24/04/2016 – 06H30 Hennebont (Breizh-info.com) – La commission nationale d’arbitrage et de contrôle de l’UDI a décidé d’opérer un contrôle complet dans cinq fédérations : le Morbihan, la Corse ; les Vosges, le Vaucluse et le Maine-et-Loire. « Il y a eu dans les quinze derniers jours de décembre des adhésions nouvelles et massives, laissant craindre des opérations et adhésions douteuses. », annonce Jean-Christophe Lagarde, président national de l’UDI. (Ouest-France, 16-17/04/2016). Ceci explique cela : Jacques Le Nay, maire de Plouay (Morbihan), a décidé de ne pas solliciter un nouveau mandat de président de la fédération du Morbihan de l’UDI (OF, 09-10/04/16). On comprend maintenant pourquoi…Sa remplaçante, Hortense Le Pape, sera donc chargée de faire le ménage.
Cette décision des instances nationales de l’UDI ne constitue pas véritablement une surprise. En effet Le Nay et ses amis revendiquent un effectif de 300 adhérents dans le Morbihan. Ce qui relève évidemment de l’illusion. Dans ce parti sans militants, sans cadres, ne comptant qu’une poignée d’élus, s’il y a une centaine d’adhérents – à jour de leur cotisation – dans ce département, c’est le bout du monde.
Jacques Le Nay termine donc sa carrière politique comme il l’avait commencée, sur une tromperie. Tout démarre, aux législatives de 1993. On assiste alors à un raz-de-marée en faveur de la droite. A tel point qu’en Bretagne, la gauche ne conserve que cinq circonscriptions (Dinan avec Charles Josselin, Concarneau avec Louis Le Pensec, Rennes-sud avce Jean Michel Boucheron, Saint-Herblain avec Jean-Marc Ayrault et Rezé avec Jacques Floch) contre trente et une pour la droite ( dix candidats UDF et RPR sont élus au premier tour). Edmond Hervé (PS), maire de Rennes, ancien secrétaire d’État à la Santé, est battu. Même sort pour Jean-Yves Le Drian (PS), maire de Lorient, ancien secrétaire d’État à la Mer.
A coup sûr, la situation la plus curieuse se trouve dans la circonscription d’Hennebont. Les candidats du PS, du PCF, des Verts et du FN ayant été éliminés, on assiste au second tour à un duel entre un candidat UDF, Jacques Le Nay, et un candidat RPR, Michel Morvant, tous les deux conseillers généraux et maires. Pourtant dans les accords électoraux signés entre le RPR et l’UDF, il avait été prévu qu’il n’y aurait qu’un seul candidat de droite par circonscription. Or, faute de pouvoir trouver un terrain d’entente dans celle d’Hennebont, Le Nay et Morvant s’étaient présentés. Un second UDF, Pierrrick Nevannen, figurait même sur la ligne de départ ! Mais, publiquement, Le Nay et Morvant avaient pris un engagement fort : celui qui obtiendrait le meilleur résultat se maintiendrait au second tour tandis que l’autre se retirerait. C’était dit et redit par Ouest-France et Le Télégramme interposés. Au premier tour, Michel Morvant arrive en tête (12 529 voix), suivi de Jacques Le Nay (10 693 voix). Soit une différence de 1836 suffrages. C’est clair, c’est net, c’est indiscutable. Pourtant Le Nay ne respecte pas l’accord et se maintient ; il parvient à battre Morvant au second tour grâce à une petite avance de 117 voix (21 692/21 575). La messe est dite. Le Nay sera régulièrement réélu en 1997, en 2002 et en 2007. Il faudra attendre 2012 pour qu’un nouveau venu, Philippe Noguès (PS), adjoint au maire d’Inzinzac-Lochrist, parvienne à renvoyer dans ses foyers le sieur Le Nay. Au second tour, Noguès devance en effet Le Nay de 1652 voix (28 726/27 074).
L’année précédente (25 septembre 2011), Jacques Le Nay avant tenté un repli stratégique au sénat en compagnie de François Goulard (UMP), député de Vannes. Ils furent tous les deux battus, de nombreux grands électeurs n’appréciant pas leur tentative de reconversion ; ils entraînèrent même dans leur chute Joseph-François Kerguéris (UMP), sénateur sortant et président du conseil général.
Gageons que Michel Morvant n’a pas pleuré à l’annonce des trois malheurs de Jacques Le Nay : défaite aux sénatoriales, défaite aux législatives, abandon de la présidence de la fédération UDI du Morbihan.
B.M.
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