12/03/2016 – 07h30 Rennes (Breizh-info.com) – Un arrêté du 4 mars vient d’ouvrir près de 3000 postes de gardiens de la paix au concours 2016. Cet effort s’inscrit dans la volonté de renforcer les effectifs des forces de l’ordre (police, gendarmerie, administration pénitentiaire) et de l’armée suite aux attentats de novembre 2015 à Paris.
Après une inscription qui s’est terminée le 22 janvier (en ligne) ou le 29 (par courrier), l’organisation des épreuves d’admissibilité est fixée au 10 mars. La session ne comprendra pas certaines épreuves, à savoir « pas d’étude de texte, d’oral de langue étrangère ni de parcours de gestion du stress ». L’arrêté a fixé les postes ouverts au premier concours (externe), à savoir 443 en province et 1035 en Ile-de-France ; au second concours (interne), 443 postes sont aussi ouverts en province et 1035 à Paris, ainsi que 156 postes à titre des emplois réservés. En tout 2956 postes seront ouverts.
Très récemment, dans la même volonté de renforcer les effectifs des forces de l’ordre, des places supplémentaires ont été ouvertes au concours des sous-officiers de gendarmerie. Par ailleurs le gouvernement s’est engager à résorber en deux ans la plus grosse partie des postes vacants de l’administration pénitentiaire en recrutant massivement d’ici 2017.
Par ailleurs les brigades anti-criminalité (BAC) verront leurs moyens améliorés. Selon le syndicat policier Alliance elles doivent se faire livrer d’ici juin 2016 près de 2176 casques, 1835 gilets porte-plaques, 3670 protège-tibias ou protège-épaules, 1835 paires de gants pour la palpation. Des armes collectives ou individuelles doivent aussi être livrées aux unités, en première ligne face à des délinquants de plus en plus jeunes, haineux et armés : 241 boucliers balistiques, 1683 matraques télescopiques, 233 Tasers, 134 lanceurs de balles de défense 40 (LBD40) et 25000 munitions ad hoc, 5166 grenades de désenclerclement ainsi que 311 fusils d’assaut Heckler & Koch HK-G36, dont une version voisine rencontre des problèmes en Allemagne. Pour ce qui est des LBD 40, ils doivent remplacer les Flashball à terme, car ils sont plus précis et ne provoquent pas des lésions irrémédiables, contrairement au Flashball responsable, selon Mediapart, d’un décès et de 33 blessés graves ; parmi eux 23 ont perdu l’usage d’un œil.
Une seconde session, comprenant tous les éléments du concours normal de gardien de la paix sera organisée en septembre-octobre. Elle offrira probablement le même nombre de postes que l’année dernière, c’est à dire 2925 postes. Le but, selon l’administration de la police, est de recruter 2000 policiers supplémentaires cette année et de les mettre au service d’une sécurisation renforcée du pays.
Cela ne signifie pas nécessairement que la police va se mettre à réduire les enclaves de non-droit qui ont poussé aux abords des grandes villes. Cependant, depuis les attentats, la police est plus visible : elle fait de nombreuses patrouilles dans les centre-villes et les lieux très populeux, comme peuvent l’être gares ou centres commerciaux. Cela nécessite des effectifs occupés à d’autres tâches, notamment des patrouilles (contre les cambriolages par exemple) ou de l’accueil en commissariat. Si bien qu’au nom de la présence visible accrue des forces de l’ordre, la lutte contre la délinquance apparaît clairement mise de côté, comme en témoignent hélas les chiffres de la délinquance en Bretagne, et la tendance générale sur l’ensemble du territoire. Les effectifs existants ne suffisent plus, très nettement, à tout faire. Cependant, aucun vrai bilan sur l’utilité réelle de cette présence policière plus visible – au détriment cependant des enquêtes et de la lutte contre la délinquance – n’a été fait. Au contraire, l’Etat semble s’être engagé dans une fuite en avant dans la logique d’un l’état d’urgence peut-être perpétuel. Au risque que de nouveau des citoyens français paient le prix du sang pour ces errements stratégiques.
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