Rien de plus difficile que de bien cuire la viande, surtout quand elle est hachée menu. En temps normal, ce genre de mets devrait être réservé aux jeunes enfants et aux vieillards sans dents. Parfois, en réminiscence des âges anciens, on peut la consommer crue, assaisonnée de sauces roboratives, tout en se rêvant nomade des steppes. Malheureusement, triste conséquence de leur victoire militaire, les Nord-Américains ont imposé sur notre continent et sur bien d’autres encore, leur mode de consommation, mieux adapté à l’âge industriel et répondant aux capacités des « sans dents », cette fois dans l’acception que donne à ces mots le sieur Hollande : les pauvres.
En quelques années, les chaînes débitant du « burger » se sont répandues chez nous, inondant le paysage de leurs enseignes tape-à-l’oeil qui attirent le gogo au QI à deux chiffres comme les indulgences un pécheur pressé de s’épargner un trop long séjour au purgatoire. C’est donc à reculons que je suis entré au Quickly Gourmet au 10 de la rue Notre-Dame à Redon, nom qui en soi n’augure rien de bon. Tout comme Hervé Forneri s’est travesti en Dick Rivers pour se raccrocher aux wagons d’une mode de consommation musicale venue elle aussi d’outre-Atlantique, cet établissement semble avoir opté pour le mimétisme à la fois dans le branding et le positionnement culinaire.
J’ai comme l’impression de lire un exercice appliqué extrait de Restaurant Marketing for Owners and Managers de John M. Stefanelli. D’ailleurs, comment qualifier ce lieu ? Restaurant ? Trop petit et menu spécialisé. Guinguette ? Il manque un orchestre. Gargote ? Boui-Boui ? Trop péjoratif. Mâchon ? Diffcile de « mâcher » une viande hachée. Je propose « bouchon », même si les boissons que l’on y boit sont agrémentées de sucre, de gaz carbonique, caféine et autres additifs.
Deux hommes jeunes trônent derrière le comptoir. Ils n’ont pas encore la peau tannée par le grill. Exercice d’autant plus difficile qu’ils opèrent sur une plancha électrique de la marque Krampouz autrefois mieux connue pour ses crêpières et ses gaufriers. Mondialisation quand tu nous tiens ! Le menu a l’avantage de la simplicité. Il s’inspire bien de l’industrie. Un même châssis (pain et viande) sur lequel le client peut choisir toute une variété d’accessoires.
J’opte pour le burger le plus simple accompagné par un cornet de frites, le tout pour 6,50€. Sans trop attendre, on me livre mon pain garni et mes patates dans un joli emballage imitant le papier journal. Revenu à mon bureau je déballe mes trésors pour manger face à mon écran car j’ai du travail à finir d’urgence. Première agréable surprise : le pain est bon, croquant en surface et pas trop sucré. La viande, cuite comme il faut, se marie bien avec un accompagnement de poivrons qui respecte autant que faire se peut la sapidité de la viande. Seconde bonne surprise : les frites, d’une découpe irrégulière, sont bien salées et agréables à croquer même si la cuisson aurait gagné à être prolongée de quelques secondes.
Dans l’offre culinaire de Redon, un bouchon proposant des pains à la viande savoureux et économiques remplit davantage un rôle social que gastronomique. Il nourrit plus qu’il n’alimente mais il assure son office aussi honnêtement que possible.
Le Quickly Gourmet – 10 rue Notre Dame – 35600 Redon
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Redon. Quickly Gourmet, une bonne surprise en restauration rapide”
Plusieurs personne de mon entourage y on été, ils ont été agréablement surpris par la qualité de la nourriture. D’ailleurs ils délaissent les mcdo et autres fast food pour celui-ci. Bon travail pour un resto rapide.