Loi Travail. En marge des manifestations, les casseurs s’en sont donné à coeur joie à Nantes et à Rennes [photos]

30/04/2016 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Une nouvelle journée de mobilisation a eu lieu en France ce 28 avril contre la Loi Travail. Rassemblant de 170.000 à 500.000 manifestants sur le territoire national, elle s’est soldée par de nouvelles émeutes à Paris, Rennes, Nantes, Toulouse, Marseille et Gennevilliers, où une centaine de gauchistes ont tenté d’envahir le port fluvial. En tout, 24 policiers ont été blessés et 120 personnes interpellées dont 57 à Marseille.

En Bretagne, les cortèges ont rassemblé 29.000 manifestants, dont 10.000 à Nantes, 4.000 à Saint-Nazaire et 8.000 à Rennes. En marge, des émeutes ont éclaté entre plusieurs centaines de casseurs et les forces de l’ordre à Nantes – où 41 interpellations ont été faites en fin de manifestation, selon le compte https://twitter.com/ Twitter de la police nationale dans le 44 – et 4 policiers ont été blessés, dont un gendarme mobile, selon nos informations. A Rennes, un véhicule de la police a été caillassé par les manifestants. Une fois n’est pas coutume, des affrontements ont même eu lieu à Saint-Brieuc, lorsqu’une soixantaine de jeunes issus de la gauche libertaire locale a tenté de prendre d’assaut l’hôtel de police pour libérer l’un de leurs membres. Quatre d’entre eux ont été interpellés et le reste dispersé, après des accrochages sur le boulevard Clémenceau.

Dans le calme, 1000 manifestants ont défilé à Quimper, 100 à Fougères, 250 à Vannes, 4000 à Saint-Nazaire, 400 à Lannion, 1500 à Lorient, 150 à Dinan, 180 à Carhaix, 350 à Quimperlé, 250 à Redon, 1000 à Saint-Brieuc, 400 à Saint-Malo, 100 à Guingamp, 1200 à Brest, 300 à Ancenis.

Dès midi, à Rennes, en marge de la manifestation syndicale, de la peinture a été jetée sur plusieurs vitrines de magasins. Plusieurs centaines d’émeutiers issus de l’extrême-gauche locale et des lycées de la ville ont ensuite tenté d’entrer dans le centre-ville historique, jetant projectiles et grappins sur les murs anti-émeutes dressés par les forces de l’ordre. Vers 13 h, une bombe agricole est projetée sur les policiers, ainsi qu’une bombe incendiaire – un filtre de moteur diesel rempli d’essence – sans faire de blessés. A 13 h 30 les heurts se déplacent place de la République où un lampadaire est brisé, puis une heure plus tard rue d’Isly. Enfin les 300 manifestants les plus résolus sont contenus esplanade de Gaulle à 15h et finissent par se disperser. Un jeune homme aurait été touché à l’oeil par un tir de flashball et pourrait rester borgne.

A Nantes les émeutiers n’ont pas attendu non plus la fin de la manifestation syndicale pour commencer à tout casser. En marge des rangs serrés des manifestants syndicaux, ils ont tenté de dévier le cortège, se sont attaqués aux caméras de la TAN perchées sur des mats à Commerce – trois au moins ont été cassées – ont mis le feu à une remorque et à une Porsche garée près de la Préfecture. Les vitres d’une Mercedes immatriculée dans les Bouches-du-Rhône ont aussi été cassées. Les vitres des aubettes de bus et de tramway situées au Bouffay, place Louis XVI, Place du Cirque et Commerce (lignes 1 et 2/3) ont aussi été cassées. Un chantier situé près de Commerce a été investi, la remorque de chantier détruite et l’ensemble du chantier déversé sur les voiries voisines. Des tags d’une extrême violence parfois ont été faits sur certaines vitrines du centre-ville. Citons notamment « mort aux capitalistes, Tribunal populaire, pendons-les », ou encore « la BAC : collabos vous serez exécutés comme ver [sic] 45 ».

En début d’après-midi la manifestation – réduite à 600 personnes – est partie aux Nefs, où un scooter a été incendié et 8 personnes interpellées par les forces de l’ordre après des affrontements. Vers 15h30, une cinquantaine de personnes se regroupent au niveau du rond-point à Hôtel-Dieu. Quatre personnes d’une trentaine d’années, qui se présentent comme des salariés d’Airbus à Bouguenais, organisent le blocage du rond-point avec des barrières de chantier toutes proches et des ganivelles. L’une d’elles crie « peuple français, réveille toi ! » et est immédiatement prise à partie par des anarchistes ulcérés. En quelques minutes, ce ne sont plus cinquante, mais 200, puis 400 personnes qui rallient les lieux. Parmi elles, 80 casseurs issus de cités sensibles, notamment de très jeunes, et quelques filles. Une voiture qui tente de forcer le passage vers 15h40 manque d’être détruite, son conducteur sort, le visage menaçant, les manifestants s’écartent, puis commencent à s’attaquer à la voiture en menaçant le conducteur et sa passagère. Celui qui criait « peuple français » s’interpose : « c’est un ouvrier comme nous, ça se voit, arrêtez ! ». La voiture passe, le passage est finalement bloqué. Vers 16h, alors que la police a réussi à traverser le carrefour côté Chaussée de la Madeleine, dans le dos des manifestants, ceux-ci s’en vont à l’extrémité de l’île Feydeau, devant la rue de Strasbourg barrée par les gendarmes mobiles. Ceux-ci sont abondamment caillassés.

Vers 16h 20, les manifestants sont pris en tenaille par des CRS et des gendarmes mobiles postés le long des voies ferrées près du Carré Feydeau, au sud, et à l’est de la place Neptune. Les lieux sont abondamment gazés, les forces de l’ordre avancent vers l’ouest. A 16h45, les manifestants sont déjà revenus vers Hôtel-Dieu, puis se déplacent plus au sud, entre la station de tramway et la gare routière. Vers 17h12, des poubelles sont enflammées, pendant que des casseurs issus des cités sensibles s’attaquent aux aubettes de bus – une est entièrement pulvérisée – aux barrières levantes des parkings chaussée de la Madeleine et gare routière – et à certaines voitures. Une bagarre éclate entre manifestants, d’autres courent en tous sens, croyant à une charge policière. Un jeune aurait refusé du tabac à un casseur, ils étaient de deux cités rivales, le jeune manque d’être lynché par une quarantaine d’autres, qui le bourrent de coups de pied. Il arrive à se dégager et fuit.

Vers 18 heures, quand les forces de l’ordre dégagent les lieux, les casseurs refluent vers la tour Lu. En chemin, ils s’attaquent à plusieurs voitures. L’une d’elles, une voiturette Bellier, est saccagée, son contenu – l’attirail d’un peintre – répandu par terre, la palette git à dix mètres. « C’étaient vraiment des très jeunes, y en avait qui n’avaient pas dix ans », expliquent deux hommes âgés d’une trentaine d’années qui les dispersés ; l’un d’eux est d’origine maghrébine. « C’est n’importe quoi ! Ce sont clairement des jeunes de quartier, mais pas du notre. On est des Dervallières », un quartier sensible de l’ouest de Nantes. A 18 h15, 250 manifestants sont place du Bouffay où la Nuit Debout commence. Dix minutes plus tard, la BAC traverse le boulevard avec un jeune interpellé. En moins de deux, le mouvement pacifique le semble bien moins, des projectiles volent, une poubelle flambe.

Quelques minutes après, l’émeute s’apaise, la Nuit debout reprend. Des jeunes assis boivent des bières. D’autres « dévissent les ampoules » pour montrer leur approbation aux propos des divers orateurs, comme le faisaient les Veilleurs il y a quelques mois encore dans les dernières villes où ils se réunissaient, à Orléans notamment. La Nuit Debout encore assez importante à Nantes, s’étiole ailleurs : à Saint-Nazaire la nuit Debout s’est couchée à 22h50 après n’avoir rassemblé qu’une vingtaine de participants…

Crédit photo : breizh-info.com
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