Cinéma. 7 films à voir ou à revoir sur le Gore.

Breizh-info vous propose désormais une chronique hebdomadaire intitulée « 7 films à voir ou à revoir » et réalisée par Virgile pour le Cercle Non Conforme, qui nous a donné son accord pour reproduire le texte.

Cette semaine, 7 films à voir ou à revoir sur le thème du Gore

Une voiture, ça ne tombe jamais en panne là où il faut ! Le cinéma d’épouvante compte parmi les genres cinématographiques les plus stéréotypés. Exagérons un peu en indiquant un véhicule bondé d’amis, dont de jeunes filles pulpeuses et courtes-vêtues, tombant en panne non loin d’une maison abandonnée dans laquelle nos amis pénètrent confiants et goguenards avant de se retrouver confrontés à un sauvage boucher qui les chassera jusqu’au dernier tel du gibier. L’une des charmantes demoiselles parvient bien à s’échapper mais trébuche sur une racine et se foule la cheville.

Le meurtrier n’a plus qu’à fondre sur sa malheureuse proie… Le panel est en réalité bien plus large et compte parmi ses thèmes de prédilection l’interaction du monde des vivants et celui des morts, les animaux mythologiques, le mystère du souterrain labyrinthique ou encore la sorcellerie… La mode du film gore est quelque peu passée en Europe, continent sur lequel le film d’épouvante a accompagné la création cinématographique depuis ses débuts. Les Etats-Unis poursuivent bien une large production mais ses réalisations demeurent sans aucun intérêt à quelques exceptions près ; la multiplication des effets spéciaux, usant trop facilement du gros plan pour mieux masquer la faiblesse de la mise en scène, ayant largement pris le pas sur l’ambiance du film. C’est bien le cinéma asiatique, et plus particulièrement japonais et sud-coréen, qui a repris le flambeau.

Il y a à prendre et à laisser parmi l’énorme filmographie d’épouvante qui comptabilise autant de détracteurs aux sentences péremptoires que d’admirateurs fanatiques. L’objectif du film d’horreur est bien évidemment de susciter chez le spectateur un sentiment de malaise qui se double d’une profonde terreur à la vue des scènes sanguinaires qui s’étalent de la torture à l’anthropophagie. Et soyons honnêtes, certaines scènes et atmosphères contenues dans les meilleurs films ne manquent pas de produire leur effet pour qui accepte de se laisser prendre au jeu. De la terreur au rire, il peut d’ailleurs n’y avoir qu’un pas !

Aussi, le loufoque peut-il également être considéré comme une autre composante du film gore. Et, à cet égard, les films classés B ou Z ne sont parfois pas les plus mauvais. Le cinéma d’épouvante peut être perçu comme une lutte des crasses et des classes qui ne dit pas son nom. Des individus, généralement laids et pauvres, font payer à de jeunes gens riches et beaux leur adhésion à l’insouciance de la société de consommation. Une révolte des laissés pour compte de la société capitaliste et droit de l’hommiste en fin de compte dans une mise en scène de ce que chaque individu a de plus pervers en ses entrailles les plus profondes.

Et finalement, le cinéma n’est rien d’autre qu’une mise en perspective de chacun face à ses propres démons… Critique qui n’est néanmoins que trop effleurée dans l’immense majorité des films. D’aucuns objecteront, à raison, que la sélection présentée est très arbitraire. Il est souvent nécessaire de revenir aux fondamentaux. Aussi, les grands classiques du cinéma d’épouvante qui acquiert ses lettres de noblesse dans les décennies 1970-1980 côtoient quelques pépites moins connues. Genre transversal et finalement moins stéréotypé qu’il n’y paraît, il y aurait encore beaucoup de films à présenter. Il ne vous reste plus qu’à éteindre la lumière…

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ANGOISSE

Titre original : Angustia

Film espagnol de Bigas Luna (1987)

Patty et Linda sont deux amies. C’est au cinéma qu’elles passeront cette matinée. La projection du film d’horreur, auquel les lycéennes assistent, raconte l’histoire d’Alice Pressman, une mère possessive qui tente de soutenir son fils unique John, atteint d’une progressive cécité, à l’aide de ses pouvoirs hypnotiques. Curieusement, c’est justement dans une clinique ophtalmologique que travaille John en tant qu’assistant. Pour peu de temps encore car son handicap s’aggravant lui fait commettre de nombreuses erreurs qui justifient son renvoi. Alice, qui tient à son fils comme à la prunelle de ses yeux, force celui-ci à sortir pour recueillir les yeux d’innocents qu’il égorge horriblement. Ces prélèvements doivent lui permettre de guérir sa cécité. Patty est mal à l’aise à la vision de ces scènes sanguinolentes et se réfugie aux toilettes du cinéma. Un homme au comportement bizarre occupe ces mêmes lieux. Sur l’écran, John se rend dans un cinéma de quartier afin de prélever des organes oculaires…

Cinéaste pluridisciplinaire, Luna s’est essayé également au film d’horreur avec talent. Le synopsis peut sembler complexe dans le lien que l’on peine à trouver entre les deux lycéennes et John. C’est justement toute l’originalité du procédé narratif de faire se mélanger deux films en un : le film que la salle de cinéma regarde sur le grand écran à celui que le téléspectateur regarde confortablement installé dans son salon ! On s’y perd un peu parfois, beaucoup même entre les deux fictions s’entremêlant mais c’est justement l’intérêt de se prendre à ce jeu dont vous êtes aussi le témoin. Difficile de faire l’économie de tout révéler : le film que les lycéennes regardent est celui qui se joue, en réalité, dans le cinéma ; un peu à l’image du clip Thriller de Michael Jackson. La mise en scène est très satisfaisante et Michael Lerner est très convaincant en psychopathe vieux garçon. Une vraie réussite qui est à voir. Un petit bijou !

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CALVAIRE

Film belge de Fabrice Du Welz (2004)

Marc Stevens est chanteur itinérant qui anime des galas pour dames du troisième âge. A la sortie d’un concert dans les Ardennes belges, il reprend la route sous un temps épouvantable et sa camionnette tombe bientôt en panne en pleine forêt. Boris, un homme étrange à la recherche de sa chienne, guide le malchanceux vers Bartel, un aubergiste, qui recueille le crooner à son domicile. Le tenancier est psychologiquement instable depuis que Gloria, son épouse, l’a quitté. Bartel se persuade que Stevens est l’incarnation de son ex-femme. Ce n’est guère au sein de la communauté villageoise que le chanteur trouvera de l’aide. Le village ne semble être habité que par des hommes patibulaires qui utilisent les rares clients de l’auberge comme objets sexuels. Pour Stevens, le cauchemar commence…

Un film d’horreur belge ! Voilà qui change des œuvres américaines. Ça ne manque pas de sang mais la réalisation s’éloigne du gore traditionnel en explorant largement le domaine de l’encaissement des tortures physiques et psychologiques infligées par un bourreau plus humain qu’il n’y paraît et lui-même, rongé par la souffrance.  Du Welz prend également soin d’habiller le film d’une véritable mise en scène et d’une belle esthétique, tranchant ainsi nettement avec le genre cinématographique. Fait rare qui augmente le réalisme du film, aucune musique n’accompagne le récit. On se rend compte que Laurent Lucas est un acteur génialissime d’inexpressivité et trop méconnu du grand public. Jackie Berroyer est également à la hauteur. Contenant néanmoins peu de scènes violentes, le film pourra dérouter les plus inconditionnels amateurs du genre survival ! Il n’en reste pas moins totalement déjanté et glauque !

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LA COLLINE A DES YEUX

Titre original : The Hills have Eyes

Film américain de Wes Craven (1977)

La famille Carter appartient à la classe moyenne américaine. Big Bob est un ancien policier de Cleveland qu’accompagnent son épouse Ethel et les enfants Brenda, Bobby et Lynn, la fille aînée dont le mari Doug est également du voyage. Afin de resserrer les liens entre les parents et enfants, le clan Carter traverse les Etats-Unis en direction de la Californie. Dans l’Etat du Nouveau Mexique, la famille cherche la trace d’une ancienne mine d’argent et se retrouve accidentellement au beau milieu d’une zone militaire de l’aviation américaine dans laquelle furent pratiqués naguère des essais nucléaires. Le propriétaire âgé de la station service, dans laquelle ils avaient fait halte peu avant, avait pourtant bien essayé de les dissuader de pénétrer l’endroit. Les pneus du véhicule tractant la caravane éclatent brusquement. La famille est contrainte de se séparer et s’aventurer dans le désert afin de chercher de l’aide. Le désert est bien peuplé mais les Carter auraient préféré se passer de la rencontre…

Film d’une rare violence qui compte parmi les œuvres cultes du genre. La présente réalisation s’inscrit parfaitement dans les codes du cinéma d’horreur. Une famille bien sous tous rapports subit la rage d’individus ignobles, rebuts d’une Amérique opulente. Clin d’œil à l’élection de Jimmy Carter en 1977, année de la sortie du film ?, la famille homonyme et involontairement héroïne est un pur produit de la civilisation américaine. Elle aime les armes à feu et conçoit l’auto-défense. A bien y regarder, les points communs entre les Carter et la famille cannibale sont plus nombreux qu’il n’y paraît. La violence de certains est légitimée par une société américaine qui la refuse à l’autre. Le film n’ira pas plus loin dans sa critique sociale et remplit parfaitement son rôle de ficher la trouille. Il est difficile de ne pas sursauter lors de certaines scènes. Certains préfèreront à l’original le remake plus moderne et spectaculaire d’Alexandre Aja et produit, en 2006, par Craven lui-même.

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EVIL DEAD

Film américain de Sam Raimi (1981)

Le temps d’un week-end, un groupe de cinq jeunes gens, dont trois filles, prend ses aises dans une maison abandonnée dans laquelle la végétation forestière a repris ses droits. D’étranges phénomènes se produisent dans la bicoque. Un vieux magnétophone entreposé dans la cave de la demeure est découvert. L’un des deux garçons appuie sur le bouton actionnant la bande magnétique. L’enregistrement en dit plus sur la sinistre habitation. Un archéologue s’y était retranché pour étudier le Necronomicon, également appelé Livre des Morts, et entreposé à proximité de l’appareil. Les amis feuillettent le lugubre ouvrage relié en peau humaine et dont du sang tient lieu d’encre. L’appareil poursuit le déroulement de la bande. La voix du scientifique prononce alors une ancienne incantation magique qui déchaîne les forces du mal. L’horreur déferle sur la maison…

Premier long-métrage de Raimi alors seulement âgé de 23 ans, Evil Deadconstitue un autre film culte parmi les plus appréciés des amateurs du genre. Le minimalisme du scénario ne nuit que peu. L’œuvre est portée en cela par un rythme et des effets spéciaux qui garantissent les frissons espérés. C’est ce que chacun demande à un film d’horreur après tout ! Frissons garantis donc et fous rires également. Le film fut tourné avec un budget minimum, cela se remarque dans les nombreux problèmes de raccords entre les scènes. Ouvrez l’œil ! Et puis, le film a peut être un peu vieilli… Raimi ne manqua, en revanche, pas d’idées dans le maniement de la caméra souvent à l’épaule. C’est bien fait et c’est finalement agréable à regarder ! Là aussi, un remake en 2013, dirigé par Fede Alvarez, reproduit l’original.

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MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE

Titre original : The Texas Chainsauw Massacre

Film américain de Tobe Hooper (1974)

Sally, son frère handicapé Franklin, Jerry, Kirk et Pam sont un groupe de cinq amis traversant l’Etat du Texas à bord d’un minibus lorsqu’il charge un auto-stoppeur dans leur véhicule. Mais l’homme, couvert de cicatrices, a un comportement inquiétant et apparaît trop préoccupé par les problèmes des bouchers suite à la fermeture de l’abattoir local… Aussi, les amis décident-ils de se débarrasser du curieux vagabond. La station-service, dans laquelle ils pensaient faire le plein d’essence, a les cuves vides. L’inévitable panne d’essence oblige le groupe à stopper la route. Les cinq jeunes gens entreprennent de visiter une vieille maison abandonnée qui appartient aux grands-parents de la fratrie. Kirk et la sexy Pam s’éloignent afin de se baigner lorsqu’ils remarquent une ferme isolée. Les deux jeunes gens ont l’idée de demander d’acheter du carburant au propriétaire. A peine Kirk a-t-il pénétré l’intérieur de l’habitation que surgit un homme masqué…

Encore un classique bien connu du gore, le film fut longtemps censuré dans de nombreux pays. La réalisation de Hooper inaugure le sous-genre du slasher, film d’horreur dans lequel le meurtrier tue à l’aide d’un outil. Le titre du film d’ailleurs pose question puisqu’une seule victime est tuée à la tronçonneuse mais passons… Pour travailler son personnage, Hooper s’était inspiré de la véritable histoire d’Ed Gein, profanateur de tombes dans le Wisconsin, chez qui avaient été retrouvés les cadavres de pas moins de quinze femmes… Est-il besoin de préciser que le film est malsain ? Il eut, en tout cas, une descendance nombreuse estampillée à la tronçonneuse ou non. Plaisante œuvre d’épouvante de Hooper qui ne parvint pas à confirmer son talent dans ses réalisations suivantes, à l’exception peut-être dePoltergeist.

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LA NUIT DES MASQUES

Titre original : Halloween

Film américain de John Carpenter (1978)

C’est la nuit d’Halloween en cette année 1963 à Haddonfield dans l’Illinois. Cette nuit, Michael Myers se précipite dans la chambre de sa sœur et assassine sauvagement Judith à coups de couteaux. Il n’est âgé que de six ans… Se terrant dans un profond mutisme, l’enfant est enfermé dans l’asile psychiatrique du Smith’s Grove Sanatorium. 30 octobre 1978, Michael, désormais pénalement responsable, est transféré vers le tribunal pour être jugé de ses actes. Le prévenu parvient à échapper à la vigilance de ses gardiens et se fait la belle. Son psychiatre, le docteur Loomis se lance à sa poursuite et devine que l’assassin va revenir sur les lieux du crime. Un indice confirme la supposition de Loomis. La tombe de Judith vient d’être profanée. C’est une nouvelle nuit d’Halloween qui débute…

Plaisante réalisation de Carpenter, peut-être sa meilleure, qui parvient à entretenir un parfait suspense et évite l’écueil de privilégier les scènes d’horreur au détriment du scénario tourné caméra à l’épaule. Un scénario qui, néanmoins, ne pipe mot sur les raisons qui poussèrent l’enfant à poignarder sa sœur. Idem concernant les motivations qui poussent le garçonnet devenu adulte à commettre de nouveaux crimes. Le film d’épouvante aura toujours ses limites… La fin laisse sur sa faim, et pour cause ! Des suites, médiocres…, étaient d’ores-et-déjà prévues. La tension demeure palpable tout au long du film. En cela, c’est une angoissante réussite ! Les grincheux objecteront qu’on a fait bien mieux depuis. Réalisé à l’aide d’un maigre budget, le film est l’un des plus rentables de toute l’Histoire du cinéma.

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SUSPIRIA

Film italien de Dario Argento (1976)

Parmi les passagers de l’avion qui atterrit à Fribourg par cette nuit d’orage, figure Suzy Banyon, étudiante de nationalité américaine qui incorpore la Tanz Akademie, l’une des plus prestigieuses académies de danse au monde, dans le but de perfectionner sa technique. Tandis que le taxi dépose l’étudiante devant l’école, Suzy aperçoit une étudiante effrayée hurler de manière incompréhensible dans l’interphone et s’enfuir dans les bois. L’étudiante américaine se voit refuser l’entrée dans l’école et est contrainte de passer la nuit en ville. Curieuse intégration suisse ! Suzy pénètre enfin dans l’école le lendemain. Deux étudiantes ont été sauvagement assassinées la nuit précédente, dont la jeune fille horrifiée aperçue la veille. Le rêve de Suzy vire à l’effroi. D’étranges événements ne tardent pas à se produire dans l’institution…

Avec Suspiria, Argento rompt avec le giallo, épouse pour la première fois le film d’horreur et livre le premier volet de La Trilogie des Enfers. Argento est un cinéaste trop facilement considéré comme mineur. Mineur, certainement pas mais clivant ? Oui ! Aussi, il se peut que d’aucuns jugent ridicule ce conte maléfique empreint d’une forte esthétique baroque dans lequel Suzy figure une Alice au pays des séquelles. Argento livre un film de sorcellerie réellement angoissant, à l’atmosphère suffocante et colorée dans laquelle le rouge, couleur de prédilection du réalisateur, prédomine largement. La réalisation est servie par une musique obsédante. Mention spéciale pour la scène lors de laquelle le pianiste aveugle est égorgé par son propre chien. Argento est définitivement  le digne héritier de Mario Bava. Un petit bijou !

Virgile / C.N.C.

crédit photo : DR

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