29/03/2016 – 08h00 Bretagne (Breizh-info.com) – En 2005, David Pimentel, spécialiste mondial incontesté en matière de pesticides et Professeur à l’Université de Cornell (New York), écrivait : “ Dans le monde, environ 3 milliards de kg de pesticides sont appliqués chaque année. Aux Etats-Unis , 500 millions de kg de plus de 600 types de pesticides différents sont annuellement utilisés sur les cultures. Malgré l’application généralisée des pesticides aux doses recommandées, les ravageurs (insectes, agents pathogènes des plantes et mauvaises herbes ) détruisent aux Etats-Unis 37% des cultures prévues. Les insectes en détruisent 13 %, les agents pathogènes des plantes 12 %, et les mauvaises herbes 12% . Mais en moyenne, chaque dollar investi dans les pesticides rapporte environ 4 $ de produits issus d’une plus forte production des cultures ainsi protégées.”
Pour calculer le rapport coût/bénéfice, David Pimentel précisait qu’“un besoin évident d’une étude actualisée et complète nous a incité à enquêter sur les complexes coûts environnementaux de notre dépendance nationale aux pesticides.”
Son équipe a ainsi évalué “ les montants à 10 milliards de dollars en dommages environnementaux et sociaux: impacts des pesticides sur la santé publique; pertes en bétail et produits du bétail ; augmentation des frais résultant de la destruction des ennemis naturels et du développement de la résistance aux pesticides chez les ravageurs; impact sur la pollinisation et sur les pertes d’abeilles; pertes sur les cultures et produits de récolte; pertes sur les populations d’oiseaux, poissons et autres animaux sauvages; et les dépenses gouvernementales pour réduire les coûts environnementaux et sociaux des recommandations des pesticides.
Les principales pertes économiques et environnementales dues à l’application des pesticides aux Etats-Unis sont les suivants : santé publique : 1,1 milliard par an ; la résistance aux pesticides chez les ravageurs : 1,5 milliard de dollars annuels; les pertes de récoltes causées par les pesticides : 1,4 milliard de dollars annuels; pertes d’oiseaux en raison de pesticides : 2,2 milliards de dollars annuels; et la contamination des eaux souterraines : 2 milliards de dollars annuels.”
L’étude américaine concluait ,en 2005, que le ratio bénéfice/coût était légèrement négatif si on y ajoutait les coûts économiques cachés.
Qu’en est-il en Europe de l’Ouest ?
Denis Bourguet, chercheur au Centre de biologie pour la gestion des populations, vient de tenter de préciser l’éventuelle cohérence économique de l’utilisation des pesticides en France, dans son étude publiée dans la revue Sustainable Agriculture Review. Faisant le tour des différentes analyses, il affirmait la semaine dernière qu’il n’existe pas ici assez de certitudes pour pouvoir y transposer les conclusions américaines. Il regrette finalement l’absence de transparence par rapport aux coûts générés par l’utilisation des pesticides .
En plein débat national sur les néonicotinoïdes et sur la loi dite “biodiversité”, l’opacité générale à ce propos démontre surtout la puissance des chimiquiers et leur main mise des milieux politiques aux laboratoires publics de recherche. On a, pour notre part, du mal à croire que de ce côté de l’Atlantique, les bénéfices économiques de l’utilisation des pesticides soient soudain avérés.
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