14/03/2016 – 07h30 Tunis (Breizh-info.com) – Le 7 mars dernier, la Tunisie a été une nouvelle fois ciblée par un attentat, cette fois à Ben Gardane. Une attaque coordonnée a visé une caserne de l’armée, un poste de police et un poste de la garde nationale à quelques kilomètres de la frontière Libyenne, faisant 50 morts. Les assaillants islamistes venaient de Libye.
Pourquoi la Tunisie ?
Deux attentats en un an, le 18 mars 2015 au musée du Bardo et le 7 mars 2016 à Ben Gardane, 75 morts, sont en Tunisie le bilan des attaques revendiquées par l’Etat Islamique. Différentes raisons, outre la frontière commune avec la Libye, expliquent la pression que lui inflige Daech : il y a un très fort contingent de soldats tunisiens dans les troupes de Daech en Libye, ce qui risquera par ailleurs d’aggraver la situation en Tunisie à l’avenir lors de leur retour. Seconde raison : la possibilité de créer un sanctuaire accessible en Tunisie en cas de déroute en Libye. Une troisième raison plus conjoncturelle : la volonté de revanche suite aux raids américains ayant tué un haut responsable djihadiste il y a quelques jours.
Il n’y a pas de tradition militaire en Tunisie, pays pacifiste sur la scène extérieure, et dont les principaux pouvoirs appartiennent à la police et à la garde nationale, chouchoutées par Habib Bourgiba puis Zine el-Abidine Ben Ali. La Tunisie se trouve donc dépourvue militairement face à Daech. Elle est actuellement aidée par l’Allemagne qui lui a fourni des équipements de pointe en matière de détection et de surveillance ainsi que 29 véhicules militaires, mais également par les Américains et les Français. La France est sur le point d’allouer à la Tunisie 20 millions d’euros d’aide militaire pour contrôler sa frontière.
Situation intérieure inquiétante
Sur le plan intérieur, la Tunisie fait face à une seconde invasion, celle-ci moins spectaculaire mais pouvant avoir de lourdes répercussions : des insectes originaires d’Asie, les charançons rouges, mettent en péril la production de dattes en s’attaquant aux palmiers dattiers. Les dattes sont la seconde production agricole exportatrice, derrière l’huile d’olive, et rapportent 200 millions d’euros de devises à la Tunisie. Elles font vivre des dizaines de milliers de Tunisiens.
Autre facteur, la sécheresse inquiète fortement les observateurs et pourrait nourrir des contestations sociales et économiques. Une grande prière collective a eu lieu récemment à la grande mosquée de Tunis pour demander de la pluie, dont l’absence pourrait raviver les colères liées à un aménagement territorial défaillant qui privilégie les villes touristiques aux villes intérieures. Cette fracture territoriale se double d’une fracture sociale : le taux de chômage est de 15% au niveau national, mais de 26% dans le sud Est, région de Ben Gardane, il est de 30% chez les diplômés.
Un avenir radieux pour les Islamistes tunisiens ?
Trois processus inquiètent fortement les observateurs : la puissance militaire destabilisante de Daech, le retour programmé des Tunisiens de Daech au pays*, et enfin les succès auprès de la jeunesse d’Ennahdha, le parti islamiste dont l’idéologie et les pratiques sont celles des Frères Musulmans. Ennahdha, revenu dans la coalition au pouvoir depuis un an, vient de remporter les élections universitaires et y gagne facilement dans les filières scientifiques. L’avenir est donc radieux pour les franges islamistes qui prospèrent à la marge des ultraconservateurs islamistes Tunisiens. Ceux-ci visent l’affaiblissement de la classe moyenne laïque et l’effondrement des activités touristiques du pays pour isoler le pays de l’Occident et de l’Europe.
* l’Algérie, pays voisin, avait été lourdement déstabilisé par le retour des djihadistes « Afghans »
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Une réponse à “Tunisie. Le pays face au mur.”
Il serait bien de noté que les cinquantaines de mort comporte 16 civiles, militaires et agents de police et les autres sont des terroristes.