Saint-Nazaire : le quartier du Petit-Caporal livré aux incendiaires

16/03/2016 – 04h00 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) – Des poubelles ont brûlé dans la nuit du 14 au 15 mars dans le quartier du Petit-Caporal, classé en ZUS (zone urbaine sensible) et situé au nord de Saint-Nazaire. Ce qui ne serait qu’un fait divers regrettable dans n’importe quel autre quartier de Saint-Nazaire (hors, peut-être, la Bouletterie), est en train hélas de devenir une habitude locale au Petit-Caporal, où ont eu lieu plusieurs séries d’incendies volontaires en un an.

Selon les statistiques officielles, le Petit-Caporal abritait en 2009 2871 personnes. Début 2007, deux tiers des jeunes adultes n’y ont pas le BAC ou de diplôme équivalent. Un quart de la population est au seuil de pauvreté ou en-dessous. Un peu moins de deux tiers des ménages (63.7%) habite en HLM. Le taux de chômage y est supérieur à la moyenne communale de Saint-Nazaire et plus d’un quart des ménages (26.9%) a au moins un membre qui touche une allocation chômage. La part de population d’origine immigrée qu’abrite ce quartier est aussi plus importante que dans d’autres quartiers de Saint-Nazaire ou de son agglomération.

Malgré des travaux récents de résidentialisation qui ont amélioré l’apparence et les abords du quartier, les causes sociales profondes n’ont pas été traitées et le Petit-Caporal reste une zone où la délinquance prospère. Celle-ci s’attaque notamment aux agents des services publics et aux fonctionnaires, comme fin juillet, lorsqu’une aide-soignante s’est fait dégrader sa voiture et que les policiers intervenus dans le quartier se sont faits caillasser par des jeunes énervés qui voulaient en découdre à coups de pieds de table.

Le quartier a connu trois coups de chauds successifs en neuf mois. D’abord, dans la nuit du 8 au 9 juillet 2015, les pompiers sont intervenus pour 6 feux de poubelles entre 23 h 30 et 6 heures du matin. Ils faisaient suite au refus d’obtempérer d’un automobiliste de la cité, qui a grillé un feu rouge ailleurs dans Saint-Nazaire et s’est fait poursuivre par les policiers jusque dans sa cité, où il a créé un attroupement afin d’empêcher la police de l’embarquer.

Un second coup de chaud a eu lieu à la veille de Noël, dans la nuit du 23 au 24 décembre. Quatre feux de poubelle ont été déclenchés de 22 h 40 à 3h45 du matin au cœur de la cité. Les pompiers qui les éteignaient et les policiers qui les protégeaient ont été caillassés à deux reprises ; plusieurs interpellations ont eu lieu.

Enfin une troisième montée de tensions a lieu depuis fin février. Dans la nuit du 29 février au 1er mars cinq départs de feu ont eu lieu entre 23 h 30 et 1h57 dans la cité. Ce qui a occasionné la destruction de dix poubelles et de deux voitures, une autre voiture étant dégradée. Par la suite, d’autres dégradations ont eu lieu dans la soirée du 10 mars, ainsi qu’un nouveau feu de poubelle dans la nuit du 14 au 15 mars.

La quasi-totalité des dégradations et incendies volontaires sont centrés sur la rue Auguste Piccard et quelques rues voisines (rue de l’Ile du Pé, rues André Chénier, Guy de Maupassant, André Gerbaud). Cette persistance des incendies et des atteintes aux biens commence à exaspérer les riverains, lassés de trembler pour leurs biens.

« Il y a là une zone de non-droit. Certes, elle n’est pas grande, mais c’est une zone de non-droit tout de même », fulmine Michel, qui habite le quartier. « C’est marrant, la presse ne parle de la délinquance dans le quartier que quand il y a un gros truc difficile à cacher, comme ces incendies à répétition; ça se voit trop. Mais les jeunes font le bazar ici tous les soirs, tout le monde sait qui ils sont, et ils continuent en toute impunité. Personne n’en parle », remarque Jacques. « La police est très occupée à arrêter les identitaires qui font une manif à Calais, manif sauvage certes, mais eux ne se jettent pas sur les camions, ne tabassent pas les flics et ne prennent pas d’assaut les ferries, eux. On aimerait bien la voir ici pour rétablir l’ordre. Et d’ailleurs partout où il y a des zones de non-droit, y en a presque dans chaque grande ville maintenant », soupire Julie, qui vit dans le nord de Saint-Nazaire.

Crédit photo : DR
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