui donne de vrais pouvoirs et de vrais moyens aux régions, s’affirme sur la scène électorale, partout en France. Je crois aux forces et aux capacités d’engagement qui existent dans nos communes, dans nos régions » . (Ouest France, 9-10 avril 2016).

Dans la foulée, Christian Troadec a lancé son site Internet et un compte twitter. L’homme des Vieilles Charrues s’y connait en matière de communication…

Bien entendu, les obstacles sont nombreux. Autant pour les grands partis, tout est facile (argent, élus, relais médiatiques, combines diverses et variées), autant pour les « petits », la tâche est compliquée. Il ne faut pas compter sur les institutions habituées à financer la vie politique pour fournir des « valises » à Troadec.

En effet, leur contribution à la «fluidification » du système repose sur une attente : le retour sur investissement . Or la candidature de Troadec demeure un acte de témoignage sans espérance de résultat. Or une opération de cette importance ne peut se concevoir sans des arrières solidement assurés. On ne se lance dans l’arène qu’après avoir reçu des assurances des « investisseurs » quant aux financements. Cette règle se vérifie actuellement avec les candidats déclarés à la primaire de la droite. Ceux qui comptent : Alain Juppé s’est installé dans un 200m carré Boulevard Raspail à Paris, François Fillon se contente d’un 170 m carré boulevard Saint Germain, tandis que Bruno Le Maire a emménagé dans un 120 m carré rue de Seine.

Dans son QG parisien, Alain Juppé bénéficie du concours d’une petite équipe de cinq permanents.

Comme les loyers et les salaires se paient en argent sonnant et trébuchant, tout électeur de droite devrait s’interroger sur l’origine des fonds dont disposent ces champions pour financer leur campagne pour la primaire. On connait le refrain : la main sur le coeur, Juppé, Fillon et Le Maire jureront que leur petite entreprise fonctionne grâce aux dons des sympathisants. Il n’y a que les naifs et les esprits simplets pour le croire ! Avec des budgets qui atteignent plusieurs millions d’euros, ce n’est pas avec le chèque de dix euros de Madame Michu qu’on parvient à joindre les deux bouts.

Certes, pour l’élection présidentielle elle-même, les petits candidats admis à concourir bénéficient d’un forfait fourni par l’État, même si leur résultat est inférieur à 5%. Mais Christian Troadec ne bénéficiera pas du carburant qui lui permettra de se lancer sérieusement dès l’automne. Alors qu’il lui faudra parcourir l’hexagone à la recherche des parrainages !

Bien entendu, un parti riche en militants aguerris peut remplacer le facteur argent par le facteur bras, mais , en dehors du secteur de Carhaix, Troadec apparait bien démuni en main d’oeuvre bénévole.

Quand à l’obtention des 500 parrainages, on ne prend pas beaucoup de risques en affirmant que l’affaire ressemble à mission impossible. Même si, l’an passé, un maire alsacien, Paul Mumbach, a annoncé qu’il signerait en faveur de Christian Troadec. Comme un maire rural est un être prudent voir craintif, il sera intéressant de dresser le moment venu la liste des élus bretons qui se seront mouillés en faveur de Troadec ; cette liste risque d’être courte.
Dans l’hypothèse où ce dernier serait parvenu à obtenir les 500 signatures …

Mais Christian Troadec continue à creuser son sillon même si sa démarche apparait solitaire puisqu’il est le seul élu à se revendiquer régionaliste. Autre avantage du personnage il embarrasse les grosses cylindrées, ce qui le rend éminemment sympathique.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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4 réponses à “Christian Troadec en route vers l’Élysée”

  1. huet patrick dit :

    attendons de voir l’etat financier des paysans avec son usine a lait dans quelques mois ruinés ou endettés

  2. An dit :

    Ok, c’est pas comme s’il ne l’avait pas annoncé plusieurs fois mais breizh-info n’aura pas été très réactif à l’officialisation.
    Mais pendant ce temps, de quoi apprendre que le Centre-Bretagne est devenu propriété de ces fourbes de bridés (articles intéressants par ailleurs).
    Mais Troadec reste un passage obligé, n’est-ce pas ? Un minimum conséquent de clics assurés, non ?
    Soyez pragmatique.
    Pour la Présidentielle, jouez la carte Troadec comme vous l’avez fait du temps des BR (depuis, la neutralité éditoriale s’est disloquée sur le gars, simplement parce que dans la machine « gauche » ? ce n’est pas le problème, le problème c’est le jacobinisme et le centralisme parisien plus ouvert au mondialisme par essence, le FN est dans cette tradition et n’a pas le logiciel pour le dépasser, syndrome Philippot, la mondialisation R&PS ? Beaucoup plus à la marge malgré le progressisme revendiqué, donc plus intéressante même si plume face aux défis inédits).
    S’il a les 500, vous verrez les connexions explosées. Rappelez-vous qu’il a été acteur à un certain degré de distance dans le zeitgeist qui a fait naître ce site et sa ligne éditoriale originale mais ankylosée dans la vieille fracture gauche/droite. Un Troadec a 5% vous fera plus de lecteurs qu’une MLP élue (à moins que vous n’attendez de passer dans la liste media subventionné, là, évidemment, vous prendriez la place du Télégramme -ce qui serait loin d’être immérité d’ailleurs).

  3. Alain dit :

    C’est pas faux, mais il faut reconnaître que le FN évolue plus vite vers la défense des identités régionales(*) que le mouvement breton évolue vers la création d’un parti national de type SNP.

    En Ecosse le SNP, bien qu’ouvertement Social-Démocrate, reste un parti politique ouvert à tous les autres nationalistes (libéraux ou chrétiens-démocrates): l’Écosse passe avant l’idéologie.

    En Bretagne :
    UDB = 60 ans de racolage au service du PS.
    Aujourd’hui UDB/TROADEC= moins de racolage mais toujours cette même difficulté à travailler avec l’ensemble des Bretons.
    Le problème en Bretagne est avant tout un problème breton, plus qu’un problème jacobin : c’est notre inconsistance qui laisse le champ libre aux jacobins!

    (*) pour parler français, car la Bretagne n’est pas une région de France mais un pays d’Europe.

    • An dit :

      La timide évolution FN sur les régions est d’abord folklorique. Dans le même sillon limitatif du 19e. C’est purement stratégique, le parti étant celui de Philippot.
      Le problème breton : une droite inexistante pendant bien trop longtemps. Et qui, tout autant fondamentalement que l’UDB sur d’autres idéologies, est incapable de couper le cordon avec la Fille aînée de l’église.
      C’est désolant de voir comment les détracteurs de l’UDB lui accordent pourtant une telle importance historique. Comment de tels médiocres ont-ils pu phagocyter tout un mouvement ? Bah peut-être que ceux d’en face devraient se remettre en question ?
      Simplement, le bilan étant ce qu’il est, Troadec ne peut pas faire l’impasse dessus: pour être entendu, il faut se présenter à la Présidentielle, pour y être, il faut un réseau. Celui de l’UDB a, relativement, un bien plus gros potentiel, c’est tout. Une campagne réussie par Troadec, et il aura pris l’ascendant sur l’UDB. Un échec et l’UDB, et Troadec, sont morts.
      Soit on fait comme Déléon et on va au bout de ses idées. Ça se respecte. Soit on fait comme le reste du PB, preuve de sagesse, et on joue la patience jusqu’à 2017 en repartant sur des enseignements concrets: combien pour le régionalisme dans la seule élection qui existe, pour commencer.
      Être trop critique sur Troadec enverra des votes au FN qui attend 2022 (avec Philippot candidat mais après une crise avec les filles Le Pen).
      Bref, aucun intérêt pour la politique bretonne.
      Et puis dans le fond, les détracteurs de l’UDB leur reprochent d’être fermés d’esprit. Ce qui est vrai. Mais qu’ils commencent par l’être eux-mêmes. Se faisant, ils embarrasseraient bien plus l’UDB.
      L’attitude d’un Yves Pelle est pour cela sage. Un Troadec au gros score lui laissera la liberté de choix sur le gâteau des élections locales suivantes, avec un peu plus de beurre qu’avec la stratégie locale. Et un mauvais score de Troadec suffira à montrer qu’il n’y avait pas de risque pour la politique bretonne de le soutenir puisqu’elle n’aura alors aucun avenir, se révélant n’être qu’une fraction française comme les autres, aux petites marges folkloriques.
      Pour finir, l’important pour Troadec n’est pas d’avoir l’UDB, le PB, BE, Adsav ensemble. Le plus gros suffit. L’UDB, donc. Il lui faut surtout les leaders des autres régions. Alsaciens, en tête. À ce titre, la tension entre Troadec et Mumbach pourra être bien plus préjudiciable que celle avec la droite bretonne.
      Voilà le premier vrai grippage dans la mécanique bien huilée depuis 2 ans par Troadec, les Régionales étant décevantes mais au lendemain d’attentats d’envergure. Mais ça peut se relancer. Convaincre Simeone de faire partie de son cabinet de campagne serait un gros coup. Ça serait plus facile si l’unanimité régios en Bretagne existait sur Troadec. Que la droite bretonne fasse le dos rond.
      Mais tout compte fait, elle est à l’image de la politique bretonne. Une enfant. Même pas 100 ans d’existence aux marges face à un jabonisme au pouvoir depuis 200. Mais ce n’est pas une excuse quand l’enfant prétend à côté de ça tout mieux comprendre que les autres dans son petit monde.
      Avec son poids démographique, économique, la Bretagne est la clef à la chute du jacobinisme. Mais la serrure semble bien trop haute.

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