Depuis 5 ans le conflit syrien est au cœur de l’actualité. Pour relater l’actualité syrienne, la plupart des médias se contentent de reprendre les dépêches de l’Agence France presse, qui s’appuient sur les communiqués de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une officine très controversée.
Alors pour tenter de comprendre la réalité, trois membres de la rédaction de Breizh-info viennent de séjourner en Syrie , où ils se sont rendus avec le concours de l’association de solidarité France-Syrie (contact : [email protected]). Ce voyage s’est entièrement déroulé dans la partie du pays sous contrôle du gouvernement légal du pays. De Damas à Lattaquié, notre équipe est allée à la rencontre de la population : combattants, victimes de guerre, déplacés, chrétiens, musulmans, religieux, mères de famille, enfants, universitaires, industriels, artisans, commerçants, agriculteurs… Sans préjugés ni tabous, récit d’un voyage dans un pays en guerre.
La rédaction
A Hama, ville sunnite, le calme règne
A la sortie d’Homs nous traversons une plaine fertile durant près de 50 kilomètres jusqu’à Hama qui nous apparaît comme une grande et belle ville prospère. Elle compte plus de 500 000 habitants. Hama était connue dans l’antiquité sous le nom d’Epiphania. On peut apercevoir dans le centre de gigantesques roues en bois, les Norias. Construites à l’époque de l’Empire romain d’Orient elles étaient utilisées pour puiser l’eau du fleuve Oronte afin d’irriguer la campagne environnante et distribuer l’eau dans la ville. 16 sont sont aujourd’hui encore visibles. Leur mouvement incessant produit un grincement et sifflement constant qui se propage dans la ville. Elles n’ont plus aujourd’hui d’utilité pratique.
Ville majoritairement sunnite, Hama a été le théâtre de violents affrontements en février 1982, sous la présidence d’Hafez el-Assad, suite à une rébellion fomentée par les Frères musulmans. Des dizaines de dirigeants baasistes locaux – entre 70 et 300 – furent assassinés. La répression fera plusieurs milliers de morts. En juillet 2011 des incidents éclatèrent entre les islamistes et l’armée syrienne mais ils n’eurent pas la violence des émeutes de 1982 et furent vite réprimés…
Hama possède un important souk couvert où se presse une foule importante devant les multiples échoppes. Les étrangers sont rares et suscitent la curiosité. « Russes ?« , nous demandent des habitants. « Faransi » (Français), répondons nous. Sourire de nos interlocuteurs…
Dans la ville, certaines femmes, totalement habillées de noir, portent un voile islamique qui cache le visage, un voile intégral qui prend la forme d’un niqab ou d’une burqa. D’autres, nombreuses, se contentent d’un simple voile sur la tête. Talons aiguilles et tenues sexy ne sont pas rares…
Ain el Kroum, le village qui résiste
Nous séjournerons deux jours dans ce village de montagne, au-dessus de la plaine de l’Oronte. La population y est majoritairement alaouite et fait preuve d’un bel esprit de résistance. Nous y sommes accueillis dans la grande maison d’un professeur retraité, père de 4 filles et 2 garçons. Nous partagerons leur dîner traditionnel. Nous logerons chez plusieurs membres de la famille. Dans celle qui nous reçoit, nous partagerons l’arak, anisette très répandue en Syrie, accompagnée de légumes et de fruits, au cours d’une longue soirée de discussions malgré l’obstacle de la langue.
Nous visiterons l’école maternelle où les enfants nous chanteront des chants patriotiques. Vêtues à l’européenne, de jeunes institutrices s’en occupent. La jeunesse est mobilisée dès le plus jeune âge. En parcourant les rues, nous constaterons que cela est le cas général des habitants.
Précédemment :
Un pays en guerre
De Seydnaya à Maaloula, aux sources des chrétiens d’Orient
Homs, ville martyre
Crédit photos : Breizh-info.com ( mention obligatoire)
(à suivre)
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