Depuis 5 ans le conflit syrien est au cœur de l’actualité. Pour relater l’actualité syrienne, la plupart des médias se contentent de reprendre les dépêches de l’Agence France presse, qui s’appuient sur les communiqués de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une officine très controversée.
Alors pour tenter de comprendre la réalité, trois membres de la rédaction de Breizh-info viennent de séjourner en Syrie, où ils se sont rendus avec le concours de l’association de solidarité France-Syrie (contact : [email protected]). Ce voyage d’une semaine s’est entièrement déroulé dans la partie du pays sous contrôle du gouvernement légal du pays. De Damas à Lattaquié, notre équipe est allée à la rencontre de la population : combattants, victimes de guerre, déplacés, chrétiens, musulmans, religieux, mères de famille, enfants, universitaires, industriels, artisans, commerçants, agriculteurs… Sans préjugés ni tabous, récit d’un voyage dans un pays en guerre.
La rédaction
Sur le front
Au retour de la visite de Hama dans la matinée, nous retournons dans le village où notre groupe est hébergé. Nous chargeons les repas et prenons la route pour nous rendre dans un hôpital de campagne, à Nabr El Khatib. Un colonel venu discuter avec notre groupe la veille au soir propose aux trois collaborateurs de Breizh info de monter dans sa voiture avec un interprète.
Durant le trajet, sous une pluie battante, l’officier reprend son argumentation sur le conflit syrien. Selon lui, c’est à l’origine une guerre étrangère. Elle se préparait depuis l’assassinat du politicien libanais Rafiq Hariri lié à la France et à l’Arabie saoudite, assassinat imputé à tort à la Syrie. En 2011, des djihadistes vont s’introduire sur le sol syrien, par la Turquie (venant de l’ex Sandjak d’Alexandrette) et le Liban, puis par la frontière irakienne. Ils bénéficient du soutien des gouvernementaux occidentaux, USA, France, Grande Bretagne. Ils vont permettre l’installation de l’ ASL – Armée Syrienne Libre – et d’Al Nosra, la filiale locale d’Al Qaida, dans l’ouest et de Daesh dans l’est de la Syrie. Devenu Etat islamique, il sera aussi soutenu par les monarchies du golfe et la Turquie. Il affirme que les prisonniers ont souvent des papiers des trois organisations. Il pense que sans les interventions extérieures il n’y aurait pas de conflit armé entre les syriens qui aspirent à la paix.
Le groupe rejoint l’hôpital militaire de campagne installé dans une grande villa réquisitionnée. Celle-ci sert de premier accueil pour les blessés du front avec lits médicaux et appareils de radiologie. Dans le parc nous visitons un camion semi-remorque transformé en bloc opératoire à côté d’une ambulance blindée destinée à recueillir les blessés, d’autres véhicules appartiennent au Croissant rouge. Les blessés, après les premiers soins, sont installés dans de vastes tentes. C’est sous l’une d’entre elles que nous serons reçus pour partager le déjeuner avec le médecin général qui dirige l’établissement, un responsable régional – sorte de gouverneur d’ une communauté de communes – le maire de Jounine et plusieurs autres personnalités. Quelques soldats participent au déjeuner, on remarque parmi eux un membre du Hezbollah.
Ensuite nous partons en convoi vers le village d’El Baussa distant de 30 km. Celui-ci n’est qu’à 3 km des positions tenues par les islamistes. Il a été repris il y a peu aux djihadistes d’Al Nosra par un groupe de jeunes miliciens volontaires issus de toutes les régions de la Syrie. Sur les murs on peut lire des inscriptions, reste de l’occupation djihadiste, comme : « nous sommes venus pour vous égorger ».
Nous sommes accueillis par de très jeunes gens armés de kalachnikovs qui lèvent le poing ou font le signe V de la victoire. Ils scandent en choeur « avec mon âme et mon sang je m’offre à la Syrie ». Le colonel va les féliciter chaleureusement.
Nous reprenons ensuite la route vers un autre village Tahounet Alhawa où nous rencontrons un groupe d’une trentaine de réfugiés avec de nombreux enfants. Ils sont originaires de l’est de la Syrie et ont du tout abandonner. Ils sont hébergés par le maire de la commune dans une grande maison lui appartenant. L’un d’eux (photo) nous racontera qu’il était ouvrier dans la banlieue de Damas. Il a fui avec sa famille quand les islamistes ont tué son père et ses deux frères. Leur crime ? Ils avaient refusé de manifester contre Bachar…
(à suivre)
Précédemment :
Un pays en guerre
De Seydnaya à Maaloula, aux sources des chrétiens d’Orient
Homs, ville martyre
A Hama, ville sunnite, le calme règne
Crédit photos : Breizh-info.com ( mention obligatoire)
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2 réponses à “Syrie. Voyage au coeur du pays de Bachar (5) : sur le front…”
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Manifestement voilà un reportage qu’on ne trouvera pas dans notre quotidien favori…