Diane Ducret présente son nouvel ouvrage : « Lady Scarface » [interview]

30/04/2016 – 06H50 New York (Breizh-info.com) –  Diane Ducret, auteur franco-belge des très appréciés et remarqués « Femmes de dictateurs » (2 volumes) ou encore de « la chaire interdite » , revient avec un nouvel ouvrage, intitulé « Lady Scarface, dans l’intimité des fiancées de la poudre du Chicago d’Al Capone à Hollywood». Le livre vient de paraitre aux éditions Perrin et nous a particulièrement plu. Un excellent travail de recherche historique, qui nous plonge aux côtés de ces femmes libres et rebelles du 20 ème siècle, qui ont vécu, aimé, défendu, aidé, de grands truands du siècle dernier aux Etats-Unis. De Mae Capone, la femme de Scarface à Bonnie Parker, la « Juliette au revolver » en passant par Virginia Hill, le « Flamand rose », reine de la pègre, et beaucoup d’autres, plongez dans l’univers méconnu, féminin et violent, de la pègre .

Elles sont meurtrières, frondeuses, séductrices, esprits rebelles et libres, elles ont choisi d’être des Lady Scarface, à la vie à la mort… De la naissance des bordels de Chicago à celle d’Hollywood, Diane Ducret nous plonge dans l’intimité des « fiancées de la poudre », les femmes du clan d’Al Capone et autres gangsters qui ont fait trembler le monde.

Chicago. Début des années folles.
Le Syndicat du crime n’est pas qu’une affaire d’hommes, il se conjugue aussi au féminin.
Elles sont fugueuses, frondeuses, parfois meurtrières, mais toujours rebelles. Elles s’appellent Mary Josephine Capone aliasMae, Ada et Minna Everleigh, les Impératrices du vice, Margaret Collins, la Fille au baiser mortel, Louise Rolfe, l’Alibi blond, Bonnie Parker, laJuliette au revolver, ou encore Virginia Hill, leFlamant rose : elles sont les compagnes d’infortune comme de gloire d’Al Capone, Clyde Barrow ou Bugsy Siegel, barons noirs des années de plomb qui ont fait trembler l’Amérique.
Traquées par le légendaire patron du FBI John Edgar Hoover, muses de la prohibition et de ses fêtes décadentes, elles n’ont rien à envier aux gangsters, l’intelligence et les talons hauts en prime.
Le crime ne paie peut-être pas, mais il séduit toujours. A partir d’archives déclassifiées du FBI et d’Alcatraz, de journaux de l’époque, d’entretiens avec des descendants et de documents inédits, Diane Ducret dévoile avec le talent qu’on lui connaît l’intimité de celles qui ont choisi d’être des Lady Scarface, à la vie à la mort…

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Lady Scarface – Diane Ducret – Plon – 21 €

Entretien avec Diane Ducret.

Breizh-info.com : Tout d’abord, qu’est ce qui vous a amené, depuis toutes ces années, à travailler sur les femmes et maîtresses  d’hommes célèbres et particulièrement controversés (dictateurs, mafieux) ? 

Diane Ducret : Ces femmes elles-même, et leur destinée hors du commun…. Découvrant un jour que plusieurs femmes avaient tenté de se donner la mort par amour pour Hitler, je me suis demandé « mais comment peut-on aimer un tel homme? » Comment peut-on aimer quelqu’un de destructeur, qui ravage tout sur son passage ? N y a-t-il donc pas de limite à l’amour d’une femme ? Ce sont des questions que nous nous posons toutes et tous. J’ai eu envie de connaitre la vie, les pensées, l’intime de ces femmes capables de dire « bonsoir mon chéri, tu as passé une bonne journée? », quand le chéri s’appelle Joseph Staline ou Al Capone.

Breizh-info.com : Une attirance particulière pour ceux qui ont fait l’histoire mais aussi pour les voyous ?

Diane Ducret : Disons que l’histoire non officielle, ses zones d’ombres, « grises », peu consensuelles m’attire. On oublie que les grandes décisions qui ont marqué l’histoire, sont souvent guidées non par des principes politiques ou économiques, mais humains, avec ce que cela a de grand, et de minuscule. Par exemple, on pense connaitre « Scarface », Al Capone, mais on ne se rend pas compte que le Syndicat du Crime a façonné l’Amérique, a fait régner la terreur ! C’est un royaume dans lequel les femmes de gangster sont les reines, capricieuses, précieuses parfois ridicules, mais toujours passionnées.

Breizh-info.com : Votre dernier ouvrage est consacré aux fiancées de la poudre, ces femmes dans l’ombre des grands parrains de la drogue et du grand banditisme. Comment avez vous procédé pour obtenir toute cette documentation sur un milieu particulièrement opaque , y compris à l’époque ?

Diane Ducret : Une enquête passionnante à mener ! Quand on aime le travail de fourmi ! Il a fallu retrouver leurs identités véritables, cachées sous de nombreux alias, retrouver leurs traces dans les journaux de l’époque, les archives du FBI qui publiait leurs avis de recherche et les traquait, ainsi que celles d’Alcatraz, pour retrouver la correspondance inédite par exemple entre Al Capone et sa femme la belle Mae. Et puis j’ai eu la chance de pouvoir questionner une des seules descendantes de Capone.

Breizh-info.com : Vous balayez d’un revers de main la caricature de la femme de gangster potiche et attendant sagement son voyou de mari. Les « fiancées de la poudre » ont , sous votre plumes, des allures de femmes rebelles, libres, presque des féministes non ?

Diane Ducret : Elles sont très avant-garde en effet ! Des femmes qui refusent de devenir de simples épouses ou mères, brisent les carcans qui enserrent la femme, portent des pantalons, montrent leurs jambes, boivent, fument, dansent dans des cabarets, mènent une vie d’amour libre et de cavale. Elle sont un sacré caractère.

Breizh-info.com : Finalement, est-il possible d’être le plus gros des truands sans avoir aucun équilibre familial et matrimonial ? Ces femmes de voyous, tout comme les femmes de dictateurs dont vous avez raconté l »épopée, ne sont elles pas la preuve de la complémentarité nécessaire homme et femme dans un couple, pour le meilleur et pour le pire ? Al Capone aurait-il réussi sans Mae, Et Clyde sans Bonnie ?

Diane Ducret : Ceux qui entrent dans l’histoire du crime ont en effet tous une femme qui les aime, et à laquelle ils se dévouent…. Ils savent se montrer tendres, pas forcément fidèles ceci dit. En effet Clyde ne peut supporter l’idée d’être sans Bonnie, lorsque, pendant une fusillade, elle est gravement blessée, il la garde sur ses genoux, il semble perdu, son monde s’est écroulé. De même, lorsqu’Al Capone est à Alcatraz, il ne peut vivre sans les lettres de Mae, il lui écrit sans cesse qu’il la retrouvera, qu’ils seront ensemble parfaitement heureux, qu’il n’appartiendra qu’à elle.

Breizh-info.com : Quel regard portez vous sur le féminisme façon « osez le féminisme » d’aujourd’hui ? Ces femmes libres que vous décrivez n’incarnent-elles finalement pas parfaitement le contre-argument des caricatures actuelles du féminisme qui en viendraient presque à nier les spécificités masculines et féminines ?

Diane Ducret : Je pense qu’il y a plusieurs façons d’être libre, plusieurs façons d’être femme. En effet, on voit dans ce livre, comme dans femmes de dictateur, que les femmes ne sont pas forcément des victimes à défendre, que les hommes ne sont pas forcément des bourreaux. Féminines, amoureuses, elles acceptent de tout donner par amour, tout reprendre parfois, elles sont douces, violentes, elles sont à mon sens un vent de liberté dans le féminisme.

Propos recueillis par Yann Vallerie

Crédit photo : DR
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