23/02/2016 – 05h15 Fukushima (Breizh-info.com) – Le 11 mars 2011, un séisme et un tsunami provoquèrent un accident nucléaire majeur dans la centrale de Fukushima-Daiichi, sur la côte Pacifique à 250 km de Tokyo. L’IRSN, organisme français dépendant du ministère français de la Défense, jugeait en octobre 2011 que “ les eaux contaminées issues de Fukushima représentaient le plus important apport ponctuel de radionucléides artificiels pour le milieu marin jamais observé », mais se voulait rassurante : « la localisation du site de Fukushima a permis une dispersion des radionucléides exceptionnelle (…) qui a éloigné les eaux contaminées vers le large ».
Les radionucléides les plus dangereux relâchés par la centrale sont les éléments les plus persistants dans la nature : strontium 90, plutonium, et césium 137. Par exemple, l’iode ou le xénon radioactif n’ont qu’une demi-vie de 5 à 8 jours : ils ne sont très dangereux que quelques jours après l’accident nucléaire. Le césium 137 possède une demie-vie de 30 ans : ses conséquences toxicologiques s’étalent sur deux siècles. Les scientifiques ont évalué les rejets de césium 137 dans l’environnement de Fukushima à 35 800 térabecquerels.
Il y a eu deux types de rejets du césium radioactifs, par propulsion aérienne et par déversement d’eaux contaminées dans la mer. 19% des premiers sont retombés sur le sol japonais, 81% sont retombés sur les eaux du Pacifique, s’additionnant donc aux seconds.
En mer, il faut des dizaines d’années pour que le césium atteigne le plancher océanique: il contamine en premier lieu le plancton évoluant à la surface. Une équipe de chercheurs du laboratoire d’aérologie liés au CNRS et de l’IRSN de la Seyne-sur-Mer a développé un modèle pour estimer le niveau de radioactivité du plancton du Pacifique Nord-Ouest, suite à l’accident. “Au moment du maximum des rejets et au voisinage de la centrale, ce niveau de radioactivité est resté bien en-deçà du seuil officiel de nocivité pour les organismes marins “ affirmait-t’elle ce 18 février. Cette équipe va maintenant s’attaquer au transfert de la contamination dans la chaîne alimentaire incluant les poissons. C’est à ce niveau de la chaîne trophique que devrait s’être accumulé le césium.
En ce qui concerne les effets sur les organismes, si le strontium a tendance à s’accumuler dans les tissus osseux, dentaires et conjonctifs favorisant anémies et cancers, le césium 137 est quant à lui un analogue du potassium. On le retrouve donc dans les muscles des vertébrés et des invertébrés : en mer, crustacés, poissons et mammifères sont en première ligne. Sur terre, l’enseignement de Tchernobyl indique que le césium s’accumule dans la couche humique des sols, dans les tissus des arbres, dans les muscles et les os des animaux vivant en sous-bois.
Les fortes doses provoquent chez l’homme une atteinte grave du système immunitaire, reproductif, des lésions cérébrales et des affections rénales. A faible dose, les risques accrus de cancers, de malformations, d’atteinte des systèmes de veille et du système cardiovasculaire sont bien connus.
Crédit photo : Flickr (cc)
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11 réponses à “Japon. Où est passé le Césium 137 de Fukushima?”
Sur la photo qui accompagne l’article concis et précis (je n’aurais pas dit mieux, je suis physicien de formation et j’ai suivi cette catastrophe), on voit le réacteur n°3 qui était le seul chargé au Mox (quelques %) parmi les 3 réacteurs en fonctionnement au moment du séisme+tsunami. On voit clairement que ce réacteur est le plus endommagé et les relevés température et pression indiquaient des niveaux records, ce qui est directement lié à la composition du Mox : du plutonium (en fait des plutonium (238-239-240-241) avec un majorité de 239, beaucoup plus actif thermiquement) issu du recyclage du combustible classique (uranium) usé. Le Mox usé ne peut être recyclé, le procédé ne permet donc qu’un seul cycle et ne concerne que 1% du combustible classique usé. Il est produit par Areva, c’est une exclusivité française (procédé acheté ou licence étrangère) et en France comme au Japon ce sont de vieux réacteurs mal adaptés qui sont chargés avec du Mox, une vingtaine dans l’hexagone… On notera au passage qu’il n’y a en réalité quasiment pas de recyclage du combustible contrairement au discours du lobby nucléaire. (LaHague est ainsi une usine de séparation des déchets nucléaires, processus qui lui-même génère des déchets par contamination, et non une usine de recyclage)
.
Par ailleurs le Japon dépend autant de ces terres (la région de Fukushima était une région d’agriculture bio…) que de la pèche (thons, etc)…
Je précise que de mon point de vue la responsabilité d’Areva dans cette catastrophe est faible, celle-ci est principalement due à l’inconscience et l’obstination du lobby nucléaire japonnais et mondial. Je tenais surtout à souligner qu’un réacteur chargé au Mox a une capacité d’auto-destruction phénoménal, en témoignent les images.
[…] À faible dose, il y a risque accrus de cancers, de malformations, d’atteintes des systèmes de veille, et du système cardiovasculaire. lien […]
« A faible dose, les risques accrus de cancers, de malformations, d’atteinte des systèmes de veille et du système cardiovasculaire sont bien connus », écrivez-vous. Eh ! bien, non, justement, les effets des faibles expositions au césium 137 sont mal connus, malgré les nombreuses études qui leur ont été consacrées depuis un demi-siècle, et surtout après l’accident de Tchernobyl ; les risques que vous citez sont essentiellement des suspicions. Ce qui est plutôt rassurant, d’ailleurs, puisque aucun effet majeur ne « saute aux yeux ».
A signaler au passage : l’IRSN ne dépend pas seulement du ministère de la défense, il est placé sous la tutelle conjointe de cinq ministères (défense, donc, mais aussi environnement, santé, industrie et recherche).
Doc disponible :
Arythmie : http://www.iaea.org/inis/collection/NCLCollectionStore/_Public/40/062/40062476.pdf
Cancers et malformations : Médecine Nucléaire Volume 34, Issue 2, February 2010, Pages 108-118
Le rôle de l’IAEA est de faire la promotion du nucléaire, on ne trouvera de leur part qu’un point de vue partial relevant de la croyance atomiste. A noter que l’OMS (WHO) et l’IAEA ont signé un accord qui empêche la première de mener toute étude indépendante, ainsi c’est le lobby nucléaire qui s’auto-désigne unique référent dans le domaine des conséquences de la radioactivté sur la santé humaine; exactement comme si Monsanto s’auto-désignait concernant les risques des pesticides ou des OGM. Ce système est d’ailleurs quasiment généralisé puisque les lois européennes ou internationales sont de plus en plus rédigées par les multinationales elles-même, du sur-mesure, que les gouvernements ou la commission européenne sont chargées de valider.
Au pays des soviets le lobby nucléaire était encore plus qu’en occident un état dans l’état. Ainsi les hôpitaux ont été chargés de couvrir l’affaire et de truquer les chiffres pour ne pas gêner l’idéologie de l’atome communiste tout puissant. Lors de la chute du régime, le contrôle s’est
relâché et les informations ont pu sortir de ces régions contaminées. Puis le pouvoir s’est ressaisi et après changement de forme (passage à l’économie libérale sous contrôle des apparatchiks renommés magnats ou président de province) a entrepris de maintenir le discours pronucléaire si cher aux techno-scientistes.
Les risques concernant les faibles doses de rayonnements provenant de radioéléments artificiels comme le Cesium137 (dont l’activité massique Bq/g est 267 millions de fois plus élevée que celle de l’uranium238) sont relativement faciles à dissimuler, car les effets n’apparaissent qu’après une certaine durée de 5, 10, 20 ou 30ans avec une augmentation des cancers ou des malformations, ceci peut être noyé par des manipulations statistiques, par les pollutions chimiques, en mettant en cause l’hygiène de vie (alcool, tabac, drogues) des populations, etc.
De mon point de vue il s’agit d’une pollution supplémentaire et les effets cumulés de toute ces pollutions assurent de beaux jours à la médecine moderne. Quant à la population de quoi se plaint-elle, oserait elle remettre en question le progrès ? Bienvenu dans l’anthropocène et ses mutants.
Césium 137 en Europe : http://fr.sputniknews.com/societe/20160229/1022907864/tchernobyl-radiation-truffes.html?utm_source=https%3A%2F%2Ft.co%2FaNkE3jzkAP&utm_medium=short_url&utm_content=aJsq&utm_campaign=URL_shortening
Le Césium137 ainsi que d’autres radioéléments artificiels (Cs134, Sr90, Pu239, Am241 etc) accidentellement répandus dans l’environnement, s’accumulent dans la chaine alimentaire. Ainsi dans les parties d’Europe un peu plus touchées (de mémoire sud est de l’Allemagne, sud de la Finlande), et ou des études indépendantes ont pu être menées, celles-ci ont constaté des taux assez importants sur les populations d’animaux sauvages à vie assez longue comme les sangliers (mangeurs de truffes..) ou les rênes.
Ces études ainsi que la catastrophe de Fukushima ont poussé les autorités européennes à assouplir les réglementations concernant les contaminations alimentaires de façon à ne pas gêner le lobby nucléaire et le lobby agro-industriel, deux alliés dans le recherche du profit maximal quel qu’en soit les conséquences.
A noter que la durée de vie réelle du Césium 137 est de 300 ans (pour une division par 1000 du taux de départ) à 600 ans (pour une division par 1 million du taux de départ).
correction : il s’agit du sud de la Norvège et de rennes, non du sud de la Finlande et de rênes…
Et ça commence….
Article sur Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/03/09/97001-20160309FILWWW00437-fukushima10000-cancers-de-plus-attendus-au-japon.php