06/04/2016 ‑ 10H00 Nantes (Breizh-info.com) – Contre toute attente, le rapport sur le projet de Notre-Dame-des-Landes demandé par Ségolène Royal à trois experts de son ministère fait bouger les lignes. Comme le notent les experts eux-mêmes, l’exercice était soumis à deux contraintes fortes : « la brièveté du délai imparti et la nécessité de s’appuyer sur des documents préexistants ». Puisque ces documents concluaient en faveur du projet, leur reprise n’était pas censée bouleverser le dossier. Pierre Caussade, Nicolas Forray et Michel Massoni, tous trois ingénieurs généraux des ponts, des eaux et des forêts, ont néanmoins donné un sacré coup de pied dans la fourmilière. Le Monde évoque même un possible « carton rouge ».
Leur rapport exclut toute politique de limitation du transport aérien et juge « peu crédible » une mise en réseau des aéroports de l’Ouest. Mais il ne sacralise pas le projet de Vinci Airport, bien au contraire. « Force est de constater que le projet, fruit d’une conception ancienne jamais réexaminée, est surdimensionné », assène-t-il en proposant de le réduire à une seule piste de 2 900 m de long au lieu des deux pistes de 3 600 m prévues. Et il n’écarte pas du tout le maintien de l’aéroport actuel : « l’agrandissement et la rénovation des installations actuelles de Nantes Atlantique permettraient d’accompagner la croissance du trafic », conclut-il.
Chemin faisant, ce document détaillé de plus de 100 pages soulève sans en avoir l’air bon nombre de lièvres. Il note par exemple que les insuffisances de Nantes Atlantique alléguées par les partisans d’un nouvel aéroport tiennent bien moins à sa piste qu’à la saturation des parkings et au temps d’attente aux contrôles passagers. Il souligne que si 48 % des usagers de l’aéroport actuel (moins de la moitié, donc) sont des habitants de Loire-Atlantique, 38 % viennent des départements limitrophes et 6 % du Finistère ou des Côtes d’Armor – considération purement objective qui n’est pas sans incidence pour le débat sur le périmètre du futur référendum.
Notre-Dame-des-Landes, un dossier vieilli et mal bouclé
Surtout, les auteurs du rapport mettent en évidence le caractère unilatéral des réflexions menées depuis cinquante ans. Ainsi le débat public de 2003 a-t-il écarté d’office l’option d’une modernisation de Nantes Atlantique. Ses réserves n’ont pas davantage été prises en compte : « la mission n’a pas retrouvé de traces des études complémentaires suggérées au maître d’ouvrage avant sa décision », écrivent les trois ingénieurs généraux avec une touche d’humour vachard.
Par ailleurs, un grand nombre des arguments invoqués à l’appui du dossier apparaissent aujourd’hui dépassés – à commencer bien sûr par son premier argument historique : accueillir le Concorde. Un nombre étonnant de projections se sont révélées fausses – pas toujours dans le même sens d’ailleurs, puisque la progression du trafic à Nantes Atlantique a été plus rapide que prévu ces dernières années. Par exemple, le calcul des gains sur les temps de trajets effectué en 2001 « peut paraître aujourd’hui un peu ancien », alors qu’il a tenu une place essentielle dans la déclaration d’utilité publique du projet (dont le dossier a au surplus retenu une méthode de calcul « pas parfaitement conforme aux prescriptions » en vigueur).
Des tabous à lever autour de Nantes Atlantique
MM. Caussade, Forray et Massoni abordent au passage quelques sujets presque tabous. Les parkings voitures de Nantes Atlantique devraient être agrandis, signalent-ils, « sauf à ce que le prolongement du tramway s’avère permettre d’éviter cet investissement ». Il suffirait en effet de prolonger de 2 km la ligne 3 du tramway nantais pour desservir l’aéroport existant. Le rapport s’interroge aussi sur une « question abordée à demi-mots, mais de manière récurrente », celle du devenir de l’usine Airbus en cas de fermeture de Nantes Atlantique. Fermeture qui devrait probablement être suivie d’une dépollution des sols. Cette question « n’a fait à notre connaissance l’objet d’aucune investigation », écrivent les auteurs du rapport. « Son coût peut n’être pas non plus négligeable. »
En définitive, MM. Caussade, Forray et Massoni ne semblent pas loin de penser qu’un seul argument reste susceptible de départager les deux projets – construction d’un nouvel aéroport ou réaménagement de l’ancien : le bruit. Message reçu 5 sur 5 par les partisans de l’Aéroport du Grand Ouest : la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a aussitôt mis en ligne une étude de 2013 portant sur les « nuisances sonores autour de l’aéroport de Nantes Atlantique ». Un document qui impressionne mais que seuls les experts peuvent apprécier. Et qui retient étrangement un seuil de 50 Lden (indice de gène sonore), alors que les zones exposées à moins de 55 Lden sont normalement considérées comme « calmes ».
Saint-Brieuc, Vannes, Morlaix et Quimper condamnés ?
Enfin, comme si leur dynamitage en douceur du dossier de Notre-Dame-des-Landes ne suffisait pas, les auteurs du rapport ont tenu à allumer une autre mèche dont on reparlera bientôt : « La recomposition du maillage d’aéroports hérité de l’après-guerre risque de survenir à brève échéance. » Qu’entendent-ils par là ? Tout simplement la fermeture de « plusieurs des aéroports du Grand Ouest comme Saint-Brieuc, Vannes, Angers, Le Mans et Morlaix ». Quant au devenir de Quimper, estiment-ils, il est « difficile à cerner ».
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Une réponse à “Le projet de Notre-Dame-des-Landes fragilisé par le ministère de l’Environnement”
C’est la preuve que nos politiciens ne sont pas les « »bénévoles » » honnêtes au service des intérêts vraiment communs.
Il y a forcément de grosses magouilles derrière ça !!! c’est scandaleux !!!
Et certains osent encore parler de nuisances sonores !! ???
J’habite aux Sorinières, donc pas loin de l’aéroport actuel. Depuis
ces dernières années on est ennuyé au quotidien et en permanence par les
nuisances sonores engendrées par le bruit de la circulation routière
sur le périphérique.
Des demandes pour que la vitesse soit rabaissée à 90 au lieu de 110 ont été faites, pétitions etc etc : RIEN NE BOUGE !!!!
A côté de ça, les avions passent au dessus de nos têtes au décollage
et, de temps en temps, il y en a un qui est un peu dérangeant car plus
bruyant que les autres mais il ne fait que passer.
Par contre le très désagréable bruit de fond du périphérique, lui, il
dure et là, personne pour ne s’occuper de l’intérêt commun des
riverains!!!! C’est scandaleux !!!!!!!!!!!!!!!