29/04/2016 – 06H30 Nantes (Breizh-info.com) – Ce lundi 25 avril, huit militants de l’extrême-gauche libertaire nantaise qui avaient été arrêtés fin janvier en train d’ouvrir un squat pour migrants ont été jugés au tribunal pour atteintes volontaires de biens d’autrui. Reconnaissant « la noblesse de la cause défendue par les prévenus« , le parquet a requis des peines minimes.
Ils avaient été interpellés le 27 janvier en flagrant délit alors qu’ils investissaient une ancienne maison de la sécurité sociale située à Chantenay, à l’ouest de Nantes, pour en faire un squat pour clandestins mineurs issus principalement de pays africains.
Parmi ces huit militants, un dort déjà en prison. Activiste très connu de l’extrême-gauche locale, il avait été arrêté suite à la manifestation contre la Loi Travail à Nantes, qui avait été émaillée de nombreux heurts et dégradations volontaires ; jugé assez rapidement, il a été condamné à 6 mois de prison ferme qu’il purge en ce moment. Un autre du groupe des huit militants est lui aussi déjà connu de la justice, mais comparaissait libre.
Devant le tribunal, lundi après-midi, étaient rassemblées une cinquantaine de personnes, dont une vingtaine issue de l’extrême-gauche libertaire et alternative nantaise, quelques unes venues d’associations qui interviennent en faveur des clandestins et enfin une quinzaine étaient des migrants eux-mêmes, qui se prétendent « mineurs isolés » – quand bien même les pouvoirs publics ne les reconnaissent pas toujours comme tels – et qui étaient notamment issus du Tchad, du Soudan ou encore du Sénégal. Tous étaient de jeunes hommes, Africains pour la quasi-totalité.
« le procureur reconnaissait la noblesse de la cause défendue par les prévenus »
Le délibéré sera rendu le 23 mai. La CPAM de Loire-Atlantique a demandé 2000 € de dommages et intérêts pour les dégradations faites au bâtiment – essentiellement des tags sur les clôtures et les murs. Le procureur a requis deux mois ferme pour le militant déjà en prison, 60 jours amende à 10€ pour celui qui est déjà connu de la justice, et des travaux d’intérêt général pour tous les autres. L’avocat du groupe a plaidé le bon état du bâtiment – les tags sur les clôtures semblaient être antérieurs comme le montrent les vues de Google StreetView. Aux militants rassemblés à la porte du tribunal, il a déclaré que « le procureur reconnaissait la noblesse de la cause défendue par les prévenus », et que les peines requises étaient minimes.
Déjà 5 squats de migrants à Nantes
Selon des manifestants qui interviennent pour aider les clandestins, notamment mineurs, « il y a à Nantes 160 mineurs isolés étrangers qui sont à la rue ». Nombre d’entre eux ne sont pas reconnus comme tels par les pouvoirs publics, car les tests osseux pratiqués montrent qu’ils seraient majeurs. L’extrême-gauche et les associations pro-migrants dénoncent le manque de fiabilité de cette méthode et la récusent en bloc.
« En vérité, les squats arrangent tout le monde », confie un militant impliqué dans la gestion de l’un de ces « lieux d’accueil » pour migrants. « Les dispositifs d’accueil publics sont complètement saturés, le système veut bien faire des efforts pour nous balancer de la lacrymo, pas pour accueillir les migrants, c’est inadmissible, mais c’est comme ça ». A l’été 2015, la Loire-Atlantique comptait 265 mineurs isolés étrangers reconnus comme tels et accueillis par le département – pour un coût annuel de 10 millions d’€, soit près de 38.000 € par personne. Avec les 160 mineurs isolés étrangers (MIE) dont l’extrême-gauche clame avoir pris en charge – ils dorment la nuit dans des squats autogérés et sont nourris le jour par des associations, leur nombre total dépasse les 400, concentrés principalement sur l’agglomération de Nantes.
Il y a cinq squats de migrants gérés par des collectifs proches de l’extrême-gauche à Nantes et son agglomération : l’historique, au presbytère Saint-Médard de Doulon, celui de Chantenay au bas de la rue de la Fontaine des Baronnies, un troisième au 16 rue des Dervallières, près du quartier sensible éponyme, et un quatrième, à Rezé, qui accueillerait tant des marginaux que des migrants. Un cinquième, situé dans le quartier de la Moutonnerie (Dalby) n’accueillerait que des mineurs étrangers isolés, principalement issus d’Afrique.
Cependant, comme nous l’écrivions il y a un mois l’expulsion du squat historique de l’ancien presbytère de Doulon se fait chaque jour plus précise. « Le diocèse, qui n’a pas l’usage du bâtiment, envisage de cesser le bail et de le rendre la ville, pour qu’elle en fasse des logements [pour des personnes en très grande situation de précarité, notamment des sans-abris, NDLR]. Nous, nous attendons à ce que la Ville procède à l’expulsion des occupants », confie un militant.
Les négociations entre la Préfecture et le collectif de soutien aux clandestins du squat, proche de l’extrême-gauche, viennent d’être suspendues après que des solutions d’hébergement ont été trouvées pour 48 des 80 occupants actuels. Le collectif demande que tout le monde soit recasé, ce que les pouvoirs publics ont refusé – et pour cause, nombre d’occupants ont été déboutés de toutes leurs demandes de régularisation et n’ont donc rien à faire sur le territoire français. Parmi ces solutions avancées par les pouvoirs publics, 25 personnes qui ont déjà obtenu le statut de réfugié auront des logements, plusieurs autres seront transférées dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) en Sarthe, et quinze seront accueillies par des particuliers volontaires au sein du dispositif Welcome.
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Une réponse à “Nantes. Ils avaient voulu ouvrir un squat pour clandestins : « Une cause noble » pour le procureur”
Noble ou pas, n’est pas le sujet ! La PROPRIETE EST INVIOLABLE ET… SACREE ! Point final.