25/04/2016 – 18H00 Nantes (Breizh-info.com) – Les coups de feu mystérieux continuent. Pour la 18e fois depuis fin 2014, des détonations ont claqué dans le ciel des quartiers dits « sensibles » nantais. Cette fois, c’est à Malakoff – encore ! – à l’est du centre-ville nantais, qu’une détonation a été entendue le 21 avril 2016. Le tir a retenti rue d’Angleterre, pour la 5e fois depuis l’été 2015, et pour la 7e fois dans le quartier.
Peu après le coup de feu, un riverain appelait police-secours. Une patrouille de la BAC dépêchée sur place ne constatait rien d’anormal, et ne recueillait aucun témoignage ni indice. Cependant, après ce coup de feu, un jeune homme d’une vingtaine d’années s’est présenté aux urgences du CHU Hôtel-Dieu, accompagné d’un ami, pour faire soigner une blessure au mollet, causée par un plomb. Une patrouille de police envoyée à l’hôpital ne recueillait rien auprès du jeune homme : ni explications sur les circonstances de sa blessure, ni commencement de pistes, ni même de dépôt de plainte. Une enquête a cependant été ouverte et la présence policière intensifiée en fin de nuit du 21 au 22 avril dans les deux quartiers de Malakoff et de la Bottière, qu’opposent depuis plusieurs mois de sérieuses tensions.
Le précédent épisode avait eu justement lieu à la Bottière, un autre quartier « sensible » situé cette fois à l’est de Nantes. Deux personnes juchées sur un scooter avaient tiré le 3 avril dernier plusieurs coups de feu sur une voiture vide garée sur la placette devant la mairie de quartier. C’étaient les premiers tirs depuis d’autres, le 6 novembre dernier dans les quartiers nord (Santos Dumont) et à la Toussaint, d’abord dans un mariage d’une famille de Malakoff dans la salle municipale du Pin Sec, située tout près de la Bottière, puis quelques heures plus tard à Malakoff, entre le 10 rue d’Angleterre et la voie ferrée. Un jeune homme avait été blessé presque à bout portant par le conducteur d’un scooter qui avait d’abord commencé par discuter avec lui, vers midi.
Entre novembre et mars, les tensions entre quartiers nantais s’étaient aussi fait jour lors de l’intrusion d’une quinzaine de « jeunes » dans le lycée Mandela de l’île de Nantes, sectorisé sur plusieurs quartiers sensibles dont Malakoff. Ces jeunes, qui « intervenaient » dans le cadre d’un conflit entre Bellevue – un quartier sensible situé à l’ouest de Nantes – et Malakoff, avaient fait deux blessés légers, dont un avec une arme de type airsoft.
Dans le quartier de Malakoff, c’est le 7e épisode de tirs depuis mars 2015, lorsque le 11 mars des hommes ont tiré des coups de feu après être sortis d’une voiture, le tout en criant « Bellevue, Bellevue ! ». Puis dans la nuit du 7 au 8 juillet des tirs avaient éclaté place Rosa Parks. Une série avait eu lieu en octobre 2015, le 8, le 21 et le 22. A la Toussaint, un jeune homme avait été blessé tout près de la rue d’Angleterre. Puis il y a eu ce nouveau tir le 21 avril.
Selon une source proche du dossier, « ces tirs s’inscrivent dans des conflits entre quartiers sensibles, et les victimes ou les quelques interpellés en lien avec ces affaires sont principalement des personnes d’origine nord-africaine ». Il s’agit « d’intimidations, auxquelles s’ajoute une logique de vengeance, un tir appelant l’autre, et un dérapage appelant une autre action ». Victimes ou prévenus étant tous connus pour affaires de stupéfiants, certains étant même multi-récidivistes malgré leur jeune âge, « le refus presque systématique de porter plainte et l’omerta face à la police s’explique très simplement : ils n’ont aucune envie qu’on vienne fouiller dans leurs affaires pas très nettes ». Une fois de plus, l’enquête suite à ces tirs s’annonce quasiment impossible. Pour le rétablissement de l’État de droit, il faudra donc encore patienter…
Louis-Benoît Greffe
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